Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a tenté mercredi de faire taire des critiques notamment sur la rétrocession de deux îles à l'Arabie saoudite et l'assassinat sous la torture d'un étudiant italien en invoquant des "complots diaboliques".
Le gouvernement de M. Sissi, ex-chef de l'armée adulé par une grande partie de la population après avoir destitué en 2013 le président islamiste élu Mohamed Morsi, a annoncé samedi avoir remis au royaume saoudien les deux îlots inhabités de Tiran et de Sanafir sur la mer Rouge, à l'occasion d'une visite au Caire du roi Salmane.
L'annonce a provoqué une campagne de protestation essentiellement sur les réseaux sociaux et dans les médias.
Et alors que le Caire signait avec Riyad des accords d'investissement de plusieurs milliards de dollars en Egypte, l'Italie annonçait vendredi le rappel de son ambassadeur au Caire pour protester contre le manque de progrès dans l'enquête sur le meurtre de l'étudiant italien Giulio Regeni. Il avait disparu le 25 janvier en plein cœur du Caire, et son corps avait été retrouvé 9 jours plus tard dans un fossé, atrocement mutilé et torturé. La presse italienne et des diplomates occidentaux soupçonnent ouvertement des membres des services de sécurité de l'avoir tué, ce que l'Egypte dément avec véhémence.
(Pour mémoire : Un pont pharaonique devrait lier encore davantage l'Égypte à l'Arabie saoudite)
"C'est un complot diabolique", a lancé mercredi M. Sissi devant des responsables du gouvernement et de la société civile à propos de ces deux affaires. "Des gens diaboliques sont à l’œuvre, et ils vont continuer d’œuvrer contre l'Egypte", a-t-il martelé.
Le maréchal à la retraite a assuré que les deux îles appartenaient bien au royaume saoudien, soulignant que leur rétrocession s'appuyait sur un décret présidentiel datant de l'ancien président Hosni Moubarak, renversé en 2011 par une révolte populaire. "On ne vend notre terre à personne", a-t-il lâché à propos des deux îles, avant de tonner: "J'espère que personne n'abordera la question à nouveau" et de rejeter fermement toute question de son auditoire.
"Au moment où sa mort a été annoncée, des gens parmi nous ont dit que c'était les services de sécurité", s'est-il étonné à propos de Regeni, fustigeant là-encore les "gens diaboliques".
M. Sissi, élu président en 2014, est accusé par les organisations internationales de défense des droits de l'Homme d'avoir instauré un régime ultra-autoritaire, réprimant implacablement toute opposition, les partisans de M. Morsi comme les figures de la dissidence laïque et libérale.
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