Modèles de la collection haute couture présentée par Dolce & Gabbana à La Scala de Milan.
Ils ont beau être séparés depuis des années, Domenico Dolce et Stefano Gabbana ont si bien réussi leur couple sur le plan professionnel qu'ils ont adopté ensemble le plus bel enfant qui soit : La Scala, temple milanais de la danse et de l'art lyrique, chef-d'œuvre néoclassique de l'architecte Giuseppe Piermarini, inauguré en 1778.
En décembre dernier, le duo de créateurs avait déjà commencé à manifester son amour en noyant de sublimes ornements floraux la loge royale et en offrant à l'institution l'un des plus beaux sapins de Noël qu'elle ait jamais vu. Mieux, la fondation Dolce & Gabbana avait pris à sa charge l'écolage de vingt étudiants de l'académie de ballet de La Scala. Désormais, ces deux amoureux du patrimoine culturel italien sont adoubés Fondatori sostenitori. En tant que «mécènes fondateurs», ils s'engagent à verser 600000 euros par an sur cinq ans en guise de participation aux frais et diverses restaurations et améliorations de la salle. L'an dernier, pour marquer son lien fort avec La Scala, la maison Dolce & Gabbana avait déjà donné un défilé haute couture dans ce lieu mythique, mais au foyer Toscanini, somptueuse salle des pas perdus de l'opéra.
Le 31 janvier 2016, c'est carrément dans le saint des saints, sur la scène et au-dessus de la fosse de l'orchestre, que la maison Dolce & Gabbana a donné son défilé haute couture (altamoda) 2016. Dans une débauche de soie et de velours rouge, la collection tout entière s'inspirait des détails architecturaux et de la tradition de ce lieu mythique. On a pu retrouver sur les broderies de certaines robes ainsi que dans la dentelle tatouage noire qui ornait les grands décolletés du dos les motifs de stuc des plafonds de la salle. Certains modèles affichaient en plusieurs exemplaires les célèbres parchemins gravés rouge et or des programmes de La Scala. La mise en scène du défilé s'est faite avec la complicité des danseurs de l'académie de ballet.
À l'ouverture, trois danseurs retraçaient en arabesques l'ascension du danseur étoile Roberto Bolle. Submergés par l'émotion, les deux créateurs n'ont pas retenu leurs larmes. Le public, habillé en plein jour comme pour une soirée de première, et bien qu'habitué des manifestations exceptionnelles, était totalement bluffé. Pour célébrer l'événement, sur les tables étaient disposées des pièces montées, véritables sculptures pâtissières qui représentaient, chacune, un opéra ou un ballet célèbre du répertoire de La Scala.
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