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Économie - Liban - Rapport

Les commerçants libanais dénoncent une « nécrose » du marché de l’emploi

Une enquête dévoilée hier conclut que la conjonction de la situation politico-sécuritaire et d'une inadéquation entre l'offre et la demande d'emplois a accentué le chômage dans le secteur.

Le ministre du Travail, Sejaan Azzi (au centre), a appelé à la réalisation d’une étude globale du marché de l’emploi au Liban. Photo P.H.B.

« Une lueur d'espoir pour les demandeurs d'emploi au Liban », c'est ainsi que le ministre du Travail Sejaan Azzi a commenté, lors d'une conférence de presse tenue hier, la publication d'une enquête sur le marché de l'emploi dans le secteur commercial. Rappelant l'absence de statistiques fiables en matière d'emploi dans le pays, il a appelé « l'ensemble des institutions à coopérer pour reproduire cette initiative au niveau global. »
Réalisée par l'Association des commerçants de Beyrouth (ACB) en partenariat avec l'Office national pour l'emploi (ONE) et la Société générale de banque au Liban (SGBL), cette enquête se base sur un sondage réalisé auprès de 184 sociétés commerciales et prestataires de services établis au Liban afin d'identifier les causes du chômage dans ce secteur.

 

(Lire aussi : La France veut apporter sa « touch » à l’écosystème libanais)

 

Cercle vicieux
Selon l'Administration centrale de la statistique, le tertiaire a contribué à hauteur de 75 % du PIB en moyenne entre 2004 et 2011. « C'est aussi le secteur qui souffre le plus de la dégradation de l'économie depuis 2011, en particulier dans le commerce et la distribution », souligne auprès de L'Orient-Le Jour le président de l'ACB, Nicolas Chammas. L'étude révèle ainsi que le nombre d'employés déclarés dans les sociétés commerciales – soit 60 % de l'échantillon – n'a progressé que de 1,6 % entre 2013 et 2015 ; contre 3,8 % pour l'ensemble de l'échantillon, qui inclut des sociétés de courtage ou de communication.
« Malgré sa diversité, l'échantillon est trop réduit pour permettre de tirer des conclusions générales pour le pays. Pour autant, ces chiffres illustrent l'état de nécrose dans lequel se trouve le marché de l'emploi actuellement », se désole M. Chammas.
L'enquête souligne en préliminaire le rôle de la conjoncture politico-sécuritaire au niveau local et régional dans l'envolée du chômage constatée ces dernières années – qui est passé de 11 % à 25 % depuis le début du conflit syrien en 2011, selon la Banque mondiale. Ses auteurs relèvent notamment que l'afflux de réfugiés syriens au Liban a poussé les salaires à la baisse – l'Organisation internationale du travail a estimé le salaire moyen des réfugiés syriens à 277 dollars environ, soit près des deux tiers du salaire minimum – et enfermé l'économie libanaise dans un cercle vicieux. « Les sociétés qui embauchent des réfugiés réalisent des bénéfices à court terme. Ce faisant, elles entretiennent la crise de l'emploi et poussent les ménages à privilégier l'épargne sur la consommation, diminuant ainsi leurs propres commandes à moyen terme », expose M. Chammas.

 

(Lire aussi : Le projet Adip, pour une meilleure adéquation formation-emploi)

 

« Sortir les chômeurs du placard »
Cette conjoncture morose a en outre amplifié plusieurs handicaps structurels propres au marché du travail libanais et qui sont particulièrement perceptibles dans le secteur commercial.
« Il faut d'abord citer l'extrême fragmentation du tissu entrepreneurial libanais – composé à 95 % de PME – qui lui garantit une certaine vitalité dans les cycles de hausse de l'activité mais le rend fragile en temps de crise », explique M. Chammas.
Une fragmentation qui accentue en outre les problèmes d'inadéquation entre l'offre et la demande d'emploi. Les PME interrogées par l'étude – 88,6 % de l'échantillon – concèdent ainsi ne pas pouvoir investir dans la formation continue de leurs employés ou se coordonner avec le milieu éducatif, faute de moyens. Conséquence : entre 60 et 80 % des entreprises de l'échantillon admettent ne pas trouver les profils recherchés sur le marché libanais, parmi lesquels on retrouve 40 % de cadres moyens ou 15 % d'ingénieurs en informatique.
Le tertiaire doit également composer avec la concurrence des pays du Golfe, très accessibles pour les Libanais, qui y sont nettement mieux rémunérés à poste égal. « À l'inverse, la mobilité interne est très limitée : les actifs qui envisagent de changer de carrière ont peur de se retrouver sans emploi », ajoute M. Chammas.
Enfin, la majorité des employeurs ont recours à leur propre réseau pour recruter, l'ONE n'assumant pas véritablement son rôle d'interface, faute de moyens et de statistiques fiables. « Les chômeurs n'ont aucun intérêt à se déclarer aujourd'hui. Même si cela n'est pas envisageable à court terme, l'adoption de mécanismes d'indemnisations faciliterait leur sortie du placard », plaide M. Chammas.
De son côté, M. Azzi a préconisé dans son discours « une action concertée des pouvoirs publics afin de redynamiser l'action de l'ONE, d'encourager les filières professionnelles et de protéger les emplois des libanais » ; avant de conclure toutefois : « Rien ne sera possible sans stabilité politique... »

Réfugiés syriens : Azzi répond aux accusations de racisme

Le ministre du Travail, Sejaan Azzi, s'est défendu en conférence de presse face aux accusations de racisme visant ses services, à qui il est reproché de refuser d'attribuer des permis de travail aux réfugiés syriens. « Je n'ai rien contre les étrangers – sans eux, le Liban ne serait pas le Liban –, mais il ne faut utiliser la crise des réfugiés comme prétexte pour légitimer leur intégration systématique sur le marché du travail au détriment des Libanais », a-t-il déclaré. Il a également reproché aux médias de « soutenir l'intégration des réfugiés à l'excès ».

 

 

Pour mémoire

« Les PME paient le prix le plus élevé de la crise économique »

« Une lueur d'espoir pour les demandeurs d'emploi au Liban », c'est ainsi que le ministre du Travail Sejaan Azzi a commenté, lors d'une conférence de presse tenue hier, la publication d'une enquête sur le marché de l'emploi dans le secteur commercial. Rappelant l'absence de statistiques fiables en matière d'emploi dans le pays, il a appelé « l'ensemble des institutions à coopérer...
commentaires (3)

necrose hien !! qui apporter la névrose chez certains ... attendez c'est pas finis quand l'annee prochaine quand les contrat de travail de libanais a l'etrangers vont arriver a terme la on comprendra ...

Bery tus

01 h 23, le 10 mars 2016

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Commentaires (3)

  • necrose hien !! qui apporter la névrose chez certains ... attendez c'est pas finis quand l'annee prochaine quand les contrat de travail de libanais a l'etrangers vont arriver a terme la on comprendra ...

    Bery tus

    01 h 23, le 10 mars 2016

  • Il a également reproché aux médias de « soutenir l'intégration des réfugiés à l'excès »: c'est indéniable...

    NAUFAL SORAYA

    10 h 16, le 09 mars 2016

  • Réfugiés puis réfugiés sont la cause du chômage des libanais qui se trouvent obligés de quitter le pays . Triste.

    Sabbagha Antoine

    09 h 20, le 09 mars 2016

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