L’alliance de combattants kurdes et arabes soutenue par la coalition aérienne américaine a annoncé s’être emparée d’un barrage stratégique sur l’Euphrate, à seulement 22 km de Raqqa. Rodi Said/Reuters
Un nouvel accord a été trouvé entre les parties en conflit en Syrie pour permettre l'évacuation d'une ville proche de la frontière libanaise et de deux villages du nord du pays à partir d'aujourd'hui, ont indiqué des sources proches des négociations.
Les combattants rebelles retranchés depuis plusieurs mois dans la ville de Zabadani bénéficieront ainsi d'un passage garanti jusqu'à l'aéroport de Beyrouth avant de rejoindre leur destination finale en Turquie sous la protection du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), précisent ces sources. Dans le même temps, environ 300 familles des villages chiites d'al-Foua et de Kfarya dans la province d'Idleb, tenue en grande partie par les insurgés, seront évacuées par un convoi terrestre jusqu'à la frontière turque. De là, les familles seront transportées par avion jusqu'à Beyrouth pour être soignées à l'hôpital al-Rassoul al-Aazam, tenu par le Hezbollah.
Par ailleurs, le chef d'état-major de l'armée de l'air a assuré, dans une interview donnée à la chaîne télévisée Rossiya 24, que l'aviation russe n'a jamais bombardé de civils depuis le début de sa campagne de frappes en Syrie, il y a près de trois mois. « Les forces militaires n'ont jamais touché de cible civile », a affirmé le général Viktor Bondarev. Les pilotes russes, qui sont selon lui parfaitement entraînés, « n'ont jamais manqué leur cible et n'ont jamais touché (...) des lieux jugés sensibles, comme des écoles, des hôpitaux ou des mosquées », a-t-il ajouté.
Pour rappel, l'ONG Amnesty International a accusé cette semaine la Russie d'avoir massivement bombardé des zones habitées et a même parlé de possibles crimes de guerre, ce dont s'est défendu Moscou. Pour l'ONG, la Russie a eu recours à « des bombes à sous-munitions », interdites par les conventions internationales, des bombes incendiaires et des « bombes non guidées » contre « des zones d'habitation à forte densité de population ». Amnesty se penche en particulier sur six raids qui ont touché les provinces de Homs, d'Idleb et d'Alep entre le 30 septembre, date du début des attaques aériennes russes, et novembre, et qui ont provoqué la mort d'« au moins 200 civils et (d')une dizaine de combattants ». « Certaines frappes aériennes russes semblent directement viser des civils ou des biens à caractère civil », a commenté Philip Luther, directeur d'Amnesty pour le Moyen-Orient, d'après lequel « ces attaques peuvent constituer des crimes de guerre », car « aucune cible militaire ni aucun combattant ne se trouvait dans l'environnement immédiat ».
(Lire aussi : La mort de Allouche remet en question les négociations de paix)
Route stratégique
Sur le terrain, l'alliance de combattants kurdes et arabes soutenue par la coalition aérienne américaine a annoncé samedi s'être emparée d'un barrage stratégique sur l'Euphrate, à seulement 22 km de Raqqa, bastion du groupe État islamique (EI) en Syrie. Le colonel Talal Selo, porte-parole des Forces démocratiques syriennes (FDS), a indiqué que la progression éclair de milliers de combattants de l'alliance dans la nuit de vendredi à samedi avait permis à ces derniers de se rendre maîtres du barrage situé près de la ville de Madinet al-Thawrah. La prise du barrage coupe la principale route entre Raqqa et la région d'Alep, où les jihadistes de l'EI combattent d'autres groupes rebelles et les forces gouvernementales syriennes. Selon le colonel Selo, les bombardements de la coalition américaine ont permis la progression rapide des troupes depuis le début de l'offensive en cours il y a quatre jours. « Les avions de la coalition ont participé aux campagnes militaires précédentes, ainsi qu'à celle-ci et aux prochaines. Nous avons établi un partenariat stratégique : ils fournissent la couverture aérienne et nous les troupes au sol », a-t-il dit à Reuters. L'officier a assuré que les jihadistes avaient subi de lourdes pertes.
Parallèlement, l'Onu a annoncé samedi sa volonté d'entamer le 25 janvier les négociations entre le régime de Damas et l'opposition pour mettre fin à la guerre en Syrie. Le médiateur de l'Onu Staffan de Mistura a annoncé dans un communiqué avoir « intensifié (ses) efforts » avec pour objectif de « commencer les discussions intersyriennes le 25 janvier à Genève ». Le régime du président syrien Bachar el-Assad avait annoncé jeudi qu'il était prêt à prendre part à ces négociations, soulignant cependant qu'il attendait de savoir quels groupes de l'opposition y participeraient. Une question cruciale puisque Damas qualifie de « terroristes » tous les groupes qui combattent le régime, ne faisant aucune différence entre les rebelles et les jihadistes du Front al-Nosra – la branche syrienne d'el-Qaëda – ou de l'EI.
Les négociations font partie d'une feuille de route adoptée le 19 décembre par les 15 membres du Conseil de sécurité pour trouver une solution politique au conflit qui ravage la Syrie depuis 2011 et qui a fait plus de 250 000 morts et des millions de déplacés. Outre les pourparlers, cette résolution inédite prévoit un cessez-le-feu, un gouvernement de transition et des élections dans les 18 mois.
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commentaires (5)
On ne trouve rien "normal", ni les un ni les autres, le Liban est assez gangréné par tous ces nuisibles....
Christine KHALIL
16 h 04, le 28 décembre 2015