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Campus - Formation

Les lettres françaises attirent-elles toujours les étudiants libanais ?

Il fut un temps où les départements de lettres françaises grouillaient d'étudiants. La réalité est tout autre aujourd'hui...

Joanna Boustany.

À l'Université libanaise, section 2 à Fanar, une trentaine d'étudiants sont actuellement inscrits en première année. L'Université de Balamand, elle, compte peu d'étudiants en lettres au niveau de la licence, mais compense ce manque avec plus de vingt étudiantes en master, un chiffre remarquable pour une université anglophone. Selon le Dr Carla Serhan, chef du département de langue et de littérature françaises à Balamand, « ces étudiants nagent à contre-courant, puisque la mentalité libanaise laisse insinuer que les sciences humaines sont consacrées aux moins doués, alors que quand on est brillant, on doit s'orienter vers les filières scientifiques ». Pour sa part, le Dr Lili Dagher, chef du département de langue et littérature françaises à l'UL à Fanar, trouve que le nombre d'étudiants en lettres à l'UL a nettement diminué, en comparaison avec le passé. « Cela s'explique par le manque d'enthousiasme pour les études dans le domaine des sciences humaines en général, et une orientation accrue vers les domaines de la technologie, des sciences, de la gestion... » estime-t-elle.
Le Dr Serhan abonde dans le même sens : « On est dans l'ère de l'utilitaire. Les étudiants s'orientent aujourd'hui vers tout ce qui a une visée pratique avec un avenir concret. Cela n'est pas nouveau et ce phénomène n'est pas réservé au Liban. Partout dans le monde, il y a une baisse dans le nombre de ceux qui sont intéressés par les filières littéraires. » Et à ceux qui pensent que les études en lettres sont « démodées », le Dr Dagher juge que le problème est mal posé. « Les sciences humaines sont une nécessité irremplaçable dans l'étude de la pensée et de la culture. Les sciences dures ne sauraient les remplacer, et à chacune son rôle dans la construction du savoir. »

S'adapter à la réalité du terrain
Face à cette situation, l'Université de Balamand a ouvert une nouvelle voie, l'option FLE, qui vient s'ajouter à l'option littéraire déjà existante. « Les universités doivent s'adapter au monde qui les entoure. Nous, les professeurs, avons fait des études purement littéraires ou linguistiques. Mais le monde d'aujourd'hui a par exemple besoin de la formation FLE (Français langue étrangère) », estime le Dr Carla Serhan. Pour le Dr Dagher, la solution trouve ses racines non seulement à l'université, mais surtout à l'école. « Il faut tout d'abord veiller à améliorer la qualité et le niveau de la langue française dans les écoles, bien avant l'accès à l'université », note-t-elle avant d'ajouter : « En effet, se spécialiser en lettres françaises suppose une bonne maîtrise de la langue, ce qui n'est pas souvent le cas. »
Le Dr Dagher rappelle qu'en suivant des études en lettres françaises, l'étudiant acquiert une grande culture et une bonne maîtrise d'une importante langue de communication, de civilisation et de culture qu'est le français. « En plus de cette grande valeur culturelle, les compétences acquises pourront être investies dans l'enseignement, la médiation culturelle ou les sciences de la communication », poursuit-elle. Mais y a-t-il des débouchés au Liban ?
« Des débouchés, il y en a, tous nos diplômés en langue et littérature ont trouvé du travail », répond le Dr Serhan.

La parole aux étudiants en lettres françaises
Joudy el-Asmar, étudiante au master à l'UL, confie : « Ce qui m'a plu dans la formation, c'est le développement de mon esprit critique. Par contre, ce qui ne m'a pas plu, c'est le manque de pratique, de débats et d'entretiens oraux. » Joudy est satisfaite de la spécialisation qu'elle a choisie, toutefois, elle est inquiète pour l'avenir de la langue française au Liban. Une satisfaction ressentie également par Farah Obeid, deuxième année de licence à l'UL. « La seule chose qui ne rend pas l'expérience complètement agréable, c'est le bâtiment de la faculté à Tripoli qui n'est pas suffisamment entretenu ni bien équipé », se plaint-elle.
Pour sa part, Farah ne perçoit pas sa formation en littérature exclusivement comme un passeport aux métiers de l'éducation, mais surtout comme une fenêtre d'évasion qui donne sur l'imaginaire et le réel à la fois.
Joanna Boustany, quant à elle, est étudiante en deuxième année de licence à l'Université de Balamand. Elle confie envisager une carrière d'enseignante de langue et littérature françaises. « Je bénéficie à fond des débats vifs qui ont lieu en classe, ce qui améliore mes compétences à l'oral aussi bien qu'à l'écrit », confie-t-elle en insistant sur l'immense bagage culturel qu'elle acquiert tout en travaillant sur la maîtrise de la langue.
Étudiante en deuxième année, au master FLE à l'Université de Balamand, Razan Saoud se dit « motivée par l'option FLE ». « Cette option était en elle-même ma motivation. Elle m'offre ce que je cherche dans ma formation universitaire : la culture littéraire, la formation solide en linguistique française et les nouveautés théoriques et pratiques dans l'enseignement de la langue française », confie Razan qui ambitionne de poursuivre des études doctorales, également à l'université de Balamand.

À l'Université libanaise, section 2 à Fanar, une trentaine d'étudiants sont actuellement inscrits en première année. L'Université de Balamand, elle, compte peu d'étudiants en lettres au niveau de la licence, mais compense ce manque avec plus de vingt étudiantes en master, un chiffre remarquable pour une université anglophone. Selon le Dr Carla Serhan, chef du département de...

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