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À La Une - Témoignages

Témoignages de Libanais à Bruxelles : "Je suis arrivé à l'aéroport à 7h50, l'explosion a eu lieu 10 minutes plus tard"

Des personnes évacuées de l'aéroport de Bruxelles-Zaventem, après une double explosion, le 22 mars 2016. AFP / BELGA / DIRK WAEM

Plusieurs attaques terroristes ont frappé Bruxelles au coeur mardi matin. Des explosions ont eu lieu à l'aéroport international et dans le métro de la capitale belge faisant une trentaine de morts et plus de 200 blessés.
Ces attaques ont déclenché un relèvement de l'alerte antiterroriste à son niveau maximal, une fermeture jusqu'à nouvel ordre de l'aéroport international de Bruxelles-Zaventem et une suspension du trafic du métro.

 

Voici les témoignages de Libanais présents dans la capitale belge

 

Kassem, 30 ans, chercheur scientifique originaire du Liban-sud, habite à Bruxelles depuis 10 ans. Il était à l'aéroport de Bruxelles-Zaventem au moment de l'attentat.
"J'étais à l'aéroport, j'avais un vol à prendre avec ma collègue. Je suis arrivé à 7h50, l'explosion a eu lieu 10 minutes plus tard dans le hall des départs. Je n'ai pas réalisé ce qui s'est passé. Tout le monde a commencé à crier. J'ai vu un bout du plafond tomber, nous n'avions pas encore réalisé qu'il s'agissait d'une bombe. Nous avons commencé à courir vers la sortie, à nous bousculer. Quand je suis arrivé dehors, la seconde explosion a eu lieu. Elle était plus forte et les bouts de verre ont commencé à nous tomber dessus."

"Dehors, tout le monde était choqué. Je voyais les gens pleurer, crier, je voyais des blessés. Pendant 20 minutes, nous sommes restés dehors, sans savoir quoi faire... Il n'y avait rien, ni police, ni ambulance. Nous avons commencé à marcher, nous sommes descendus au parking, nous nous suivions, personne ne nous a donné de directives. Puis la police, les ambulances et l'armée sont arrivées. Ils ont continué l'évacuation et bloqué les accès à l'aéroport".

"Après l'explosion, j'ai d'abord appelé ma collègue qui devait me rejoindre. Elle était dans le bus en direction de l'aéroport. Je lui ai dis de ne pas venir et elle m'a répondu que le bus avait fait demi-tour et qu'elle allait m'attendre dans un parking à coté de l'aéroport. J'ai été la rejoindre là-bas. A partir du parking, nous avons marché vers Zaventem, le village le plus proche de l'aéroport. Là-bas, le mari de ma collègue est venu nous chercher en voiture. Entre-temps, j'avais envoyé des messages à ma famille, à des amis proches. Ma sœur, Farah, qui vit aussi à Bruxelles, dormait encore".

"Après la première explosion, la première chose que je me suis dite, c'est je vais peut être mourir. J'ai senti le souffle de l'explosion, je voyais le verre voler. J'ai pensé à mes proches, à ma famille. Je me demandais comment ils allaient accueillir la nouvelle. J'étais en pleurs, en panique... On se regardait dans les yeux, on voyait le choc, l'incompréhension dans le regard de chacun. Les gens ne réalisaient pas"

"Tout ça m'a rappelé le Liban, la guerre que j'ai vécue, les explosions. Mais même quand je vivais au Liban, je ne me suis jamais trouvé aussi près d'une explosion. Et voilà que ça m'arrive à Bruxelles... Quelle ironie! J'ai survécu à tout ce qui s'est passé au Liban, et j'ai failli mourir à Bruxelles !"

"Maintenant, toute la ville est bloquée, assiégée. Les autorités demandent aux gens de rester chez eux et de suivre les infos, ça ressemble un peu à ce qui s'est passé à Paris. Depuis les évènements terroristes en France et tout ce qui s'est passé à Bruxelles, on sentait que la situation était en train de devenir bizarre. Mais ce qui s'est passé aujourd'hui, c'est du jamais vu. Aujourd'hui, on ne se sent pas du tout en sécurité".

 

Pia, 20 ans, fait des études d'optométrie et un stage à Bruxelles : "J'étais supposée prendre la ligne de métro qui a été visée par les attentats ce matin... C'est effrayant ! Si j'avais eu cours ce matin, ça aurait pu être mes amis qui passent chaque jour par là ... Nous ne sommes plus en sécurité nulle part !"

 

Lara, 24 ans, fait un master en sciences politiques dans la capitale belge. "Je ne ressens rien, je suis stressée, je n'ai pas envie de sortir de la maison, j'entends les hélicoptères ... Je ne sais pas ce qui se passe ! J'allais prendre le métro quand une femme est venue chez moi en courant en me disant "Il y a une bombe!" J'ai fais demi-tour vers la maison. Sur le chemin, je voyais des voitures de policer et des ambulances rouler à tombeau ouvert. C'est la que j'ai compris qu'il y avait eu un attentat".

"Je suis venue ici il y a plus d'un an parce que j'étais un peu stressée au Liban et je m'étais dis qu'à Bruxelles, au moins, la situation serait calme. Mais maintenant il y a tout ça ici, et je ne comprend plus rien".

 

Farah, 27 ans, travaille dans les ressources humaines. "Mon frère était à l'aéroport, j'ai eu très peur... Quand je me suis réveillée, j'ai vu qu'il y avait eu une explosion, j'ai commence à crier sans savoir quoi faire mais ma mère m'a appelée du Liban pour me rassurer, il avait réussi à la joindre"

"Que va-t-il se passer maintenant? Qu'est-ce qui nous attend ? Je pensais qu'ici nous serions au calme et maintenant il me semble que c'est pire qu'au Liban. Je suis sûre que les choses ne vont pas se calmer. Ils étaient contents d'avoir Salah Abdeslam, mais il n'est pas seul ! »

 

Ces explosions interviennent quatre jours après la capture spectaculaire de Salah Abdeslam, un Français d'origine marocaine, seul survivant du commando auteur des attentats jihadistes du 13 novembre à Paris (130 morts), à Molenbeek, une commune bruxelloise.

 

Claude, 48 ans, concessionnaire automobile, vit depuis 20 ans à Bruxelles. Sa maison est située à 5 minutes de l'aéroport international. "Au moment de l'explosion, je venais de déposer mon fils à l'école. Maintenant, il va y rester jusqu'à 19h. Il a peur, mais je ne peux rien faire. Personne ne peut plus sortir. Mon épouse, qui travaille à l'ambassade de Jordanie, est elle aussi bloquée".

"De chez moi, je peux voir le ballet des ambulances qui vont de l'aéroport à l'hôpital tout proche. Il y a une ambiance de panique générale maintenant à Bruxelles, toutes les rues sont bloquées. Comme si la vie s'était arrêtée".
"Étant Libanais, je suis habitué à ce genre de situation. Les Belges, non, et c'est normal. Je suis inquiet de l'expansion du terrorisme en territoire belge, surtout que c'est la première attaque de cette ampleur qui touche le pays. Mais je préfère ne pas céder à la panique. Je suis sûr que la vie reprendra son cours normal".

 

Jeanine Bontemps, 60 ans, retraitée libano-belge :

"J'étais chez moi. J'ai appris tout de suite qu'il y avait eu des attentats sur les réseaux sociaux et par des amis qui m'ont appelé du Liban. Ils étaient au courant avant moi..."

"Nous avions eu un petit moment de joie avec l'arrestation de Salah Abdeslam. Le répit aura été de courte durée. Les complices d'Abdeslam ont dû se sentir acculés et ont déclenché ces attentats. Mais la vie va reprendre normalement. Comme dans tous les pays. Au Liban, on est bien placé pour le savoir. Une fois que la crise sera passée, les gens reprendront leur vie. On ne va pas donner raison aux terroristes!".

 

Eva Sirgi, 25 ans, créatrice d'une marque de prêt-à-porter belge

"Je suis choquée. Je suis à moitié belge et à moitié libanaise. Je pensais être plus en sécurité en Belgique et je me rends compte qu'on ne l'est nulle part. Je revois 2006 à Beyrouth. C'est triste."

 
Marie*, 40 ans, employée au sein d'une institutions européennes. Elle travaille dans le quartier dans lequel a été visé la station de métro.

"Ce matin, j'allais au travail. Sur le trajet, ma mère m'a appelée du Liban après la double explosion de l'aéroport. Maintenant, tout le quartier est bouclé. Il y a des policiers partout. Durant les prochains jours, nous serons bloqués à la maison, c'est certain. Mais le plus déroutant, c'est quand, depuis novembre, votre famille du Liban vous appelle pour vous demander si ça va. C'est ce qui m'affecte le plus, ce retournement de situation. Mes cousins qui me donnent les mêmes recommandations que pendant la guerre du Liban. La guerre que mes parents ont fuie en 1978 pour nous offrir un avenir meilleur. Aujourd'hui, je me demande quel avenir auront mes enfants. Je n'ai pas envie qu'ils grandissent dans ce monde".

*Le prénom a été changé à la demande de l'interviewée pour des raisons de sécurité

 

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commentaires (1)

Éliminez déjà la tête de vipère aSSadique, et ça les calmera un tant soit peu déjà....

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

07 h 53, le 23 mars 2016

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Commentaires (1)

  • Éliminez déjà la tête de vipère aSSadique, et ça les calmera un tant soit peu déjà....

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    07 h 53, le 23 mars 2016

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