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Moyen Orient et Monde - Reportage

Quand des yeux humides et des regards tristes commentent « l’Alep d’aujourd’hui »

La deuxième ville de Syrie est sous la neige et sans électricité.

Un semblant de vie normale dans une rue d’Alep, détruite par les bombardements. Abdelrahman Ismaïl/Reuters

Dans le noir complet, une dame âgée éclaire à l'aide d'une lampe de poche Bassel, un jeune homme venu lui installer « un ampère ».

Dehors, il neige. La température est supportable, même s'il est très difficile de se réchauffer. L'absence d'électricité signifie l'absence de chauffage, mais également de lumière ou de télévision, un divertissement dont certains profiteraient pourtant avec plaisir pour échapper quelques minutes à un quotidien éprouvant. Après cinq ans de guerre, particulièrement difficiles pour les Alépins, la fatigue est également morale.

La veille, l'électricité est revenue après trois mois de coupure totale. Pour quelques heures seulement... « Un groupe rebelle a dû bombarder les câbles, c'est ainsi depuis plus de trois ans », commente cette vieille femme souriante et indéniablement résiliente.

(Lire aussi : « Nous n’avons pas un autre endroit, nous sommes obligés de rester »)

La guerre que se mènent rebelles et soldats de l'armée syrienne aux alentours et dans la ville pèsent cruellement sur la population civile. La ville est coupée en deux, beaucoup ont perdu leur travail et un grand nombre a préféré fuir pour rejoindre une autre région du pays, ou même l'étranger. C'est ce qui semble le plus douloureux pour l'immense majorité des Alépins rencontrés. La population reste fière de sa ville, que pourtant elle ne reconnaît plus, de ses spécialités, de son accent et de ses expressions si particulières... Mais ce sont des yeux humides et des regards tristes qui commentent « l'Alep d'aujourd'hui ».

Brancher le générateur

De nombreux vendeurs se sont installés dans les rues autrefois claires, des distributeurs d'eau mobiles arpentent les allées jonchées de réservoirs et de générateurs. Souvent, la population manque également d'eau.
« En ce moment, l'eau, ça va! » sourit cette femme qui tient toujours à la main sa lampe de poche. Sur son balcon, le jeune homme s'active pour percer des trous dans la cloison et passer un fil qu'il fait courir le long du mur, afin de le brancher à un générateur situé dans la rue, trois étages plus bas.

Ces générateurs ont fleuri un peu partout depuis quelques mois afin de pallier tant que possible le manque d'électricité. Avant, les maisons possédaient leur générateur, qu'il est devenu très difficile de faire tourner en raison du manque d'essence et de son prix parfois exorbitant. Ce sont donc des ampères que les gens récupèrent maintenant, en fonction du prix qu'ils peuvent y mettre.

(Pour mémoire : La nightlife reprend des couleurs à Alep)

Ces grosses machines sont attentivement gardées par leurs propriétaires, attablés sous une toile jour et nuit, à proximité de leur bien. Une manière comme une autre de gagner un peu d'argent. Tous tentent de travailler selon les opportunités.

Solidarité impressionnante

Dans le petit appartement, le responsable de la mission Syrie de l'association SOS Chrétiens d'Orient, Alexandre, regarde faire Bassel, dont il aide à financer le travail. « Notre but est d'aider tous les Syriens qui ont le courage de rester sur place, à Alep comme ailleurs, malgré la guerre », explique-t-il. L'électricien, payé par la paroisse Saint-Dimitri, grâce à l'aide de l'association française, habitait autrefois dans le quartier Cheikh Maksoud, aujourd'hui investi par les rebelles. Il a perdu sa maison et son travail, mais la situation lui a offert l'opportunité de recommencer à gagner sa vie. Un coup de main providentiel pour ce jeune père de deux enfants.

(Voir : Les deux visages d'Alep)

Les câbles sont tirés. Un ampère ne représente pas grand-chose, il faudra choisir entre la lumière de la cuisine ou celle du salon. « Cela change tout », confie pourtant la propriétaire reconnaissante, qui n'aurait pu s'offrir ce « luxe ».

Elle n'est pas la seule, de nombreuses familles ont besoin d'aide. Mais la solidarité alépine a fait ses preuves : ils sont des dizaines à mettre en place de nouveaux projets chaque jour pour soulager leurs frères plus nécessiteux, soutenus financièrement par plusieurs associations caritatives locales ou étrangères parmi lesquelles l'incontournable Croissant-Rouge, mais également Caritas, l'AED ou l'Œuvre d'Orient.

À quelques mètres de là, des étudiants gagnent trois sous en allant distribuer des bidons d'eau aux malades et aux personnes âgées. « Ces personnes-là ne peuvent venir la chercher dans les rues, il fallait mettre en place un système pour qu'elles ne soient pas oubliées », explique Joseph, un père de famille particulièrement actif dans la ville.

Au cœur de l'enfer, brillent parfois quelques très belles âmes...


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Dehors, il neige. La température est supportable, même s'il est très difficile de se réchauffer. L'absence d'électricité signifie l'absence de chauffage, mais également de lumière ou de télévision, un divertissement dont certains profiteraient...
commentaires (1)

Ils avaient, avec les mêmes méthodes, maltraité notre Bâïyroût ! Khâââï ! A présent c'est leur tour....

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

05 h 07, le 18 janvier 2016

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Commentaires (1)

  • Ils avaient, avec les mêmes méthodes, maltraité notre Bâïyroût ! Khâââï ! A présent c'est leur tour....

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    05 h 07, le 18 janvier 2016

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