Rechercher
Rechercher

Moyen Orient et Monde - Libye

Fayez el-Sarraj rallie des soutiens à Tripoli, Fajr Libya « affaiblie »

Le gouvernement d'union nationale en Libye a réussi hier à rallier des soutiens, dont celui de milices et de villes, suscitant l'espoir que cette autorité appuyée par la communauté internationale puisse sortir le pays du chaos.
Le chef de ce gouvernement, Fayez el-Sarraj, est apparu hier pour la première fois en public dans une mosquée de la capitale, après avoir débarqué mercredi d'un navire militaire libyen dans la base navale de Tripoli. Va-t-il être l'homme de la situation, et permettre de réconcilier les deux Libye ?

Issu d'une grande famille tripolitaine, il apparaît comme étant un « personnage modéré », selon un haut diplomate arabe qui a souhaité garder l'anonymat et interrogé par L'Orient-Le Jour. « Jusqu'à présent, les choses se passent plutôt bien à Tripoli. Mais rien n'est sûr. Parce que la Libye est un pays où se trouvent des centaines de brigades et de groupuscules armés. Il y a des alliances qui se font et se défont, et Fayez el-Sarraj ne dispose pas d'une armée forte ni d'une police. Il essaie de fédérer quelques restes des forces de l'armée et de la police, avec des brigades qui, politiquement, lui sont loyales, pour assurer la sécurité de la ville », explique le diplomate.
M. Sarraj a également reçu le soutien des gardes des principales installations pétrolières. Et quelque 300 Libyens, défiant le déploiement sécuritaire, ont manifesté à Tripoli, aux cris de « le peuple veut le gouvernement d'union ! Dégage Ghweil ! » en allusion au chef du gouvernement non reconnu Khalifa el-Ghweil. Dans un communiqué, les municipalités de dix villes situées entre Tripoli et la frontière tunisienne, dont Sabratha, Zawiya et Zouara, ont appelé à « soutenir le gouvernement d'union ».

Mais cette arrivée a suscité l'ire du gouvernement et du Parlement non reconnus installés à Tripoli et liés à la coalition de milices de Fajr Libya, qui l'ont sommé de partir ou d'en assumer les conséquences. Or le fait que l'opposition ne se soit pas manifestée ni d'une manière pacifique ni par les armes est quelque chose de « sage », selon le diplomate. Selon lui, Fajr Libya se retrouve « assez divisée et affaiblie », car « une grande partie de ceux qui la constituaient sont favorables au nouveau gouvernement ». « On a l'impression, et je dis bien l'impression, qu'ils ont assoupli leurs positions », ajoute-t-il.

(Lire aussi : La venue du chef du gouvernement d'union à Tripoli crée de vives tensions)

 

« Pas de cash »
Les soutiens à M. Sarraj semblent s'expliquer par la lassitude des Libyens du chaos et par l'espoir que suscite son gouvernement qui a promis, avec l'aide de la communauté internationale, d'unifier le pays, de bâtir une armée forte et d'améliorer l'économie exsangue marquée par une profonde crise de liquidités.
Pour Hussein Dawwadi, chef de la municipalité de Sabratha, « la situation est mauvaise, la vie est devenue beaucoup trop chère, il n'y a pas de cash ». « Nous estimons qu'il est temps de soutenir ce gouvernement. Il ne va pas changer les choses immédiatement mais nous sommes confiants qu'il commencera au moins à régler les problèmes un à un », a-t-il dit hier.

Depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi tué après une révolte en 2011, les milices font la loi dans le pays sur fond de luttes de pouvoir et de violences sanglantes qui ont favorisé l'émergence du groupe jihadiste État islamique (EI) responsable d'atrocités et d'attentats meurtriers en Afrique du Nord, au Moyen-Orient et en Occident. Le défi principal du gouvernement d'union nationale devra être celui de tenter d'améliorer l'efficacité de la lutte contre l'EI, qui a su profiter du chaos. « Plus les Libyens sont divisés plus l'EI est capable d'élargir ses zones d'influence », rappelle le diplomate.

Or, selon lui, beaucoup de Libyens misent sur une intervention occidentale pour vaincre le groupe islamiste. « Le gouvernement d'union nationale étant établi à Tripoli, beaucoup de Libyens estiment qu'il va faire appel aux Occidentaux, en leur demandant d'intervenir militairement contre l'EI », explique-t-il.Mais, pour l'heure, rien ne laisse présager une telle manœuvre ni du côté américain, très en retrait par rapport à la Libye, ni même du côté des Européens, que l'ancien diplomate juge « lamentable », car ils ne savent ni quoi « faire » ni quoi « dire ».« Tantôt ils donnent l'impression de vouloir intervenir, tantôt ils nient absolument toute visée allant dans ce sens », ironise-t-il. Les espoirs des Libyens quant à une intervention militaire massive des Occidentaux risquent d'être rapidement douchés. « Ils vont continuer à lancer des opérations contre l'EI, de manière ponctuelle, chirurgicale, comme ils l'ont fait à Misrata, mais ils ne vont pas se hasarder dans une intervention généralisée, et n'enverront certainement pas de troupes en Libye », conclut l'ancien diplomate.

 

Lire aussi
Le puzzle d'une intervention militaire en Libye se met lentement en place

Libye: les critiques d'Obama contre Cameron et Sarkozy

Les États-Unis bombardent la Libye mais ne veulent pas y mettre les pieds

La Libye, future base arrière de l'EI ?

Le gouvernement d'union nationale en Libye a réussi hier à rallier des soutiens, dont celui de milices et de villes, suscitant l'espoir que cette autorité appuyée par la communauté internationale puisse sortir le pays du chaos.Le chef de ce gouvernement, Fayez el-Sarraj, est apparu hier pour la première fois en public dans une mosquée de la capitale, après avoir débarqué mercredi d'un...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut