Le Front al-Nosra, branche syrienne d'el-Qaëda, a proposé lors d'une réunion organisée il y a une dizaine de jours de fusionner avec d'autres mouvements jihadistes, dont le puissant Ahrar al-Cham, a-t-on appris de sources proches des deux groupes. Abou Mohammad el-Golani, son chef de file, se serait même dit prêt à changer le nom du Front en cas d'accord, mais a exclu de rompre avec l'organisation fondée par Oussama ben Laden.
Groupes armés les plus importants du nord de la Syrie, al-Nosra et Ahrar al-Cham se sont associés l'an dernier au sein de l'Armée de la conquête qui a offert à l'insurrection l'une de ses plus grandes victoires avec la prise d'Idlib, chef-lieu de la province du même nom. Leur fusion, disent certains, permettrait de rivaliser avec l'État islamique (EI), ce qui pourrait leur valoir l'aide de puissances étrangères. Les dirigeants des deux groupes se sont toutefois séparés sans accord et le chef du Front al-Nosra a imputé l'échec des discussions à son interlocuteur.
Quelques jours plus tard, des combats ont opposé les deux organisations à Salqin et à Harem, mais la médiation d'autres mouvements a permis l'instauration rapide d'une trêve, malgré les pertes subies des deux côtés. Leurs rivalités sont toutefois de plus en plus marquées et de nouveaux affrontements éclateront tôt ou tard, dit-on dans les rangs islamistes, y compris au sein d'Ahrar al-Cham, mais l'offensive imminente des forces gouvernementales dans le Nord-Ouest les pousserait pour le moment à la retenue. « La situation a changé. L'échec des initiatives pourrait mettre le feu aux poudres », a déclaré un jihadiste d'Idleb proche des deux groupes. « Ce qui s'est passé a seulement empêché une guerre ouverte, un conflit total, mais il est difficile de savoir comment les choses vont évoluer », a-t-il ajouté.
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Nationalisme contre jihad mondial
De tels affrontements compliqueraient encore la situation, qui n'est guère plus simple sur le terrain diplomatique. La conférence de Genève sur le conflit syrien s'est ouverte hier en l'absence de délégation de l'opposition et un diplomate occidental l'a jugée vouée à l'échec. La défiance est réciproque entre membres d'al-Nosra et d'Ahrar al-Cham. Les premiers reprochent aux seconds de faire le jeu de la Turquie, plutôt que de servir « les intérêts des musulmans ». Ahrar al-Cham, qui siège au Haut Conseil pour les négociations (HCN) mis sur pied avec l'appui de Riyad dans l'optique de la conférence de Genève, se définit par ailleurs comme un mouvement nationaliste, alors qu'al-Nosra prône le jihad international.
Ses dirigeants poussent le Front à rompre avec el-Qaëda pour s'impliquer plus directement dans la lutte contre le régime de Bachar el-Assad. « Le problème, c'est le lien avec el-Qaëda et ses implications idéologiques. Al-Nosra tient à son programme. Il ne veut pas en démordre », a déploré un commandant d'Ahrar al-Cham, accusant le mouvement de « nuire à la révolution ».
Dans les semaines qui ont suivi la prise d'Idleb, l'an dernier, les deux groupes se sont répartis sans problème les tâches et les territoires, mais des dissensions sont vite apparues, Ahrar al-Cham soupçonnant le Front de vouloir le doubler. « Al-Nosra ne veut pas coopérer. Il veut dominer et n'accepte pas les autres », affirme un membre du mouvement. Le Front assure sans convaincre n'avoir aucune ambition au-delà de la Syrie et du Liban. « Cet objectif affiché est provisoire. Une fois qu'ils auront gagné et qu'ils seront bien établis en Syrie, (...) ils rejoindront le jihad mondial qui est contraire à notre révolution. Notre révolution est limitée à la Syrie », insiste un autre combattant d'Ahrar al-Cham.
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L'ENJEU... ET KERRY EST APRÈS çA... EST DE TRANSFORMER LA NOSRA EN ORGANISATION MODÉRÉE ! POUR LA BALANCE DANS LES NÉGOCIATIONS... C'EST COMME HABILLER UN RAPACE EN COLOMBE...
11 h 31, le 30 janvier 2016