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Liban - La psychanalyse, ni ange ni démon

La crise de l’adolescent, ni enfant ni adulte

La crise d'adolescence est un moment crucial dans la vie de tout être humain.
Ni enfant ni adulte, l'adolescent traverse une crise d'identité qui commence à la puberté et se termine entre l'âge de 20 à 25 ans. Ce pourquoi on parle aujourd'hui de «post-adolescence», période qui va jusqu'à l'insertion du jeune dans le monde du travail, tout en restant encore sous le toit parental. L'adolescence commence donc au lycée et ne s'arrête pas à la fac. D'où une grande difficulté qui surgit dans la relation avec les parents, eux aussi en crise. On devrait dire la crise d'adolescence des enfants et des parents.

Comme nous l'avons vu la dernière fois, la puberté est une poussée rapide des hormones de croissance et des hormones sexuelles. Confronté à ce torrent biologique interne, le jeune n'a pas les défenses nécessaires: la satisfaction sexuelle devient impérative. Comme on l'a vu précédemment, le refoulement des désirs œdipiens s'est fait vers l'âge de 6 ans grâce aux identifications. L'enfant, qui ne pouvait plus supporter l'angoisse de castration, finit par s'identifier au père et à la mère afin d'oublier, de refouler les désirs incestueux, parricides et matricides. Mais à la puberté, avec l'explosion hormonale, les identifications sont ébranlées: elles n'arrivent plus à contenir les pulsions refoulées. Le doute va s'installer chez l'adolescent: les images parentales qui lui avaient permis de contenir, oublier ou refouler ses pulsions n'y arrivent plus.

En fait, les parents n'ont pas changé. Ce sont les pulsions qui se sont amplifiées. Les rêves et fantasmes œdipiens redeviennent conscients, transformant l'angoisse des 6-7 ans en terreur. L'adolescent ne peut plus s'identifier à ses parents puisque les pulsions sont les plus fortes, d'autant plus que ces pulsions sont de nature incestueuse et parricide. Les parents sont haïs mais adorés en même temps. Ce qui augmente la perplexité des jeunes, leur anxiété et leur angoisse. Les changements corporels sexuels n'arrangent rien. Chez le garçon, la mue de la voix, les poils pubiens, la croissance des organes génitaux n'en font pas encore un homme. Il a beau se masturber avec les fantasmes les plus osés, courir des risques insensés pour séduire sa camarade de classe, il n'est toujours pas un homme. Chez la fille, les règles sont encombrantes, voire angoissantes plus qu'autre chose. Les seins, les fesses peuvent être un objet de désir pour les hommes adultes qui les entourent, mais pour les jeunes de leur âge, ce sont plutôt des objets de raillerie.

C'est alors le temps de la formation des bandes.
Les bandes servent avant tout à renforcer l'identité sexuelle. Les garçons en bande s'identifient les uns aux autres afin de renforcer leur identité sexuelle. Dans un premier temps, ils ne supportent pas la présence des filles qui mettent à mal cette identité sexuelle. Cette identification groupale remplace la fragilité de l'identification paternelle.

C'est le moment idéal que choisissent les prédicateurs en tout genre. Par un discours ultrasimple, d'une solidité à toute épreuve, d'une conviction quasi paranoïaque, le prédicateur emporte l'adhésion des jeunes. Ce n'est pas tant le contenu de ce qu'il dit que sa relation à ce contenu qui emporte l'adhésion. Sa conviction prend la place de la faiblesse du père qui n'arrive à avancer aucun argument valable face à son fils. En plus, comme depuis le début des années 80, les idéologies tombent les unes après les autres, l'adolescent ne peut plus y trouver ce que par exemples les jeunes des années 60/70 y trouvaient. À cette époque, contester les parents passait par une idéologie gauchiste qui encadrait les jeunes et leur permettait de rêver à un monde meilleur. Le discours psychanalytique attirait également les jeunes car il portait en lui un potentiel subversif. Le discours lacanien a permis à beaucoup de jeunes Français de ne pas sombrer dans le terrorisme style Bande à Baader, Fraction armée rouge ou Brigades rouges. Le discours lacanien était porteur d'une subversion psychique qui déconstruisait tout «discours collectif».

Aujourd'hui, gauchisme et lacanisme ont laissé la place à la radicalisation extrêmiste du discours islamiste.
Les bandes que vont constituer les adolescents vont creuser le terrain aux différentes addictions possibles. En groupe, la drogue est un grand danger pour les adolescents. Mais face à la dérive islamiste et à l'horreur qu'elle véhicule, l'addiction à toute sorte de drogue apparaît aujourd'hui bénigne.
On voit combien le rôle des parents est crucial face aux adolescents. Ce sont eux le dernier rempart contre les addictions et la dérive jihadiste. Pour peu qu'ils se souviennent de leur propre adolescence afin de rester proches de leurs enfants. Mais ni trop près ni trop loin. À la bonne distance.

 

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