Rechercher
Rechercher

À La Une - diplomatie

Accord migratoire UE-Turquie : mise en garde d'Ankara, critiques d'eurodéputés

La Turquie se refuse à modifier sa loi anti-terroriste comme l'exigent les Européens.

"Tous les accords que nous avons conclus jusqu'à présent, basés sur la confiance, la bonne volonté, la responsabilité et la prise de risques politiques, font face à un moment très dangereux", a estimé mercredi 11 mai 2016 le ministre turc chargé des Affaires européennes, Volkan Bozkir (g), lors d'une visite au Parlement européen. AFP / PATRICK HERTZOG

L'accord sur les migrants conclu entre l'UE et la Turquie traverse "un moment très dangereux", a mis en garde mercredi à Strasbourg un ministre turc, soulignant que son pays se refusait à modifier sa loi anti-terroriste comme l'exigent les Européens.

"Tous les accords que nous avons conclus jusqu'à présent, basés sur la confiance, la bonne volonté, la responsabilité et la prise de risques politiques, font face à un moment très dangereux", a estimé le ministre chargé des Affaires européennes, Volkan Bozkir, lors d'une visite au Parlement européen.
M. Bozkir faisait référence aux exigences européennes pour accorder une exemption de visas aux Turcs dans l'espace Schengen.

La Commission européenne a ouvert la voie le 4 mai à cette exemption, dont Ankara a fait une condition pour continuer d'appliquer son accord migratoire controversé avec l'UE. Mais l'exécutif européen a assorti son avis favorable de réserves, estimant qu'Ankara devait encore remplir cinq critères parmi les 72 fixés pour l'obtenir, dont une révision de sa législation antiterroriste, au champ trop large selon Bruxelles.
Le Parlement européen, ainsi que les Etats membres, devront donner leur aval à l'exemption de visas, une fois qu'Ankara aura rempli tous les critères.

La loi turque anti-terroriste "est conforme aux standards européens", et la modifier "est complètement impossible", a prévenu M. Bozkir, insistant sur le fait que son pays devait faire face au "terrorisme du PKK" (Parti des travailleurs du Kurdistan) et avait subi récemment au moins cinq attentats suicide.

Le président du Parlement européen, Martin Schulz, a précisé, après sa rencontre avec M. Bozkir, qu'il n'avait pas encore transmis à l'examen des eurodéputés la proposition législative d'exemption des visas pour les Turcs, car "de notre point de vue, la Turquie n'a pas rempli ses obligations".
"Nous avons l'impression que certaines mesures (de la loi antiterroriste turque) (...) s'en prennent à la liberté d'expression et des médias", a souligné M. Schulz, à qui M. Bozkir a rétorqué que la question de la liberté de la presse n'avait "jamais fait partie" de l'accord UE-Turquie sur la libéralisation des visas.

(Pour mémoire : Merkel, Tusk et Timmermans en Turquie pour tenter d'apaiser les tensions)

 

"Dictateur, racket, chantage"
Dans ce domaine, "la Turquie est prête à entendre les critiques, mais seulement si elle a le sentiment d'être incluse dans la famille de l'UE", a averti le ministre turc.

Le commissaire européen Dimitris Avramopoulos a estimé qu'il "fallait rester optimiste" sur la capacité des autorités turques à respecter rapidement tous les critères européens pour une exemption de visas. Il a cité non seulement l'évolution de la législation sur le terrorisme, mais aussi sur la protection des données personnelles ou encore contre la corruption.

Lors d'un débat organisé mercredi dans l'hémicycle strasbourgeois, la plupart des députés européens se sont toutefois montrés très critiques à l'égard de la Turquie et de son président.
La nécessité de "coopérer" avec Ankara pour résoudre la crise des réfugiés "ne veut pas dire qu'on doit fermer les yeux sur tout ce que fait la Turquie", a ainsi souligné la socialiste slovène Tanja Fajon. Pour la conservatrice bulgare Mariya Gabriel, la procédure menant à l'exemption de visas pour les Turcs ne doit être possible "que si tous les critères sont remplis".

D'autres députés se sont montrés encore plus virulents: "Parce que les dirigeants (européens) n'ont pas réussi à se mettre d'accord entre eux sur une politique commune en matière de réfugiés (...), ils préfèrent avoir des accords avec des dictateurs comme (le président turc Recep Tayyip) Erdogan", a ainsi asséné la centriste néerlandaise Sophia In't Veld.

Quant à la Française Marine Le Pen, chef de file du groupe d'extrême droite, elle a fustigé le "racket" et le "terrible chantage" exercé selon elle par M. Erdogan sur les dirigeants européens.

 

Pour mémoire

Erdogan : « L’UE a plus besoin de la Turquie que la Turquie n’a besoin de l’UE »

Erdogan met la pression sur l'UE en menaçant de ne pas respecter l'accord

Amnesty accuse Ankara de renvoyer en Syrie des dizaines de réfugiés chaque jour

L'accord sur les migrants conclu entre l'UE et la Turquie traverse "un moment très dangereux", a mis en garde mercredi à Strasbourg un ministre turc, soulignant que son pays se refusait à modifier sa loi anti-terroriste comme l'exigent les Européens.
"Tous les accords que nous avons conclus jusqu'à présent, basés sur la confiance, la bonne volonté, la responsabilité et la...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut