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Moyen Orient et Monde - Décryptage

Iraniens, chiites irakiens, hazaras afghans et Hezbollah pour remplacer l’infanterie d’Assad

Le régime syrien sous perfusion russo-iranienne à Alep

Un quartier rebelle dans la ville d’Alep. Thaer Mohammed/AFP

Le régime syrien peut remercier ses alliés. Acculé dans son fief, notamment dans la province de Lattaquié, avant l'intervention russe, il est désormais à l'offensive sur tous les fronts. Si les premiers mois de bombardement de la part de l'aviation russe n'avaient pas permis aux forces du régime de réaliser des avancées concrètes sur le terrain, les choses se sont largement accélérées au cours de ces dernières semaines. Grâce à l'appui aérien de la Russie et l'implication considérable des Iraniens au sol, les forces loyalistes ont pu sécuriser la Syrie utile, particulièrement les provinces de Homs et de Lattaquié. Ces offensives obligent désormais les rebelles à reculer dans le Sud, dans la province de Deraa, et surtout dans le Nord, dans la province d'Alep, où l'opposition armée est dorénavant encerclée: les Kurdes du PYD (Parti de l'Union démocratique) sont à l'Ouest, les jihadistes de l'État islamique (EI) sont à l'Est, et les forces du régime et ses alliés avancent depuis le sud.

En brisant mercredi le siège des localités de Nebbol et Zahra', l'armée syrienne a réalisé une percée fulgurante dans la province d'Alep. L'objectif principal étant de bloquer la route d'approvisionnement qui relie les rebelles retranchés dans la partie est de la ville d'Alep à la Turquie. L'offensive, encore en cours, contraint les habitants de cette partie d'Alep à fuir vers la Turquie, craignant la mise en œuvre d'un blocus général similaire à celui qu'avait connu la ville de Homs.


(Lire aussi : Des dizaines de milliers de Syriens fuient l’assaut d’Alep)

 

« Trois » milices irakiennes
La reprise d'Alep, plus grande ville de Syrie, aurait une portée extrêmement symbolique pour le régime. Alors que, selon certaines sources, les Iraniens avaient essayé, au printemps dernier, de convaincre le président syrien Bachar el-Assad de la nécessité de laisser tomber Alep, la situation est aujourd'hui totalement inversée. Ce qui devait être la capitale de la rébellion n'a jamais été aussi près de retomber entre les mains du régime.
Cette avancée majeure, le régime la doit essentiellement à l'implication croissante des forces russes et iraniennes. « Ces trois derniers jours, les Russes ont intensifié leurs bombardements dans la région d'Alep », note Igor Delanoë, directeur adjoint de l'Observatoire franco-russe. Selon lui, la reprise d'Alep, qui « semble être une question d'heures », a été préparée de façon plus intense que les opérations précédentes avec des bombardements plus concentrés et des zones très lourdement touchées.

Pendant que les Sukhoi russes bombardent nuit et jours les positions rebelles, les Iraniens encadrent les forces au sol. Pour compenser le manque d'hommes au sein de l'armée syrienne, les Iraniens s'appuient sur des milices chiites irakiennes et sur les hazaras afghans, sans compter les combattants du Hezbollah. « Les milices chiites irakiennes sont déterminantes parce que le régime syrien n'a plus d'infanterie. Il utilise ses forces d'élite jusqu'à l'épuisement », confirme Stéphane Mantoux, agrégé d'histoire et spécialiste du conflit syrien. Il estime qu'il y aurait au moins trois milices irakiennes dans la province d'Alep, ce qui représenterait plus de 2 500 hommes.
Alors que ces milices avaient dû retourner en Irak au moment de la prise de Mossoul par l'EI en juin 2014, elles ont été ramenées en Syrie au début de l'intervention russe, le 30 septembre dernier. « Les bombardements de la coalition en Irak débloquent pas mal de soldats. Les milices irakiennes ont moins besoin d'hommes, alors l'Iran les fait basculer sur le terrain syrien », observe M. Mantoux.

(Lire aussi : En Syrie, près d'un demi-million de civils vivent assiégés)

 

Pas de plan de sortie
L'implication croissante des Iraniens sur le terrain se constate au niveau des nombres de dépouille de soldats rapatriés à Téhéran. Au moins 172 soldats iraniens auraient trouvé la mort en Syrie depuis septembre, selon M. Mantoux.

Dans le même temps, de plus en plus de photos publiées sur les réseaux sociaux ainsi que des témoignages d'habitants font état de la participation des soldats russes au combat. « Si jamais c'était le cas, c'est très bien dissimulé, puisqu'on ne constate pas de retour des dépouilles des soldats. Il semble qu'au bout de quatre mois d'intervention, il n'y ait que trois ou quatre Russes qui ont trouvé la mort en Syrie. Mais sur les réseaux sociaux, on peut voir des soldats russes sur des tanks. Est-ce qu'il s'agit d'instructeurs ou de soldats ? Je ne sais pas », dit M. Delanoë. Pour M. Mantoux, la participation des forces spéciales russes au combat ne fait aucun doute. « Durant les offensives, ils sont chargés d'ouvrir la voie », précise-t-il. Les victoires du régime sont donc marquées par le sceau des Russes, des Iraniens, des Libanais, des Irakiens et même des Afghans. « Ce sont eux qui tiennent le terrain. Le régime est en quelque sorte sous perfusion », analyse M. Mantoux.

La reprise d'Alep confirmerait en tout cas la stratégie du régime et de ses alliés. « Cette avancée permet aux Russes de souffler un peu, ils se disent : "Enfin..." » estime M. Delanoë. « Mais une fois qu'ils ont repris Alep, quelle est l'étape suivante ? » s'interroge-t-il, soulignant que les Russes ont conscience de leurs limites et n'ont pas d'intérêt à faire le travail tout seuls pour récupérer les territoires de l'Est syrien, sous le joug de l'EI. D'autant plus que la partie est loin d'être finie pour les rebelles. La Turquie et l'Arabie saoudite, principaux soutiens des rebelles armés, vont certainement chercher à réagir en armant massivement les différents groupes dans les provinces d'Alep et d'Idleb.


(Lire aussi : L'armée russe a "de sérieuses raisons" de croire que la Turquie prépare une "intervention militaire" en Syrie)

 

Si une intervention militaire de Riyad, comme d'Ankara, semble à exclure, il n'empêche que le prolongement des combats ne fait pas vraiment l'affaire de Moscou. « Les Russes n'ont pas de plan de sortie. Ils cherchent à consolider leurs acquis sur le terrain pour se trouver dans une meilleure posture au moment des négociations », analyse M. Delanoë. Selon lui, le meilleur des scénarios pour la Russie serait « qu'Assad soit éjecté par les urnes ». Mais il considère qu'il ne ne faut pas non plus surestimer la capacité des Russes à faire fléchir Assad, même s'ils peuvent utiliser le levier kurde. Les Russes pourraient en effet faire pression sur le régime en le menaçant d'aider les Kurdes à obtenir leur autonomie.

Mais ce scénario implique la mise en place de négociations sérieuses entre les acteurs extérieurs du conflit syrien, et entre le régime et son opposition. Des acteurs qui, quel que soit leur camp, semblent pour l'heure tous privilégier les champs de bataille d'Alep aux salons feutrés de Genève.

 

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Le régime syrien peut remercier ses alliés. Acculé dans son fief, notamment dans la province de Lattaquié, avant l'intervention russe, il est désormais à l'offensive sur tous les fronts. Si les premiers mois de bombardement de la part de l'aviation russe n'avaient pas permis aux forces du régime de réaliser des avancées concrètes sur le terrain, les choses se sont largement...

commentaires (9)

1-Armée alaouite du petit Hitler, milices alaouites syriennes, milices chiites iraniennes, milices chiites irakiennes, milices chiites afghanes et milices chiites libanaises mènent la guerre en Syrie contre une multitude d'organisations sunnites, la Syrie étant déchirée en milliers de pièces et le peuple syrien étant décimé et désintégré en millions de réfugiés aux quatre coins du monde. Et chez nous, le cheikh Naim Kassem nous chantait hier même : "il n'y a pas un conflit sectaire sunnito-chiite en Syrie". Bouches divines, aberrations divines. 2-"Syrie utile" ou Syrie inutile, que le régime du petit Hitler laisse le Liban en paix, loin de ses conspirations pour assassinat de leaders politiques à droite et à gauche, comme dévoilé par ses instruments sordides au Tribunal militaire.

Halim Abou Chacra

17 h 46, le 06 février 2016

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Commentaires (9)

  • 1-Armée alaouite du petit Hitler, milices alaouites syriennes, milices chiites iraniennes, milices chiites irakiennes, milices chiites afghanes et milices chiites libanaises mènent la guerre en Syrie contre une multitude d'organisations sunnites, la Syrie étant déchirée en milliers de pièces et le peuple syrien étant décimé et désintégré en millions de réfugiés aux quatre coins du monde. Et chez nous, le cheikh Naim Kassem nous chantait hier même : "il n'y a pas un conflit sectaire sunnito-chiite en Syrie". Bouches divines, aberrations divines. 2-"Syrie utile" ou Syrie inutile, que le régime du petit Hitler laisse le Liban en paix, loin de ses conspirations pour assassinat de leaders politiques à droite et à gauche, comme dévoilé par ses instruments sordides au Tribunal militaire.

    Halim Abou Chacra

    17 h 46, le 06 février 2016

  • Puis, et last but not least bien sûr, les "bridés".... par Millions mahééék, du Yang Tse !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    12 h 52, le 06 février 2016

  • Et, ne pas oublier aussi les "Fidèles" et câ(n)lins havanais cubains ! Merci.

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    11 h 31, le 06 février 2016

  • Une dernière chose , les chinois ne disent rien , mais ils n'en pensent pas moins . Retenez cela ..

    FRIK-A-FRAK

    10 h 31, le 06 février 2016

  • Si on admet cette énormité, il ne faut surtout pas oublier de mentionner les 90 nationalités bensaoudos occicons qui polluent le sol syrien . Sinon on est en pleine mauvaise foi du mauvais looser. Khayyyy yé-yé. ... Et puis vous pensez vraiment que Moscou cherche une voie de sortie , je vous donne rendez vous dans 100 ans ils seront encore là, et Dieu merci . Les bactéries salafowahabites, elles oui , elles éhontée éradiquer au karcher, oupsssss ! !!

    FRIK-A-FRAK

    10 h 22, le 06 février 2016

  • SUR LE CHAMP DE BATAILLE SYRIEN : DES MERCENAIRES CONTRE DES MERCENAIRES !

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 44, le 06 février 2016

  • "Le régime est sous perfusion ! Ses (victoires!) sont en réalité marquées par le sceau des Russes, des Iraniens, des Libanais, des Irakiens et même des Afghans. Ce sont eux qui tiennent le terrain." ! A quand les Nord-Coréens ? Tféhhh !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    09 h 39, le 06 février 2016

  • Ces messieurs Mantoux et Delanoë prétendent savoir beaucoup de détails, comment font ils sur le terrain? Instruments de désinformation du quai d'Orsay ? On sait que Fabius n'est pas du tout content...

    Sam

    08 h 00, le 06 février 2016

  • Comme la guerre palestinienne contre le Liban ,Arafat recrutait dans tout le monde arabe des mercenaires....!

    M.V.

    07 h 59, le 06 février 2016

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