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Liban - Éclairage

Les Kataëb : « Sans assurances, nous ne voterons pas Frangié, mais sans boycotter la séance, ni le président élu »

Le « programme électoral » détaillé jeudi soir par le candidat à la présidence de la République, le chef des Marada Sleiman Frangié, lors d'un programme sur la LBCI, sera-t-il à même de rassurer les autres partis chrétiens ?
Ayant exprimé de fortes réserves à l'égard de cette « candidature surprise » parrainée par le chef du bloc du Futur, Saad Hariri, aucun des partis chrétiens ne s'est encore prononcé sur la prestation donnée jeudi par le leader du Nord, ni dans un sens ni dans l'autre.
Préférant de toute évidence prendre le temps d'assimiler le contenu et la portée des « assurances » données par M. Frangié aussi bien à ses alliés qu'à ses adversaires politiques, les partis chrétiens, qui ont exprimé – chacun pour des considérations et des intérêts propres – des positions récalcitrantes à l'égard de sa candidature, prendront certainement le temps de décortiquer les moindres détails de son entretien, avant de le commenter publiquement.


Outre la réaction indirecte du ministre aouniste de la Culture, Élias Bou Saab, qui a réaffirmé hier la constante martelée par le CPL, à savoir que Michel Aoun reste « le candidat fort » dans la course présidentielle, le mutisme était de rigueur chez les FL aussi bien que chez les Kataëb.
Ces derniers, qui avaient à maintes reprises affirmé attendre des explications de la part de M. Frangié sur un certain nombre de sujets – avec à leur tête la relation avec le régime de Bachar el-Assad, dont le candidat a toujours été proche, les armes du Hezbollah et la distanciation du Liban par rapport aux crises régionales –, réitèrent à qui veut les entendre que ce n'est pas la personnalité du candidat qui les inquiète, encore moins son passé, mais son projet et sa vision globale une fois élu.
Or, assuraient encore les milieux du parti à la veille de l'apparition télévisée du chef des Marada, les quelques sons de cloche recueillis ici et là, notamment de la bouche même de Saad Hariri, n'étaient pas « suffisamment rassurants ». Même si l'on préfère dans ces milieux un candidat d'entente choisi en dehors du quartette de candidats réunis à Bkerké – ni 8 ni 14 Mars – un centriste éclairé, imbibé de sentiment patriotique – « ils sont nombreux à répondre à ces critères », assurent les sources proches du parti –, il n'en reste pas moins que les Kataëb ne mettront pas de veto sur M. Frangié, assure-t-on par la même occasion.


Si le discours de la veille ne les aura pas suffisamment convaincus, ni les précisions ultérieures que le parti réclamera probablement au candidat dans les jours à venir, les Kataëb affirment toutefois « qu'ils feront acte de présence au Parlement le jour de l'élection et ne boycotteront pas ultérieurement le président s'il est élu ». Et pour cause : si elle a lieu – ce qui est encore loin d'être acquis –, l'élection d'un président de la République, incontournable pour mettre un terme à la vacance à ce poste et insuffler un semblant de vie aux institutions paralysées par un dysfonctionnement quasi pathologique, n'aura pour effet que l'équivalent d'un analgésique administré à un malade souffrant d'affections chroniques.
Aussi bien l'élection d'un président que la formation subséquente d'un gouvernement « ne sont que du replâtrage », poursuivent les sources.


Tant que les problèmes structurels du système politique n'auront pas été réglés dans la forme et dans le fond, le pays sera acculé à réitérer une nouvelle décennie de paralysie, de vide institutionnel à intervalles réguliers, ponctués de querelles d'épiciers autour du partage des quotes-parts entre les chefs des communautés, de veto et de contre-veto improductifs, bref d'états successifs de non-gouvernance. Rien qu'à faire un simple calcul arithmétique pour la décennie 2005 à 2015, il ressort un bilan de 8 ans de vie politique en berne pour cause de blocages, de tergiversations et de tractations infructueuses (paralysie du Parlement pendant 8 mois en 2008, vacance présidentielle concomitante, 10 mois de stagnation durant le mandat de Saad Hariri, 11 mois pour la formation du gouvernement de Tammam Salam) contre deux années seulement de fonctionnement minimal des institutions.


En bref : le système n'est plus fonctionnel et les réponses à ce mal sont à rechercher non seulement dans une culture nationale de l'insouciance à l'égard de la vie citoyenne, mais aussi (surtout ?)
dans le texte d'une Loi fondamentale aux multiples lacunes. Qu'il soit intentionnel ou non, le flou prévalant dans certaines clauses majeures de la Constitution « invite à l'exploitation », assurent ces sources, qui dénoncent à titre d'exemple le délai laissé « ouvert » aux candidats à l'élection présidentielle ou encore celui prévu pour la formation d'un gouvernement, qui peut s'éterniser au gré des conjonctures, des intérêts en jeu et des caprices politiques. Le problème du quorum nécessaire pour élire un chef de l'État a prouvé par ailleurs son effet de nuisance à l'égard d'une République décapitée, qui s'échine, en vain, à regagner ses galons d'honneur.


Et quand bien même l'on parviendrait à bout de forcings à élire un président, à quel type de gouvernement peut-on aspirer ? Les choix sont limités et surtout voués à l'échec, si l'on se penche une fois de plus sur l'expérience récente. Un gouvernement d'union nationale, entendre « une agglutination de conseils communautaires, de contradictions, de divisions, des querelles autour des quotes-parts, sans plan ni vision d'avenir, n'est plus le type de gouvernement qui puisse répondre aux attentes des citoyens, qui, il y a quelques mois, ont tiré la sonnette d'alarme dans un mouvement de protestation populaire jamais vu auparavant », assure-t-on encore dans les milieux Kataëb. Un gouvernement de majorité en présence de partis communautaires, susceptible de marginaliser une communauté tout entière et d'exacerber les sentiments confessionnels et communautaires (comme cela s'est vu avec les gouvernements de Nagib Mikati ou de Fouad Siniora, après le retrait des ministres chiites ), n'est pas la solution non plus.


Le choix est donc réduit soit à un gouvernement dysfonctionnel, paralysé, soit à un gouvernement majoritaire qui ne reflète pas l'esprit du pacte national. D'où la nécessité de structurellement réformer un système qui n'est plus viable, en déléguant une partie des prérogatives et des tâches incombant au pouvoir central – notamment les services publics – à des conseils locaux, élus au niveau du caza. En décentralisant les fonctions qui ont été, des années durant, « à l'origine de la convoitise des milieux mafieux infiltrés au sein de la classe politique », on réduirait inéluctablement la corruption, et, du même coup, l'emprise des chefs communautaires sur la vie politique. La mise en place de mécanismes de contrôle et de reddition de comptes au niveau du conseil local consolidera ainsi le principe de « la proximité de la gouvernance », les citoyens pouvant désormais « mieux contrôler, surveiller et demander des comptes ».
Vous avez dit décentralisation ? Et pourquoi pas, soulignent ces sources, s'il s'agit d'une aspiration exprimée, selon un récent sondage, par 80 % des Libanais ?

 

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commentaires (10)

Une chose est claire: Iznogoud-Aoun ne sera jamais président de la république libanaise. Heureusement pour nous!

Dounia Mansour Abdelnour

18 h 34, le 19 décembre 2015

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Commentaires (10)

  • Une chose est claire: Iznogoud-Aoun ne sera jamais président de la république libanaise. Heureusement pour nous!

    Dounia Mansour Abdelnour

    18 h 34, le 19 décembre 2015

  • EN 2OO8 A DOHA SOLIMAN LE MINIFIQUE ET SES BOSSES DU 8 MARS ONT DONNEE DES GARANTIES ET DES ASSURANCES QU'ILS N'UTILISERAIT PAS LEUR TIERS DE BLOCAGE POUR BLOQUER OU FAIRE SAUTER EN PLUS LE GOUVERNEMENT. ON A VU CE QU'ONT FAIT TOUS CES TRAITRES/PARJURES QUI ONT TRAHI LEUR SIGNATURE ,SOLIMAN LE MINIFIQUE COMPRIS 2 ANNEES PLUS TARD EN FAISANT SAUTER LE GOUVERNEMENT FANTOCHE DE SAAD HARAKIRI.TRAITRES/PARJURES UN JOUR TRAITRES/PARJURES TOUJOURS A QOUI SERVENT LES ASSURANCES ,LES GARANTIES,LES PROGRAMMES LES PROMESSES DE LA PART DE GENS QUI NE PEUVENT RESPECTER LEURS ENGAGEMENTS? TRAITRES/PARJURES UN JOUR TRAITRES/PARJURES TOUJOURS CELUI ESSAIE L'ESSAYE DOIT AVOIR L'ESPRIT DERANGEE ET QUE LES KATAEB NE S'INVENTENT PAS DE MINABLES PRETEXTES COMME LE BLAGUE DES "ASSURANCES"POUR JUSTIFIER LEUR LACHE SOUMISSION DEMISSION CAPITULATION DEVANT LE DIKTAT SYRO/SAOUDO/IRANO/AMERICAIN D'ELIRE SOLIMAN LE MINIFIQUE SOUS PEINE D'EXIL OU DE CHANTAGE A LA VOITURE PIEGEE. AU LIEU DE TOURNER DANS LE VIDE QU'ILS PRESENTENT LEUR CANDIDAT NEUTRE D'HONNETES GENS COMME RIAD SALAME OU SALAH HONEIN QUI JOUIT EN PLUYS DE TOUTE LA CONFIANCE DU BEC DE MOUKHTARA.

    Henrik Yowakim

    16 h 05, le 19 décembre 2015

  • UN REFUT DES KATAEB DE METTRE UN VETO SUR LE MERCENAIRE DU REGIME SYRIEN EST UN AVEU DE LEUR FAIBLESSE. ON LAISSE FAIRE.

    Gebran Eid

    14 h 27, le 19 décembre 2015

  • J'ÉTAIS DE CET AVIS AUSSI... MAIS LA LOGIQUE DEVANT PRÉVALOIR... JE CROIS QUE HARIRI A FAIT UNE JUSTE DÉMARCHE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    13 h 11, le 19 décembre 2015

  • Courageux mais pas téméraire, on ménage le choux et la chèvre

    yves kerlidou

    09 h 27, le 19 décembre 2015

  • DEMANDER AU NOUVEAU PRÉSIDENT DES GARANTIES POUR UN CAMP AVANT SON ÉLECTION C'EST LUI DEMANDER ET ACCEPTER INDIRECTEMENT AUSSI QU'IL EN DONNE À L'AUTRE CAMP... MESSIEURS... LA LOGIQUE DEVRAIT PRÉVALOIR... LES SOUHAITS ET LES MOTS VIDES NE PAIENT PAS !

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 44, le 19 décembre 2015

  • 2005-2015. Dix ans de crises politiques inextricables et interminables avec toutes les aberrations possibles : 1)milice armée Etat dans l'Etat sous l'ordre d'une puissance étrangère qui lui ordonne d'entrer dans des guerres à droite et à gauche et dont résulte la plus grande destruction du Liban; 2)multiples assassinats de notables figures d'élite politique, dont les auteurs restent connus-inconnus; 3)blocage et paralysie répétés du pays par l'humeur de chefs politiques irresponsables; 4)crise présidentielle anormale et qui débouche sur "la plus forte" candidature de l'ami préféré du petit Hitler de Damas et de son gang ! Il est certain que ces dix dernières années montrent clairement que l'Etat libanais est un "Failed State" et que le système politique qui le régit est un système invivable et suicidaire.

    Halim Abou Chacra

    05 h 37, le 19 décembre 2015

  • On n'est donc pas encore sortis de l'auberge-khâne de sitôt !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    03 h 58, le 19 décembre 2015

  • Élias Bou Saab, qui a réaffirmé hier la constante martelée par le CPL, à savoir que Michel Aoun reste « le candidat fort » dans la course présidentielle NORMAL QU AWOUN RESTE LE FAVORI DE LA COURSE PRESIDENTIELLE. APRES TOUT IL A FAIT LA COURSE PALAIS PRESIDENTIEL DE BAABDA /AMBASSADE DE FRANCE DE MAR TAKLA A UNE VITESSE VERTIGINEUSE. FORT DANS LE SPRINT UN JOUR,FORT DANS LA COURSE TOUJOURS.

    Henrik Yowakim

    02 h 25, le 19 décembre 2015

  • Ils essayent d'exister ces kataebs , mais qu'est ce que ça doit être dur pour eux .

    FRIK-A-FRAK

    01 h 51, le 19 décembre 2015

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