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Liban - La psychanalyse, ni ange ni démon

Le premier dualisme pulsionnel chez Freud

Nous avons vu lors des derniers articles le lien entre l'addiction chez l'adulte et la séparation impossible avec la mère dans l'enfance. L'adolescence, qui peut durer jusqu'à 25 ans environ, donne encore la possibilité au sujet d'opérer cette séparation. Comme l'enfant avant 6 ans, l'adolescent est partagé entre deux principes : le principe de plaisir et le principe de réalité.
C'est le premier dualisme pulsionnel théorisé par Freud. Pour que le moi puisse se défendre contre les pulsions sexuelles et les refouler, il est nécessaire à Freud d'expliquer d'où il tire l'énergie pour le faire : l'amour ou la faim.
L'amour peut se satisfaire d'un objet imaginaire, fantasmatique, comme nous le montre l'expérience de la satisfaction hallucinatoire du désir. La faim, en revanche, ne le peut qu'un très court moment, celui où le nourrisson hallucine le sein en attendant de l'avoir réellement dans la bouche. Quand il fait et répète l'expérience de la satisfaction réelle, il apprend à la distinguer de la satisfaction hallucinatoire dont il ne peut plus se contenter pour assouvir sa faim.
Autrement dit, il apprend très vite à distinguer perception et hallucination, réalité et fantasme.
Si les pulsions sexuelles peuvent se satisfaire dans l'hallucination, les fonctions d'auto-conservation ou pulsions du moi ne le peuvent qu'à travers un objet réel. En revanche, les pulsions sexuelles se cramponnent au principe de plaisir. Pour Freud, comme le rappellent Laplanche et Pontalis, auteurs du fameux Vocabulaire de la psychanalyse, « une part essentielle de la prédisposition psychique à la névrose provient du retard de la pulsion sexuelle à tenir compte de la réalité ». Dans les névroses comme nous les verrons plus loin, le fantasme prend le dessus sur la réalité.
Au départ, tout est régi par le principe de plaisir : c'est la tendance du psychisme à vouloir décharger tout de suite toute tension déplaisante. Le plaisir est lié à la réduction d'une excitation et le déplaisir provient d'une accumulation de ces excitations. Le principe de plaisir est avant tout un principe économique. Il caractérise le fonctionnement du système inconscient. Les pulsions ont donc tendance à se satisfaire immédiatement, à se décharger par « les voies les plus courtes », à l'exemple du nourrisson qui hallucine le sein en attendant sa mère.
Quant au principe de réalité, il intervient comme régulateur du principe de plaisir. La recherche de la satisfaction ne s'effectue plus par une décharge immédiate de l'énergie pulsionnelle, mais par une transformation de cette énergie libre en énergie liée. La satisfaction est ainsi différée. La capacité du psychisme à attendre devient le garant de sa transformation. Les qualités du système préconscient-conscient se développent: l'attention, le jugement et le raisonnement désignent les qualités par lesquelles le psychisme tend désormais à rechercher une satisfaction.
Si le premier dualisme pulsionnel qui oppose chez Freud les pulsions sexuelles aux pulsions du moi permet de comprendre le fonctionnement de l'appareil psychique et la constitution des névroses, une grande question reste posée à Freud pour la compréhension des psychoses, comme nous le verrons plus loin.
Son expérience des patients psychotiques étant limitée, il espérait trouver chez Carl Gustav Jung l'expérience clinique nécessaire pour expliquer les psychoses à la lumière de sa découverte de la sexualité infantile. C'est en fait Karl Abraham, l'un de ses principaux élèves, qui lui donnera une première réponse positive en affirmant que dans la schizophrénie, appelée à l'époque « démence précoce », le psychotique faisait refluer sur lui-même, transférait sur son moi toute la libido qu'il avait auparavant dirigée sur le monde extérieur. Ce qui faisait dire à Freud que le psychotique était incapable de transfert.
Or, comme le premier dualisme freudien opposait les pulsions sexuelles aux pulsions du moi, ou fonctions d'autoconservation, le moi était donc désexualisé. Pour C. G. Jung qui refusait de considérer la libido comme à l'origine de tous les affects, de tous les sentiments et qui avait tendance à situer ce concept freudien essentiel à la psychanalyse dans un concept plus large d'énergie psychique globale, la schizophrénie était le terrain où il pouvait montrer à Freud que, contrairement aux névroses, les psychoses ne pouvaient pas s'expliquer en référence à la libido ou énergie sexuelle. Et que tout n'était donc pas Libido.
Dans cette rivalité productive avec Jung, Freud devait faire un pas théorique supplémentaire pour expliquer les psychoses. Si jusque-là les pulsions du moi (pulsions d'autoconservation) servaient au refoulement des pulsions sexuelles pour préserver le moi de représentations inconciliables avec son idéal moral ou esthétique, le narcissisme (que nous verrons plus loin) allait donner à Freud l'occasion de montrer que le moi aussi pouvait être sexualisé. Et que tout était donc Libido. La controverse entre Freud et Jung continue.

Chawki AZOURI

Nous avons vu lors des derniers articles le lien entre l'addiction chez l'adulte et la séparation impossible avec la mère dans l'enfance. L'adolescence, qui peut durer jusqu'à 25 ans environ, donne encore la possibilité au sujet d'opérer cette séparation. Comme l'enfant avant 6 ans, l'adolescent est partagé entre deux principes : le principe de plaisir et le principe de...

commentaires (2)

EXCUSEZ-MOI... J,APPRECIE BIEN LES THEORIES DE FREUD... MAIS IL FAUT ADMETTRE QUAND MEME QUE LE GENIE ET LA FOLIE SONT DES SOEURS JUMELLES !!!

LA LIBRE EXPRESSION

20 h 04, le 24 mars 2016

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Commentaires (2)

  • EXCUSEZ-MOI... J,APPRECIE BIEN LES THEORIES DE FREUD... MAIS IL FAUT ADMETTRE QUAND MEME QUE LE GENIE ET LA FOLIE SONT DES SOEURS JUMELLES !!!

    LA LIBRE EXPRESSION

    20 h 04, le 24 mars 2016

  • Or, comme le premier dualisme freudien opposait les pulsions sexuelles aux pulsions du moi, ou fonctions d'autoconservation, le moi était donc désexualisé. CE NE SONT PAS AUX DESIRS DU SOI OU DE LA CONSCIENCE QUE S'OPPOSENT LES PULSIONS SEXUELLES OU CA DU PETIT D'HOMME MAIS A LA CENSURE DU SURSOI REPRESENTEE PAR LA FIGURE CASTRATRICE DE LA MERE AYANT REUSSI AUPARAVANT L'EMASCULATION DU PERE/MARI TRANSFORMEE EN PAPIER HYGIENIQUE.ET ASSUREUR DE LA SANTE PSYCHOMENTALE DE LA FEMME/MERE QUI AUTREMENERT DEVIENDRAIT HYSTERIQUE.

    Henrik Yowakim

    18 h 18, le 24 mars 2016

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