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Cinema- - Entretien

Ziad Doueiri, rat des villes et rat des champs (de bataille)

« Le Baron noir » est une création originale Canal+, dont le tournage a commencé fin mai pour se terminer en août. Aux commandes de ce thriller politique, écrit par Éric Benzekri et Jean-Baptiste Delafon et qui se déroule entre Dunkerque et Paris, le metteur en scène libanais Ziad Doueiri. Il répond aux questions de « L'Orient-Le Jour ».

Ziad Doueiri : Réaliser une série télévisée est un grand défi pour moi. (DR)

Le Baron noir : voilà une série télévisée de huit épisodes de 52 minutes chacun qui relate l'épopée politique et judiciaire de Philippe Rickwaert, député-maire du Nord, porté par une incroyable soif de revanche sociale. Lorsqu'il voit, durant l'entre-deux tours des élections présidentielles, son avenir politique s'effondrer et son mentor le sacrifier pour sauver sa tête, il va petit à petit s'imposer contre celui qui l'a trahi.

De la politique du Moyen-Orient à celle de la France, comment ce projet est-il né ?
J'étais sur le point de rentrer à Beyrouth pour le tournage de mon prochain film lorsqu'on m'a contacté pour me proposer ce projet. Éric Benzekri et Jean-Baptiste Delafon, les auteurs de la série, avaient vu mon dernier film, L'Attentat, et étaient enthousiastes de travailler avec moi. Je ne les connaissais pas, mais ce sont des insiders de la politique. Dès que j'ai lu les premiers feuillets de l'histoire, j'ai accroché et j'ai eu envie de tenter l'aventure alors que je n'avais jamais réalisé de série télévisée. Et comme je sais que Canal + est une chaîne (avec Arte) qui aime prendre des risques, je me suis lancé, tout en laissant en suspens le film que je devais réaliser à Beyrouth.

Vous vous êtes donc réconcilié avec le Liban après l'affaire « L'Attentat » ?
Je n'ai jamais été en guerre contre mon pays natal. Cela reste le lieu où j'aime le plus tourner. Pour L'Attentat, cela a été davantage qu'une déception. Cela a été douloureux. Imaginez que j'avais eu le permis de projection de la part de l'État, mais le comité de censure a tout fait pour l'interdire et faire revenir le ministre de l'Intérieur de l'époque sur sa décision. Ces gens-là, je les traite de « vendeurs de châtaignes » qui veulent s'approprier exclusivement la cause palestinienne à leur manière. Mais revenons au Baron noir, une affaire également politique mais cette fois française.

Comment se met-on à jour pour entrer dans les dédales de la politique franco-française ?
En faisant beaucoup de recherches, en allant sur les lieux mêmes afin de s'imprégner de l'histoire. Après quelques mois, j'ai réussi à m'approprier les personnages et l'histoire.

Les séries télévisées, ce n'était pourtant pas votre truc ? Avez-vous trouvé des difficultés ?
Une série télévisée a un rythme plus rapide qu'un film de cinéma. Le scénario est plus dense et il y a beaucoup de déplacements pour le tournage, puisqu'il a lieu entre Dunkerque, ville du Nord, et Paris. Mais je partais déjà dans cette aventure avec la moitié du travail déjà fait. Vous me demanderez pourquoi ? Eh bien, parce que l'écriture du récit est très bien ciselée et j'ai eu droit à un casting magnifique, avec notamment Niels Arestrup, Kad Merad et Anna Mouglalis. Enfin, l'intrigue comporte beaucoup de tournants psychologiques, ce qui me permettait d'avoir des angles de caméra assez intéressants : une perspective et de la profondeur, comme si on lisait le personnage en trois dimensions. Avoir accepté ce projet était donc un challenge pour moi et je sens l'avoir relevé. Avec beaucoup de plaisir.

Comment avez-vous conçu l'histoire visuellement ?
J'avais demandé aux producteurs de me donner l'entière liberté de concevoir la série. Et je l'ai obtenue. Ainsi j'ai pu filmer Dunkerque avec toutes ses caractéristiques urbaines : sites industriels et portuaires, le centre-ville avec l'hôtel de ville, le Grand Large, la digue du Braek... et les cheminées. Pour Paris, idem : pas de tour Eiffel et d'images carte postale, mais des gratte-ciel, des routes... Je suis un enfant de la ville, pas de la campagne. J'ai grandi à Beyrouth, puis j'ai vécu à Los Angeles et New York. Les cités me parlent et j'aime les regarder prendre forme.

 

En quelques dates...

Né en 1963 à Beyrouth, Ziad Doueiri porte la triple casquette de réalisateur, cameraman et scénariste.
Il fait ses débuts en tant qu'assistant à la caméra pour Quentin Tarantino, notamment pour Jackie Brown, Pulp Fiction et Reservoir Dogs, mais c'est son premier long métrage West Beyrouth, symbole du renouveau du cinéma libanais en 1998, qui le fait connaître. Ce film a obtenu de nombreuses récompenses, entre autres le Prix Fipresci au Festival international de Toronto. En 2005, il réalise Lila dit ça et en 2012, L'Attentat, salué également dans différents festivals, mais interdit à Beyrouth.
Après Los Angeles, le réalisateur libanais s'établit à Paris, mais continue ses allers-retours au Liban.

 

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