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Lifestyle

« Zaha Hadid ne s’est jamais laissé faire, n’a jamais été dans la concession »

Elle a marqué le paysage international par sa personnalité et son empreinte, évidente, partout dans le monde où elle l'a déposée. Adorée ou critiquée, Zaha Hadid restera un exemple de réussite, un souffle qui a dépoussiéré les normes de l'architecture du XXe siècle. Trois architectes, Youssef Tohmé, Raëd Abillama et Youssef Haïdar, la designer Alia Mouzannar et Tony Salamé expriment leur tristesse face à son décès bien trop soudain.

Leon Neal/AFP

YOUSSEF TOHMÉ :
« Je l'ai découverte à travers ses dessins puissants, des plans, des façades, des coupes. Zaha Hadid a proposé dès le début une architecture très dynamique, de tension, alors que l'architecture n'était que signes et symboles. Elle nous a aspirés dans une ambiance en mouvement. Ce qui est fort, c'est qu'elle est restée sur cette même ligne, avec la même cohérence dans ses idées. Dans un milieu principalement masculin, elle a toujours eu du cran, ne s'est pas laissé impressionné et a réussi à tout bousculer. Elle n'a jamais lâché, ne s'est jamais laissé faire, n'a jamais été dans la concession. D'ailleurs, elle a été la première en tout : première femme à remporter en 2004 le prix Pritzker – le "Nobel" d'architecture –, première à remporter la prestigieuse médaille d'or royale pour l'architecture, après Jean Nouvel, Frank Gehry ou Oscar Niemeyer. C'est enfin quelqu'un qui a changé l'image de la construction. Elle a poussé la construction, et pas uniquement la conception. Je suis ému... »

 

RAËD ABILLAMA :
« Nous avons perdu la reine de l'architecture, mais son âme lui survivra à travers son œuvre impressionnante. Elle a été assez courageuse pour laisser sa trace dans ce qui est hélas un métier d'hommes. J'espère que son héritage va tracer le chemin et permettre à un plus grand nombre de femmes architectes de trouver leur place dans ce domaine. Ce que j'admire le plus dans son travail, c'est qu'elle a toujours réussi à imposer son concept et son design sans jamais faire aucun compromis. »

 

YOUSSEF HAÏDAR :
« La grande porte nous claque au nez avec le départ de la grande dame de l'architecture. Par son absence, nous perdons les entrelacs d'un fabuleux espace de liberté et de rêves... »

 

ALIA MOUZANNAR :
« J'ai eu la chance inouïe de collaborer avec Zaha Hadid et de bien la connaître. J'aimerais dire à tous ceux qui l'ignorent combien cette femme, avant d'être l'architecte la plus célèbre de la planète, était surtout une grande dame et une femme de cœur, de principe, de générosité, de force de caractère, de détermination et de génie. L'histoire de l'humanité n'est souvent écrite que par des géants, des personnes exceptionnelles, des visionnaires. Si notre monde vit dans la réalité et l'instant, Zaha est la preuve même que les légendes existent encore et qu'elles existeront toujours... »

 

TONY SALAMÉ :
« Nous devions nous rencontrer mi-avril à Milan, mais elle n'était pas sûre de pouvoir être au rendez-vous, comme si elle avait un pressentiment. En revanche, elle aurait souhaité qu'on se voie le 25 mars à Salerne où elle a réalisé un sublime terminal portuaire. Zaha Hadid était ainsi, le globe était son terrain de jeu, mais elle ne manquait jamais de s'arrêter à Beyrouth, ce qu'elle avait prévu de faire après Salerne, pour voir son frère surtout et jeter un œil sur "notre chantier". Sous des dehors sévères, elle était d'une grande tendresse avec les gens qu'elle aimait. Elle recevait ses amis chez elle et faisait elle-même le service, insistant pour remplir les assiettes.
Nous nous sommes connus en juin 2006, à l'occasion du projet du magasin Aïshti, au centre-ville de Beyrouth. Il y a eu la guerre de juillet. Je l'ai revue en août pour la relancer, alors que le Liban était en cendres. Elle était étonnée que je veuille continuer. Mais le magasin est sorti de terre. Cela fait dix ans qu'il est en chantier. Nous devions nous réunir pour décider de la décoration intérieure, de manière à l'harmoniser avec l'architecture extérieure. J'avais hâte d'inaugurer le projet avec elle, ce qui devait attendre encore quatre ans. Elle nous a quittés trop vite. Je suis triste. Je perds en elle une grande amie et un conseil précieux. Le designer Paolo Moroni m'a appelé toute à l'heure en larmes. Il me disait "J'ai perdu une sœur". Elle était adorable avec les gens qu'elle aimait. »

 

 

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