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Les urnes et les autres

À Cannes, le rideau s'ouvre sur le cinéma ; chez nous, le voile se lève sur le cirque. À peine terminée la pantalonnade électorale des 20 % à Beyrouth, que la fourberie classique du décompte pointait du nez : raciné carrée de 5 232 + 164 divisé par 2 = 36,7287353444, et je retiens 10 bulletins de vote dans ma manche... avant de les sortir prestement de mon chapeau sous une autre étiquette. Le tout sans calculette, pas même un boulier chinois, le bout de la langue mouillant le crayon à mine, lequel viendra ensuite se percher sur une oreille velue. La révolution numérique, revue et corrigée par notre ministère du Dedans !
Ce dimanche dans le Mont-Liban, le même spectacle sera à l'affiche, assorti de la même bouffonnerie. Au milieu des milliers de torchons collés sur les torchis, des portraits de gros nez et de hures boursouflées et moustachues, ultimes guignols du fameux concours « Ma binette partout », le votant s'en ira porter ses burnes devant les urnes. Non sans s'être abreuvé des croûtons de la politique qui, une fois de plus, font leur numéro devant les caméras, vomissant des promesses comme s'il en pleuvait avec à la clé la certitude définitive d'améliorer le système solaire.
Sept heures du mat, l'électeur a des frissons, il claque des dents et monte le son... Enfin, presque ! Son heure de gloire est arrivée. L'urne est là, piège à neuneu dans toute sa splendeur. Ni électronique, ni transparente, avec son bois mité et sa fente à la limite de l'obscène. D'un côté les candidats de la société civile avec leurs espérances, de l'autre les partis politiques et leurs appétences. Les premiers ont le savoir-faire, les seconds le savoir-traire. D'ailleurs ces derniers ne se laissent pas étouffer par les scrupules. Faute de bourrer les urnes because le regard indiscret des scrutateurs d'en face, certains pourront même acheter les voix des gueux.
L'argent n'a peut-être pas d'odeur, mais il est des bulletins qui sentent beaucoup trop l'argent.

gabynasr@lorientlejour.com

 

À Cannes, le rideau s'ouvre sur le cinéma ; chez nous, le voile se lève sur le cirque. À peine terminée la pantalonnade électorale des 20 % à Beyrouth, que la fourberie classique du décompte pointait du nez : raciné carrée de 5 232 + 164 divisé par 2 = 36,7287353444, et je retiens 10 bulletins de vote dans ma manche... avant de les sortir prestement de mon chapeau sous une autre...

commentaires (5)

to burnes or not to urnes...voilà la question...!

M.V.

16 h 48, le 13 mai 2016

Tous les commentaires

Commentaires (5)

  • to burnes or not to urnes...voilà la question...!

    M.V.

    16 h 48, le 13 mai 2016

  • J ai jamais rigole autant . Super GABY !!!!!!

    Hitti arlette

    15 h 39, le 13 mai 2016

  • Cher Gaby Nasr, Vous avez omis "Baalbek madinati" dont le chef était Ghaleb Yaghi qui vient de déclarer qu'à Baalbek, c'est l'argent, les menaces, le bourrage des urnes, le vote des morts et des absents qui ont triomphé. Vive Héliopolis !

    Un Libanais

    14 h 19, le 13 mai 2016

  • Gaby l'arracheur de dent qui préfère plus l'art d'en dire que l'art d'en taire.

    FRIK-A-FRAK

    13 h 16, le 13 mai 2016

  • "L'urne est là, piège à neuneu dans toute sa splendeur. Ni électronique, ni transparente, avec son bois mité et sa fente à la limite de l'obscène. D'un côté les candidats de la société civile avec leurs espérances, de l'autre les partis politiques et leurs appétences. Les premiers ont le savoir-faire, les seconds le savoir-traire." ! Merci Gaby NASR.

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    05 h 00, le 13 mai 2016

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