Rechercher
Rechercher

Liban - La psychanalyse, ni ange ni démon

La sexualité féminine, entre l’envie du pénis et la jouissance Autre

Dans les trois derniers articles parus, nous avons analysé la découverte de la différence des sexes chez le garçon et chez la fille. Cette phase phallique a des points communs avec les deux précédentes phases orale et anale, mais elle s'en distingue nettement : elle permet au petit garçon et à la petite fille de prendre leur distance à l'égard de la mère.

Pendant la phase orale et la phase anale, le petit enfant reste dans une logique de soumission et de rébellion à l'égard de la mère. La rébellion lui donne l'impression de se libérer de l'Autre maternel, mais ce n'est qu'une impression : l'Autre reste la référence dans les deux cas. Dans l'imaginaire de l'enfant, son corps est le complément du corps de la mère : le corps de l'enfant comble la mère, il est ce qui manque à la mère. Dans ces trois premières années de l'enfance, c'est la logique de l'Être qui prévaut. La demande de la mère pousse l'enfant à se soumettre ou à se rebeller. Il est satisfait de combler le manque de la mère en étant son phallus, et il se rebelle contre cette soumission en refusant de l'être.

Dès la découverte de la différence des sexes, vers la troisième année de la vie, les choses changent radicalement. Avoir ou ne pas avoir le pénis devient la priorité pour l'enfant. On passe de l'Être à l'Avoir, changement radical qui introduit l'enfant à son identité sexuelle. L'enfant va se poser un tas de questions pour résoudre cette différence entre le garçon et la fille. Pourquoi le garçon a-t-il un pénis et la fille pas ? Comme les deux sont poussés par des désirs œdipiens tabous, la culpabilité les amène à la théorie de la castration qui leur permet de comprendre la différence des sexes. Si la fille n'a pas de pénis, c'est qu'il lui a été arraché à cause de ses désirs œdipiens tabous : elle hait sa mère et désire son père. Si le garçon a un pénis, c'est qu'il ne lui a pas encore été arraché. Pour éviter cela, pour garder son pénis, le garçon va refouler ses désirs tabous radicalement. Quant à la fille, pour réparer sa castration, elle va envier son frère, c'est le « Penis-neid » ou « l'envie du pénis », l'envie d'avoir un pénis comme son frère. Ou alors, elle va continuer à désirer son père, en rêvant de lui donner un enfant. Là va se jouer le destin sexuel de la fille et de la future femme.

Dans le premier cas, l'envie du pénis, la fille, l'adolescente et la femme adulte reste rivée à un fonctionnement psychique et sexuel de type masculin. Sa mère aura joué un rôle actif : ne pas pouvoir détourner son regard du pubis de son frère. L'Ordre social aura aussi joué un rôle actif : privilégier le masculin. Sa vie durant, la femme sera en rivalité avec l'homme et se contentera d'une sexualité clitoridienne. Les problèmes sexuels dont on a parlé précédemment apparaissent dans ces cas-là. Douleur à la pénétration, vaginisme, frigidité chez la femme orientent la satisfaction sexuelle vers le clitoris. Parallèlement, le partenaire aura une peur de la pénétration avec des fantasmes comme le vagin denté qui empêcheront le coït.

Dans le second cas, la fille n'aura pas peur de continuer de désirer son père. Elle veut lui faire un enfant et réparer ce qu'elle considère comme une infirmité (de ne pas avoir un pénis). Le fait de ne pas refouler totalement ses désirs œdiptiens, comme le petit garçon, lui permet de garder une brêche dans sa barrière défensive contre son inconscient. Cet accès partiel au désir incestueux donnera à la sexualité féminine une dimension transgressive. Ce qui lui permettra de connaître une jouissance Autre, incommensurable, innommable, extatique, proche de la perte de soi, de la folie et de la mort. L'homme qui lui permettra d'y accéder connaîtra une partie de ces délices infinis, « récompense » pour ne pas avoir eu peur de l'avoir accompagnée aussi loin. Comme le dit Hélène Cixous : « Le continent noir n'est ni noir ni inexplorable. Il n'est encore inexploré que parce qu'on nous fait croire qu'il était trop noir pour être explorable. » Ce qui indique bien que l'Ordre social patriarcal, non seulement n'admet pas cette jouissance féminine Autre, mais il la combat depuis la nuit des temps.

C'est pour cette raison que les femmes ont été toujours combattues, dévalorisées, stigmatisées, brûlées sur le bûcher comme des sorcières, soupçonnées et accusées de ne pas avoir une âme, interdites de vote, etc.
Nous pouvons conclure en disant que l'avenir appartient aux femmes, et toute discrimination qui les touche encore est un recul net pour l'humanité.

 

Dans la même rubrique
La phase phallique chez la fille, la sexualité féminine et la Jouissance Autre

La phase phallique ou la découverte de la différence des sexes chez la fille

Les différentes phases du développement psychosexuel de l'enfant

Les différentes phases du développement psychosexuel de l'enfant. La phase anale

Les différentes phases du développement psychosexuel de l'enfant -1- La phase orale et l'état amoureux (suite)

Les différentes phases du dévoloppement psychosexuel de l'enfant -1- La phase orale

Dans les trois derniers articles parus, nous avons analysé la découverte de la différence des sexes chez le garçon et chez la fille. Cette phase phallique a des points communs avec les deux précédentes phases orale et anale, mais elle s'en distingue nettement : elle permet au petit garçon et à la petite fille de prendre leur distance à l'égard de la mère.Pendant la phase orale et la...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut