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Moyen Orient et Monde - Censure

En Inde pour la sortie de son film sur l’homosexualité, un réalisateur se bat contre... le fisc

Des centaines de personnes défilent à Mumbai pour le défilé de la gay pride. Danish Siddiqui/Reuters

En décidant de réaliser en Inde un film sur l'homosexualité, Kiran Kumar Devmani s'était préparé à un combat contre l'autorité de censure, traditionnellement conservatrice, mais jamais il n'avait imaginé qu'il devrait batailler contre le fisc. Trois ans après la fin de son projet, Devmani se heurte toujours à l'hostilité de l'administration fiscale qui estime que son film pourrait troubler l'ordre public dans un pays où l'homosexualité est punie par le code pénal. « Qu'y a-t-il de tellement controversé dans l'homosexualité ? » s'interroge Devmani, un spécialiste de médecine ayurvédique devenu cinéaste, depuis son petit bureau d'un centre commercial de la ville d'Ahmedabad (Ouest). « Mon film ne contient pas une seule scène avec des gays se tenant ne serait-ce que la main. Ce film traite des difficultés que rencontrent des homosexuels dans la société à différentes étapes de leur vie », dit le réalisateur de 30 ans à l'AFP.
Comme tous ses confrères cinéastes, Devmani demande une déduction fiscale pour son film, réalisé en indépendant, avant sa diffusion, une requête habituellement accordée aux réalisateurs indépendants pour limiter leurs pertes. Mais le gouvernement de l'État du Gujarat, les terres du Premier ministre Narendra Modi, a rejeté sa requête au motif que Meghdhanushya – The Colour of Life pourrait envoyer un « signal négatif » laissant croire que l'administration promeut « une telle idéologie ». Le bureau de censure indien a donné son feu vert à la sortie du film avec la mention « Réservé aux adultes » et la Haute Cour du Gujarat a donné raison à Devmani à propos de sa demande au fisc. Mais l'État du Gujarat a déposé un recours auprès de la Cour suprême, qui risque d'allonger sérieusement le processus.

Soutien d'un prince homosexuel
Le réalisateur indien a aussi avancé que sa diffusion pourrait troubler l'ordre public en suscitant des tensions entre les partisans et les opposants à l'homosexualité. Devmani a reçu le soutien de groupes gays. Et le prince Rajpipla Manvendra Singh Gohil, qui a déclaré son homosexualité, a estimé que de tels films devaient être encouragés pour lutter contre l'ignorance de la société sur les gays et lesbiennes. Gohil est le descendant d'une famille royale du Gujarat. Âgé de 50 ans, le prince a été rejeté par sa communauté et par sa propre famille lorsqu'il a fait son coming out. Il est désormais engagé dans la lutte contre le sida via son association. « Il n'y a aucune obscénité ou vulgarité dans le film de Devmani », dit Gohil.
Devmani se dit usé par le combat judiciaire mais prêt à sortir son film en gujarati même sans l'exemption de la taxe de 25 % imposée sur les recettes en salle. « Je vais attendre encore six mois et sortir le film même sans l'exemption », explique-t-il. Le réalisateur compte bien poursuivre sa carrière dans le cinéma malgré cette controverse. Il a deux autres films en hindi en préparation.
(Source : AFP)

En décidant de réaliser en Inde un film sur l'homosexualité, Kiran Kumar Devmani s'était préparé à un combat contre l'autorité de censure, traditionnellement conservatrice, mais jamais il n'avait imaginé qu'il devrait batailler contre le fisc. Trois ans après la fin de son projet, Devmani se heurte toujours à l'hostilité de l'administration fiscale qui estime que son film pourrait...

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