Rechercher
Rechercher

À La Une - Témoignage

A Kunduz, les médecins de l'hôpital de MSF pleurent des "larmes de sang"

"Mais comment ont-ils pu faire ça? Nous ne sommes en sécurité nulle part"...

Photo AFP

"Je pleure des larmes de sang", sanglote le Dr Shafiq Musadeq en se remémorant cette atroce nuit de bombardements durant laquelle ont péri ses collègues et ses patients dans son hôpital, celui de Médecins sans Frontières de Kunduz, la grande ville afghane du nord. "J'étais à l'intérieur de l'hôpital, je travaillais avec d'autres médecins pour soigner les blessés en nombre croissant", des victimes des féroces combats qui opposent les talibans aux forces afghanes, raconte le Dr Musadeq. Soudain, sur le coup de 2H00 du matin, "le ciel nous est tombé sur la tête".

Le chaos venu des cieux, un bombardement déchire la nuit, probablement un raid de l'aviation américaine ayant causé un "dommage collatéral" en atteignant l'hôpital. Dans les gravats, les secours ont pour l'heure retrouvé 16 corps, dont ceux de trois enfants, mais le bilan pourrait encore monter. Par dizaines, personnels soignants et patients "manquent à l'appel", expliquait MSF dans l'après-midi.

Au moment du bombardement, 105 patients et 80 membres du personnel, des Afghans et des étrangers, étaient présents dans l'hôpital de cette grande ville du nord. Le centre de MSF est le seul à pouvoir traiter des grands blessés.

Une tragédie qui s'en ajoute à une autre, un conflit ravageur dans les rues de Kunduz. Depuis l'invasion éclair lundi de la ville par les rebelles talibans, insurgés et forces de sécurité se disputent pâtés de maison et squares. Même si l'armée affirme avoir repris le contrôle de Kunduz jeudi, la partie est encore loin d'être gagnée. Et sans l'appui des frappes aériennes américaines, les soldats afghans au sol seraient encore un peu plus perdus.
De là à imaginer qu'un hôpital de MSF puisse être réduit en cendres... "Nous n'aurions jamais pensé être pris pour cibles nous-mêmes", dit, incrédule, à l'AFP le Dr Musadeq qui "miraculeusement" réchappé au bombardement.

"Comment ont-ils pu faire ça?"

L'horreur est d'autant plus grande que MSF assure avoir préventivement donné les coordonnées GPS de l'hôpital à Kaboul et Washington. Elle a aussi prévenu l'armée américaine que l'établissement était touché dès que les premières bombes ont commencé à pleuvoir. Pourtant, le carnage a continué "pendant plus d'une demi-heure".

Au matin, des photos montrent de petits foyers se consumer poussivement aux abords des murs défoncés et noirs de suie. Les toits ont flanché, les regards sont hébétés et Aref se dit "anéanti". "Mais comment ont-ils pu faire ça? Nous ne sommes en sécurité nulle part", lance ce médecin de MSF, qui n'était pas dans l'hôpital au moment de l'attaque.

Ce qui a le plus frappé Quiamudine, un commerçant, c'est l'odeur de chair brûlée. Il s'est rendu sur place pour obtenir des nouvelles de son voisin qui travaillait dans le bâtiment. "J'étais en état de choc, j'avais les larmes aux yeux quand je suis arrivé", a-t-il expliqué. "J'ai dû implorer les talibans retranchés dans certains quartiers de me laisser passer" pour rejoindre l'hôpital où il a appris que son voisin avait été tué.

Sur Facebook, une vidéo déchirante fait le tour des "murs", celle d'un jeune homme qui se demande à haute voix où est son frère, qui "travaillait à l'hôpital. Son téléphone est éteint". "Il a peut-être été transféré vers un autre hôpital", répond un homme qui se tient à ses côtés.


Lire aussi

Dans Kunduz apaisée, l'armée fait la chasse aux talibans

"Je pleure des larmes de sang", sanglote le Dr Shafiq Musadeq en se remémorant cette atroce nuit de bombardements durant laquelle ont péri ses collègues et ses patients dans son hôpital, celui de Médecins sans Frontières de Kunduz, la grande ville afghane du nord. "J'étais à l'intérieur de l'hôpital, je travaillais avec d'autres médecins pour soigner les blessés en nombre croissant",...
commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut