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Liban - L’hommage à Fouad Bourtos

Un homme d’État, un vrai, et non un politicien

J'ai connu Fouad Boutros il y a 30 ans.
Je me targue de bien le connaître pour la relation dense que j'ai entretenue avec lui et sans discontinuité.
Ma connaissance de ce noble personnage est d'autant plus profonde qu'on n'appartenait pas à l'époque à la même famille politique. Lui était le plus éminent des chéhabistes et moi, j'étais modestement Forces libanaises !
Fouad Boutros est un des grands du Liban. En fait, le plus grand, à mon humble avis!
C'était un homme politique. Pas un politicien !
Il avait une approche nationale et non politicienne de la situation au Liban. Pour lui, accéder au pouvoir étatique représentait le moyen de servir efficacement la chose publique, l'intérêt national suprême !
Exactement le contraire de ce qu'est la majorité écrasante des politiciens de nos jours, avides de pouvoir et d'argent dans le but d'assouvir leurs intérêts personnels.
Plus encore, il était un homme d'État. Un vrai !
Pour lui, le seul moyen d'assurer l'existence de la fragile entité libanaise était la consolidation de l'État libanais, de son indépendance et sa souveraineté.
Le vivre-ensemble islamo-chrétien, pierre d'achoppement de l'entité libanaise, n'excluait pas à ses yeux, en aucun cas, la nécessité d'une participation paritaire des chrétiens au pouvoir étatique pour garantir ce Liban-message auquel il était totalement attaché !
Il était cyniquement réaliste. Il n'était pas pessimiste.
Sa vision stratégique, sa perception lucide de la réalité politique, son évaluation objective des situations, son analyse intelligente des éléments constitutifs d'une conjoncture faisaient qu'il prévoyait à l'avance le cheminement des événements qui débouchaient inéluctablement sur des catastrophes. C'est pourquoi, d'aucuns (qui ne le connaissaient pas !) le qualifiaient de pessimiste, d'« oiseau de mauvais augure d'Achrafieh » (boumet al-Achrafieh) !
Ce réalisme acide contrastait avec sa verve, son énergie, sa volonté inépuisable de lutter contre vents et marées pour la pérennité d'un Liban libre, souverain et indépendant.
De plus, Fouad Boutros était un grand intellectuel, extrêmement cultivé, doté d'une intelligence supérieure et d'une personnalité de fer.
Il lisait beaucoup, digérait l'essentiel des idées mais ne s'encombrait pas la mémoire de menus détails. La culture n'est-elle pas ce qui reste après avoir tout oublié ?!
Par ailleurs, il voulait toujours « être dans le coup ». Rien ne devait lui échapper. Il était un véritable « animal politique », tout en étant correct et honnête !
Ferme sur les principes, souple en application, négociateur émérite, il connaissait les limites du possible et savait proposer les meilleures solutions réalisables d'une situation donnée et non les meilleures solutions dans l'absolu !
Homme d'action, il savait prendre les initiatives au moment opportun, usant de ses relations diversifiées et de toute son envergure !
Il n'avait aucune réserve à connecter avec des adversaires ou même des ennemis ! Il avait ses convictions. Il y tenait fermement, sa confiance en lui-même étant inébranlable. L'important, pour lui, était la teneur d'une négociation et non pas l'interlocuteur.
Le Liban a perdu, avec la disparition de Fouad Boutros, le plus éminent de ses défenseurs ! Moi, j'ai perdu un ami et un maître à penser !

J'ai connu Fouad Boutros il y a 30 ans.Je me targue de bien le connaître pour la relation dense que j'ai entretenue avec lui et sans discontinuité.Ma connaissance de ce noble personnage est d'autant plus profonde qu'on n'appartenait pas à l'époque à la même famille politique. Lui était le plus éminent des chéhabistes et moi, j'étais modestement Forces libanaises !Fouad...

commentaires (1)

Plus de grands homes dans notre pays !!!!ou ils se font rares....

Soeur Yvette

16 h 24, le 12 janvier 2016

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Commentaires (1)

  • Plus de grands homes dans notre pays !!!!ou ils se font rares....

    Soeur Yvette

    16 h 24, le 12 janvier 2016

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