USA: plainte pour abus sexuels contre un financier de la Silicon Valley

Michael Goguen, un des financiers les plus influents de la Silicon Valley, a dû quitter son fonds d'investissements après des accusations d'abus sexuels qui relancent les soupçons de sexisme dans le secteur technologique.

"Mon départ me permet de me concentrer entièrement à laver mon nom", explique dans un message mis sur son compte LinkedIn Michael Goguen. Il insiste sur le fait que cette affaire est "personnelle" et n'a rien à voir avec Sequoia Capital, la société de capital-risque dont il était un des associés.

Amber Laurel Baptiste accuse M. Goguen d'avoir abusé d'elle sexuellement pendant une décennie, dans une plainte déposée devant le tribunal californien de San Mateo. Ils s'étaient rencontrés il y a 13 ans dans un club de striptease texan où dansait souvent la plaignante, sous la contrainte, affirme-t-elle, de trafiquants d'êtres humains.

M. Goguen en aurait fait sa favorite et aurait promis de la libérer du joug des proxénètes. Ce dernier n'aurait pas tenu sa promesse et Mme Baptiste, arrivée de force aux Etats-Unis en 2001 à l'âge de 15 ans, l'accuse même d'avoir perpétué les sévices infligés par ses bourreaux.

Son action judiciaire fait suite, selon elle, à l'arrêt de versements promis par M. Goguen, avec lequel elle avait conclu le 23 mai 2014 un accord confidentiel pour ne pas porter plainte. Selon ce compromis, le financier devait lui verser 40 millions de dollars en plusieurs étapes pour son silence.

Le dirigeant lui en aurait versé seulement 10 millions de dollars, le 31 mai 2014, et aurait depuis refusé de payer le reste. "Malheureusement, n'importe qui peut faire des allégations horribles sur toute personne avec laquelle il a un compte à régler, notamment après une longue relation qui s'est mal terminée", répond Michael Goguen. Et de poursuivre: "Avoir réussi socialement et occuper une haute position peuvent faire de vous la cible des chantages les plus ignobles et entacher votre réputation, comme c'est le cas en l'espèce".
Il promet de déposer une contre-plainte pour "extorsion" et d'apporter les preuves, notamment des courriels de la plaignante, qu'il la traitait convenablement.

Sequoia Capital a investi dans de nombreuses sociétés technologiques dont Apple, Google, Oracle, Youtube ou encore PayPal. M. Goguen est par ailleurs membre de conseils d'administration d'une dizaine d'entreprises.

Ce scandale tombe au mauvais moment pour la Silicon Valley, montrée du doigt dans les médias américains pour son sexisme supposé. Ellen Pao, une ex-salariée de la société de capital-risque Kleiner Perkins Caufield and Byers (KPCB), était ainsi devenue l'an dernier un emblème des débats sur le sexisme dans la Silicon Valley après avoir porté plainte contre son employeur pour discrimination.

Si elle avait perdu son procès contre KPCB, connue pour ses investissements dans des groupes comme Facebook, Amazon et Google, Mme Pao a permis de jeter la lumière sur les pratiques de l'industrie technologique où moins de 10% des postes les plus importants sont occupés par des femmes.