Kassem : La stabilité du Liban, une priorité

Contrairement à son habitude, le Hezbollah a réagi de manière plutôt tiède, au cours du week-end écoulé, aux menaces israéliennes de jeudi dernier. Son secrétaire général adjoint Naïm Kassem les a presque ignorées dans le discours qu'il a prononcé hier lors du lancement de la machine électorale du parti chiite dans la Békaa, en prévision des municipales qui auront lieu le 8 mai.
Le cheikh Kassem a notamment insisté sur le fait que « la stabilité du Liban est dans l'intérêt de tous et notamment du parti. Se laisser entraîner sur la voie d'affrontements internes ne servira personne. Le Hezbollah est un facteur fondamental de cette stabilité. Il a protégé le Liban au sud et à l'est, ce qui a contribué à rendre la situation intérieure plus stable », a-t-il dit, tout en assurant que son parti « continuera de protéger les frontières du pays et qu'il ne sera jamais stipendié à des politiques ou à un État déterminés ».
Jeudi, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu avait fait part devant le président russe, Vladimir Poutine, de ses craintes que les livraisons d'armes russes à la Syrie et à l'Iran, comme celles du système antimissiles S-300 à Téhéran, ne renforcent par effet de domino le Hezbollah. « Nous agissons au maximum de nos capacités pour empêcher le transfert d'armes sophistiquées d'Iran et de Syrie au Hezbollah », a expliqué M. Netanyahu devant son hôte, pendant que le numéro deux de l'armée israélienne, le général Yair Golan, relevait que le Hezbollah a développé des capacités militaires constituant une menace « sans précédent » pour Israël et avertissait que si jamais une nouvelle crise éclatait avec cette formation, une « guerre de grande envergure, dévastatrice » sera déclenchée.
Le cheikh Kassem a ensuite rejeté « les accusations de terrorisme » adressées au Hezbollah, estimant que leurs auteurs « reprennent ainsi un vocabulaire sioniste », en allusion notamment à l'Arabie saoudite, qu'il a d'ailleurs fustigée de nouveau. Il lui a notamment reproché de reprendre à son compte le projet israélien et de flirter avec l'État hébreu « depuis des années ». Selon lui, c'est Riyad qui « refuse d'établir une coopération quelconque avec l'Iran pour que les deux puissent préserver les intérêts et la stabilité de la région ». « Il veut maintenir la crise régionale parce qu'il redoute un Iran indépendant et disposé à s'engager dans une coopération capable de rétablir la stabilité dans la région », a indiqué Naïm Kassem.

« Une bêtise historique »
À Khiam, au Liban-Sud, le député Ali Fayad s'est arrêté sur « les menaces israéliennes », mais pour rappeler que le Liban se conforme à la résolution 1701 du Conseil de sécurité (qui avait mis fin à la guerre lancée en 2006 par l'État Hébreu contre le Liban) et que les déclarations de Benjamin Netanyahu et du général Golan « confirment la nature agressive d'Israël ainsi que son obsession pour les guerres et les destructions ». Cela ne l'a pas empêché de souligner que l'État hébreu commettra une « bêtise historique » si jamais il attaquait le Liban. Il a expliqué que « la Résistance est sur la défensive et réagira proprement à toute attaque israélienne ». « Elle exercera son droit légitime de défense face à l'Israélien qui a une idée de ses capacités militaires et qui sait qu'il aura à payer un prix lourd », a-t-il dit.
Mais, selon lui, les avertissements israéliens « montrent surtout les erreurs de jugement de certaines parties libanaises qui minimisent l'importance des menaces d'Israël et qui n'en tiennent pas compte ». « Ces gens pensent que la présence israélienne à nos frontières ne pose pas de problème de sécurité, sachant que l'État hébreu continue d'occuper une partie des hameaux de Chebaa et des collines de Kfarchouba et viole au quotidien notre espace aérien », a ajouté M. Fayad.