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À La Une - Diplomatie

L'UE ouvre la voie à l'exemption de visas pour les Turcs

Une mesure qui reste loin d'être acquise.

Parmi une série de 72 critères pour permettre une exemption de visas pour les Turcs voyageant dans l'espace Schengen, Ankara doit encore en respecter cinq "d'ici à la fin juin", a expliqué le vice-président de la Commission Frans Timmermans (photo), le 4 mai 2016. Photo REUTERS/François Lenoir

La Commission européenne a ouvert la voie mercredi à une exemption de visas pour les Turcs voyageant dans l'espace Schengen, dont Ankara a fait une condition pour continuer d'appliquer son accord migratoire controversé avec l'UE, mais qui reste loin d'être acquise.

Le gouvernement turc a fait de l'exemption de visas pour ses ressortissants un enjeu de politique intérieure et menace, s'il ne l'obtient pas, de remettre en cause son pacte migratoire du 18 mars avec l'UE, prévoyant le renvoi en Turquie de tous les nouveaux migrants arrivant sur les îles grecques.
En 2015, l'UE a été ébranlée par l'arrivée d'un nombre sans précédent de 1,25 million de demandes d'asile, déposées principalement par des Syriens, Irakiens et Afghans fuyant la guerre et l'insécurité.

 

(Pour mémoire : Merkel, Tusk et Timmermans en Turquie pour tenter d'apaiser les tensions)

 

Indulgence?
Mais combiné à la fermeture de la route migratoire des Balkans, l'accord avec Ankara a fait baisser la pression sur l'Union, même si la situation reste inquiétante en Grèce où sont bloqués des dizaines de milliers de réfugiés. D'où la crainte que Bruxelles fasse preuve d'une indulgence intéressée vis-à-vis de la Turquie, que l'ONG Amnesty International accuse d'avoir renvoyé des dizaines de personnes en Syrie, ravagée depuis 2011 par la guerre.

Attendue au tournant, aussi bien par Ankara que par des Etats membres inquiets, la Commission a bien proposé mercredi d'intégrer la Turquie dans la liste des pays exemptés de visas" pour les courts séjours (90 jours maximum) dans l'espace Schengen, dans le cadre familial, de voyages d'affaires ou touristiques.
Mais elle a assorti son avis favorable de conditions encore à remplir: parmi une série de 72 critères pour rendre la mesure possible, Ankara doit encore en respecter cinq "d'ici à la fin juin", a expliqué le vice-président de la Commission Frans Timmermans.

Ces critères concernent notamment la lutte des autorités turques contre la corruption, la négociation d'un accord avec Europol ou encore une révision de la législation du pays sur le terrorisme.
En outre, tout ressortissant turc exempté de visa ne pourra entrer dans l'UE que muni d'un passeport biométrique.
Mais même en cas de feu vert complet ultérieur de la Commission, l'exemption ne sera pas acquise: le Parlement européen et les Etats membres auront ensuite leur mot à dire, dans un contexte de méfiance vis-à-vis du régime turc.

Sans attendre, Ankara s'est félicité de la décision de la Commission qui, selon le ministre turc des Affaires étrangères Mevlüt Cavusoglu, ouvre "une nouvelle page" dans les relations entre l'UE et la Turquie.

 

(Pour mémoire : Erdogan : « L’UE a plus besoin de la Turquie que la Turquie n’a besoin de l’UE »)

 

Contrôles prolongés aux frontières
La Commission a également donné mercredi son feu vert aux pays de l'UE (Autriche, Danemark, Allemagne et Suède), et à la Norvège, qui demandaient une prolongation exceptionnelle des contrôles aux frontières intérieures de l'espace Schengen, réintroduits l'an dernier face à la pression migratoire et à la menace terroriste.

La durée maximale de ces dérogations à la libre circulation arrivait à son terme (le 13 mai pour l'Allemagne, le 16 pour l'Autriche), nécessitant l'activation d'une procédure inédite.
La Commission, tout en louant les "efforts significatifs" de la Grèce, a constaté que de "graves déficiences" persistaient dans la gestion de la frontière greco-turque, justifiant des contrôles prolongés sur des zones frontalières précises où ils sont déjà en vigueur.

Mais l'exécutif européen a aussi insisté sur l'objectif de voir cesser ces contrôles "d'ici la fin de l'année", et a pris soin de souligner que ces mesures n'étaient pas synonymes d'une exclusion de la Grèce de l'espace Schengen. Dans sa proposition de révision du règlement Dublin, également présentée mercredi, la Commission n'a pas opté pour une refonte complète du système, qui attribue la responsabilité de l'examen d'une demande d'asile au pays de première arrivée.
Mais elle a proposé de le corriger avec un "mécanisme d'équité". En cas d'afflux massif et exceptionnel de migrants dans un pays, il permettrait un partage du "fardeau", avec une répartition obligatoire des demandeurs d'asile dans les autres pays de l'UE, basée sur la taille de leur population et leur PIB.

Les Etats membres refusant cette répartition automatique devraient s'acquitter d'une "contribution de solidarité" de 250.000 euros par demandeur d'asiles qu'ils auraient dû accueillir.

Le "mécanisme d'équité" présenté mercredi, qui doit être soumis aux Etats membres et au Parlement européen, s'inspire du mécanisme ponctuel de "relocalisation", adopté il y a plus de six mois pour soulager la Grèce et l'Italie. Et dont la mise en œuvre n'est encore que balbutiante, avec moins de 1.500 personnes réparties dans l'UE sur un objectif initial de jusqu'à 160.000.

 

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