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Raid sur un hôpital de MSF en Afghanistan: des survivants demandent justice

"C'est une plaisanterie que les États-Unis estiment qu'il ne s'agit pas d'un crime de guerre", lance Zahidullah dont un cousin est mort dans l'attaque.

 

Des survivants au raid américain sur un hôpital de Médecins sans frontières en Afghanistan en octobre ont réclamé un procès public. AFP / NAJIM RAHIM

Des survivants au raid américain sur un hôpital de Médecins sans frontières (MSF) en Afghanistan en octobre ont réclamé un procès public, rejetant les conclusions "insultantes" d'une enquête militaire américaine selon laquelle il n'y avait pas eu de crime de guerre. La présidence afghane s'est de son côté dite satisfaite de cette enquête "exhaustive".

La Défense américaine a dévoilé vendredi un rapport très attendu de 3.000 pages sur le raid contre l'hôpital de Kunduz qui avait fait 42 morts le 3 octobre 2015, concluant que les 16 soldats américains sanctionnés ne seraient pas poursuivis en cour martiale. Ce rapport "est une insulte absolue pour les victimes," a souligné le Dr Esmatullah Esmat, qui était de garde cette nuit là. "Nous ne nous sentons pas en sécurité après ces conclusions, si nous retournons travailler nous craignons que l'hôpital puisse à nouveau être attaqué", a-t-il ajouté, se disant "démoralisé". "Nous voulons des procès publics (...) pour que d'autres ne commettent pas de tels crimes à l'avenir", a martelé le médecin.

Lorsque l'AC-130 américain avait fait feu sur l'hôpital, des patients avaient péri brûlés vifs dans leur lit, d'autres décapités ou amputés, tandis que des témoins rapportent que l'avion a tiré sur ceux qui fuyaient les lieux. Selon le Pentagone, "l'enquête a déterminé que l'incident a résulté d'une combinaison d'erreurs humaines, d'erreurs dans le processus, de ratés techniques et qu'aucun des membres du personnel (militaire) ne savait qu'ils étaient en train de frapper un hôpital".

Pour éviter que les militaires impliqués puissent un jour être traduits devant la justice pénale américaine, le Pentagone a argué qu'il n'y avait pas crime de guerre car ce terme est "typiquement réservé aux actes intentionnels, au fait de prendre pour cibles de manière délibérée des civils, des lieux ou des objets protégés".
"Nous déplorons qu'ils ne reconnaissent pas qu'il s'agit d'un crime de guerre, c'est inacceptable pour nous", estime Hamdullah, 27 ans, qui travaillait à l'hôpital et dont l'oncle a été tué dans le raid.
"Ils doivent être jugés publiquement", a-t-il ajouté, joint au téléphone par l'AFP.

 

(Lire aussi : A Kunduz, les médecins de l'hôpital de MSF pleurent des "larmes de sang")

 

'Enquête impartiale'
"C'est une plaisanterie que les États-Unis estiment qu'il ne s'agit pas d'un crime de guerre", a renchéri Zahidullah, 24 ans, cuisinier dans l'hôpital, dont un cousin est mort dans l'attaque. "Ce que nous avons vu cette nuit-là, c'est difficile à exprimer en mots", a-t-il ajouté, réclamant des compensations pour les proches des victimes et des soins pour les survivants de l'attaque.

Le bombardement américain, qui a obligé MSF à fermer son centre de traumatologie, le seul hôpital capable de soigner les blessures de guerre dans une région secouée par les combats, avait déclenché une vague internationale d'indignation, obligeant le président Barack Obama à présenter des excuses.

Médecins sans Frontières a de nouveau exigé vendredi une enquête "indépendante et impartiale" conduite par une "commission internationale humanitaire", accusant l'armée américaine de "violations du droit de la guerre" pour avoir bombardé pendant près d'une heure un hôpital dument identifié. Au vu des attaques "récurrentes" contre les infrastructures médicales en Afghanistan, "MSF doit obtenir les assurances nécessaires avant de décider s'il est raisonnable ou pas de relancer des activités médicales à Kunduz", écrit l'ONG dans un communiqué.

Le gouvernement afghan, qui a mené sa propre enquête, a salué le rapport d'enquête américain. "Le gouvernement afghan est satisfait de cette enquête menée de façon soigneuse et exhaustive, et il estime que des mesures ont été prises pour s'assurer que des comptes soient rendus", a indiqué la présidence dans un communiqué.

Le raid sur l'hôpital de Kunduz avait eu lieu en plein combats entre les talibans et les forces afghanes soutenues par l'Otan pour le contrôle de cette capitale provinciale stratégique du nord afghan. Peu auparavant, les insurgés en avaient brièvement pris le contrôle, leur plus grande victoire militaire depuis la chute du régime taliban en 2001.

Nombre d'autres infrastructures médicales liées à MSF ont été prises pour cibles, dont un hôpital au Yémen touché par des raids saoudiens le 27 octobre 2015, et un hôpital syrien détruit par des bombardements du régime à Alep le 27 avril.

 

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