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Cinema- - À l’affiche

Quand Ziad Rahbani est téléporté dans le futur

« Si "Benessbé La Boukra Chou" ressemble à un quelque chose, ce serait à un film de Buster Keaton », avait écrit Samir Nasri en 1978 dans « L'Orient-Le Jour ».

Ziad Rahbani et Nabila Zeitouni face à la société de consumérisme.

« Effectuant un nouveau pas en avant dans sa conception d'un théâtre profondément cinématographique, Rahbani a conçu sa pièce comme un script de film. Ses scènes sont autant de séquences avec leur découpage rythmique, les plans généraux, les gros plans, les plans parallèles, avec sa bande-son et sa musique de fond, avec les dialogues cut cut et les fondus en noir. Si Benessbé La Boukra Chou ressemble à un quelque chose, ce serait à un film de Buster Keaton. » (Samir Nasri, L'Orient-Le Jour, mardi 28 février 1978).
Paroles prémonitoires d'un critique de cinéma, collaborateur de L'Orient-Le Jour. Si Samir Nasri était encore en vie, il aurait été bien content de voir cette pièce de théâtre écrite, mise en scène et interprétée par le jeune prodige des enfants Rahbani enfin sur grand écran.
C'est donc grâce à l'initiative de la start-up Mmedia, plateforme digitale de films et autres productions artistiques libanais, en collaboration avec Media Content, que la pièce de théâtre signée Ziad Rahbani, qui avait séduit le public libanais en 1978, a été remise à jour sous forme digitale. Comment et pourquoi ? Moe Hamza, responsable à Mmedia, répond aux questions de L'OLJ.


(Lire aussi : La renaissance, couleur sépia, de « Bennesbeh laboukra chou ? »)

 

À l'origine, qu'étaient exactement ces extraits filmés de la pièce ?
Il s'agissait d'abord de rushes tournés par la sœur de Ziad Rahbani, Layal, lors des performances théâtrales. L'artiste aimait à filmer ses pièces, non dans un but commercial (en faire plus tard un film sur grand écran), mais par simple esprit perfectionniste : pour se corriger et corriger les prestations des comédiens. Notre compagnie a eu vent de ces rushes et a tenté de les restaurer et d'en faire un film à part entière.

Pourquoi cet intérêt porté à ce projet ?
Parce que la pièce Benessbé La Boukra Chou, ainsi que les autres œuvres de Ziad Rahbani font partie du patrimoine scénique et musical du Liban, et que l'objectif que s'est fixé Mmedia est de rendre accessible ce patrimoine. Notre ambition à l'avenir est de constituer une bibliothèque digitale intéressante, avec un grand nombre d'œuvres cinématographiques et littéraires libanaises pour les générations futures.

 

(Pour mémoire : Ziad Rahbani, conjugué à tous les tempos)


Quelles ont été les principales étapes de la démarche ? Et les difficultés inhérentes ?
Ces extraits de film ont été tournés il y a 35 ans en 8 mm. Nous avons appris leur existence il y a 17 ans. Il s'agissait d'abord de convaincre le metteur en scène et compositeur Ziad Rahbani de les révéler au grand jour. Après beaucoup de tractations, nous sommes arrivés à nos fins. Mais les copies étaient souvent défectueuses. Il fallait donc faire un tri des extraits acceptables, les relier afin de restaurer la pièce dans son intégralité, puis isoler le son afin de ne pas entendre les bruits du public. Cela a nécessité trois ans de travail, d'abord aux États-Unis, puis en Allemagne. C'est pourquoi nous conseillons aux spectateurs de ne pas être trop regardants, mais d'aller au-delà des légers défauts pour s'offrir le plaisir que cette copie-là procure. Elle est pour nous une miraculée de notre passé.


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Zakaria et Thuraya dans la ville

Le pitch de la pièce : Zakaria et Thuraya sont un couple qui vient de s'installer à Beyrouth. Pour subvenir aux besoins de leurs enfants scolarisés, ils sont obligés de travailler dans un bar. Plus encore : Thuraya, avec l'accord de son mari, doit recourir à des moyens pas très orthodoxes : plaire aux clients du bar et les pousser à consommer. Le couple pourra-t-il faire face à ce quotidien difficile ou implosera-t-il ? Le chômage, l'attrait de la ville et les difficultés matérielles sont autant de problèmes relevés dans cette pièce en dialogues et en musique sur un ton badin, mais grave, et qui rappellent que rien n'a changé au Liban.
Outre le bon jeu de tous les comédiens (Nabila Zeitouni, Boutros Farah, Rafik Najem, Faeq Hmeisi), c'est avec nostalgie qu'on se souvient de Joseph Sakr, grand compositeur et chanteur de talent disparu trop tôt de la scène libanaise. C'est donc une occasion, non de l'entendre, mais de le voir chanter entre autres 3a Hadir el-Bosta...

 

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