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Liban - La psychanalyse, ni ange ni démon

L’indentification, l’Idéal du moi et le Moi idéal

Le remaniement théorique opéré par Freud avec la deuxième topique est majeur. Il n'implique pas un remplacement d'une théorie par une autre, comme ça l'a été pour le renoncement à la théorie de la séduction au profit de la théorie du fantasme, qui instaura la psychanalyse dans une rupture épistémologique vis-à-vis des autres sciences humaines. C'est ce que nous avons vu auparavant (L'Orient-Le Jour du 30 juillet et du 6 août 2015). Ce remaniement théorique permet de comprendre des fait cliniques que la première topique ne pouvait pas expliquer. Mais dans les deux topiques (Inconscient, préconscient et conscient, et Ça, moi et surmoi), il s'agit toujours d'envisager l'appareil psychique et ses composantes comme un topos, un lieu. Remarquons qu'il ne s'agit nullement d'une localisation cérébrale et neurologique du type Broca ou Wernicke, ni d'un quelconque lieu psychologique. Le concept de métapsychologie permettra à Freud de maintenir la spécificité de l'appareil psychique en évitant le risque d'une réduction biologique et ou psychologique. Il savait bien qu'il s'agissait d'un travail de spéculation, ce pourquoi il l'appelait « Ma fée métapsychologie ». Mais il en avait besoin pour continuer à théoriser.

L'identification : On l'a vu la dernière fois, Freud disait que « l'établissement du surmoi peut être considéré comme un cas d'identification réussie » avec les parents. René Girard parle de « mimétisme », ce qui serait l'équivalent de l'identification hystérique, mais le processus est plus compliqué. L'être humain ne copie pas l'autre simplement comme dans le mimétisme, l'identification permet de résoudre le conflit œdipien. L'identification permet au « pervers polymorphe » (Freud), qu'était l'enfant avant six ans, d'oublier ses pulsions sexuelles incestueuses et parricides, de les refouler en prenant les parents comme modèles. C'est un processus important pour la constitution de la personnalité.

Dans l'identification, le sujet endosse un trait de caractère appartenant à un autre et se transforme parfois totalement selon le modèle de l'autre. « Je est un autre » disait Arthur Rimbaud. Le sujet se distingue de l'autre grâce au miroir (vers 18 mois) mais il aura été un autre depuis sa naissance (sa mère, le visage de la mère). Une identification secondaire aura lieu par la suite. Vers l'âge de cinq ans-six ans, un petit garçon commence par prendre les mêmes habitudes que son père. Il veut devenir comme son père, faire le même métier. Il témoigne par là qu'il renonce à son désir œdipien pour la mère ainsi qu'à sa haine rivale et parricide pour son père. De même pour la fille qui se maquille et porte les chaussures de sa mère. L'identification leur permet de renoncer à leurs désirs œdipiens et de prendre une place dans la société. Ils vont ainsi se constituer un Surmoi et un Idéal du moi.
L'idéal du moi : Si le surmoi se constitue par l'intériorisation des exigences et des interdits parentaux, l'idéal du moi se constitue par une identification aux parents comme modèles. L'idéal du moi se constitue comme un : « Tu dois être ainsi comme ton père », alors que le surmoi se constitue comme un : « Tu ne dois pas faire ce que ton père t'as interdit de faire. »

La « servitude volontaire » de la foule ou l'Idéal du moi projeté sur le leader
La fonction de l'idéal du moi permet à Freud de comprendre beaucoup de phénomènes cliniques mais aussi collectifs comme celui de la constitution des foules. Dans la foule, la soumission à un leader par les différents individus qui la composent se comprend par la fonction de l'idéal du moi qu'ils transfèrent au leader. Ils projettent leur idéal du moi sur la personne du leader, s'appauvrissant ainsi, devenant soumis en croyant être libres. En même temps, entre eux, les membres de la foule s'identifient dans leur moi. Aussi grand que peut être leur nombre, ils deviennent UN. Ce clivage entre le moi et l'idéal du moi explique les aberrations du comportement des foules, fascinées par le leader. C'est « la servitude volontaire » comme l'appelle Étienne de La Boétie chez les personnes qui, quels que soient leur intelligence et leur degré de culture, à notre grand étonnement, suivent aveuglément les leaders populistes, les chefs de sectes, les dictateurs, etc.

La distinction que fait Freud entre l'idéal du moi, le surmoi et le moi permet aussi de comprendre l'essence même du phénomène amoureux où l'objet d'amour est idéalisé à l'extrême. De même, Freud est en mesure d'expliquer la nature de l'hypnose où le sujet est dans une sujétion extrême vis-à-vis de son hypnotiseur. Ce pourquoi il abandonna l'hypnose en inventant la psychanalyse.
Le moi-idéal : Beaucoup d'analystes refusent encore de distinguer le moi-idéal de l'idéal du moi. Si Freud ne les sépare pas de façon systématique, Lacan nous apprendra à les distinguer. L'idéal du moi relève du registre symbolique et le moi-idéal du registre imaginaire. Le moi-idéal se forme pendant le stade du miroir comme nous le verrons plus loin. Ce qui donne au moi-idéal une dimension essentiellement narcissique.

 

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