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Lifestyle - Liban pop

Georges Khabbaz, « populaire, au sens noble du terme »

Dans ce café où cet auteur, acteur et metteur en scène de pièces et de films populaires est assis, les gens qui le reconnaissent lui adressent des sourires spontanés auxquels il répond gentiment : l'homme jouit tranquillement d'un gros succès d'estime.

Le multioscarisé Daniel Day Lewis, qui l'avait vu dans Sous les bombes de Philippe Aractingi, l'a abordé dans un festival de cinéma à l'étranger par ces mots: «You are a great actor.» Doureid Laham, à qui l'ont demandait un jour qui, selon lui, allait prendre la relève des grands comiques arabes, l'a désigné comme l'unique comédien valable dans cette catégorie.

Georges Khabbaz avoue tirer une légitime fierté de ces éloges. Mais l'opinion qui compte le plus pour lui reste celle de «monsieur et madame tout le monde: c'est pour eux que je fais du théâtre. C'est à eux que je m'adresse dans les pièces ou les films que j'écris, mets en scène et joue», affirme cet artiste qui se revendique «populaire, au sens noble du terme. Car mes œuvres sont divertissantes et accessibles à tous, mais ni grossières ni triviales».
Pour cet auteur-acteur-metteur en scène qui compare volontiers son travail à du «Molière libanais et contemporain», la scène a toujours été une évidence. «J'ai toujours voulu exercer ce métier. C'était mon rêve d'enfant. Mais comme j'aimais beaucoup la musique, en particulier le piano que j'ai appris à jouer dès l'âge de 6 ans, j'ai préféré décrocher un diplôme de musicologie (à l'Usek) plutôt que d'art dramatique. Parce que j'estime que la musique s'étudie, alors qu'on n'a pas vraiment besoin d'apprendre à jouer la comédie. J'ai cependant relié les deux disciplines dans mon master de théâtre musical.»

Sourire aux lèvres et larme à l'œil
Depuis ses débuts, en 1996, dans des séries télévisées comme Nissa' fi al-3ssifa ou Talbin el-orb, Georges Khabbaz a tracé, tranquillement, son bonhomme de chemin. En s'inscrivant dans le registre de la comédie noire, «celle qui fait rire les gens de leur propre misère», dit-il. Du petit écran aux planches, puis au cinéma, en une vingtaine d'années, ce boulimique de travail a écrit, mis en scène et interprété plus de 12 pièces largement inspirées des dysfonctionnements de notre société. «Et il y en a plein au Liban: le communautarisme, le féodalisme, la discrimination, le racisme, pour n'en énumérer que quelques-uns», déplore-t-il. «En réalité, mes œuvres sont comme un miroir qui renvoie au spectateur libanais son reflet, celui d'un homme, ou d'une femme, qui a à la fois le sourire aux lèvres et la larme à l'œil.» Il a aussi participé en tant qu'acteur ou auteur-réalisateur à 4 long métrages: le fameux Sous les bombes (qui lui a valu le prix du meilleur acteur au 8e Festival de Rotterdam), Selena, Ghadi et Waynoun. Il a signé le scénario et la réalisation des deux derniers: un conte sur la différence et un documentaire sensible sur les disparus de la guerre libanaise.

«Ce sont deux sujets que me tenaient à cœur et que je voulais défendre à ma manière», confie l'artiste. «C'est en travaillant avec Acsauvel, qui s'occupe d'enfants trisomiques, que j'ai découvert combien ces enfants dits attardés sont en réalité des êtres pleins de joie, d'affection et de loyauté. Et combien, en contrepartie, ils sont encore rejetés et cachés dans notre société. J'ai ressenti le besoin de leur consacrer une histoire, en l'occurrence Ghadi, un film qui dénonce, avec humour et légèreté, le regard attardé de notre société sur ces enfants, mais aussi sur tous ceux qui sont un peu différents. Je suis heureux du succès qu'il a recueilli auprès d'un très nombreux public.»
Ce film qui a participé à 21 festivals et recueilli 9 prix internationaux a encouragé Georges Khabbaz à poursuivre dans la voie cinématographique. Sans pour autant abandonner les planches. Il vient de démarrer Maa el-Wa't Yemken (Avec le temps, peut-être), sa dernière pièce sur le thème «des vraies motivations derrière le désir d'enfant»*
Il va bientôt reprendre sa collaboration avec le réalisateur Amin Dora et le producteur Gabriel Chamoun (Talkies) pour un nouveau film qui, nous confie-t-il, «sera une sorte d'hommage à la poésie. Quelque chose dans l'esprit de Il Postino ou de Cyrano de Bergerac, en arabe, bien sûr».

Une chose est certaine, cet homme qui a pour icônes «Jésus-Christ, Charlie Chaplin, Gandhi, Mère Teresa et l'imam Ali» a plus d'une corde à son arc et de nombreux messages qu'il veut communiquer.
«Chacun d'entre nous essaye de laisser une empreinte sur son environnement. Je ne me pose pas en réformateur mais si je peux contribuer à faire réfléchir au moyen de mon art, ne serait-ce que quelques personnes, peut-être qu'elles-mêmes seront alors encouragées à prendre l'initiative de changer les choses», espère ce grand croyant. «En l'humain», insiste-t-il.

*À l'affiche du théâtre Château Trianon à Jal-el-Dib jusqu'au 1er juin.

 

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