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La municipalité d'Islamabad critiquée pour discrimination contre des chrétiens

La municipalité d'Islamabad s'est attiré les foudres des défenseurs des droits de l'homme jeudi pour avoir écrit à un tribunal qu'elle démantelait les bidonvilles par peur que leur population chrétienne grandissante ne menace la majorité musulmane de la capitale pakistanaise.

L'Autorité de développement de la capitale (CDA), sa municipalité non élue, a lancé en 2014 une campagne d'élimination des bidonvilles et autres habitats illégaux dans la métropole aisée et arborée. Elle a fait valoir que ces quartiers -- appelés "katchi abadis" en ourdou -- dont la population est composée de nombreux chrétiens et réfugiés afghans, étaient des repaires d'extrémistes.

Cette campagne a fait des centaines de sans-abris, et déclenché des manifestations pour tenter d'empêcher les bulldozers de détruire les bidonvilles. Le parti des travailleurs Awami (AWP, gauche) a saisi la Cour suprême, qui a ordonné à la CDA de justifier par écrit ses actions.

Dans la réponse soumise à la Cour cette semaine -- dans un anglais très approximatif -- la municipalité s'inquiète du sort de la "majorité musulmane de la capitale", soulignant "il semble que ce rythme d'occupation des terrains par la communauté chrétienne pourrait augmenter".

Ce document a été critiqué par les défenseurs des droits de l'homme, qui ont manifesté dans la capitale contre cette stratégie "discriminatoire". Ammar Rashid, membre du AWP, a critiqué cette "intolérance dépassée envers les minorités et la classe ouvrière".

La municipalité en tant qu"entité administrative n'a aucun droit de prendre des décisions concernant la démographie religieuse d'Islamabad", a-t-il souligné. "Ces pauvres chrétiens dont la CDA a si peur sont ses propres employés, qui travaillent si dur afin que la ville reste propre", a déclaré à l'AFP Farzana Baari, une militante des droits de l'homme.

La plupart des chrétiens de la capitale sont des balayeurs de rue ou éboueurs, a-t-elle rappelé -- des emplois considérés comme inconvenants pour un musulman. "Bientôt il va falloir que les chrétiens aient des passeports pour vivre dans la capitale", a ironisé Shamoon Gill, un militant chrétien.

Conçue par l'architecte grec Constantinos Apostolou Doxiadis, Islamabad a été fondée en 1960 afin de doter le Pakistan d'une capitale moderne et fonctionnelle. Ses grands boulevards perpendiculaires dessinant des îlots d'habitation carrés en font une ville très différente des autres métropoles d'Asie du Sud, mais laissent peu de place aux classes populaires y travaillant comme domestiques ou ouvriers.

Les katchi abadis, qui occupent des recoins de la ville, sont composées d'habitats précaires en béton, briques et bâches, où habitent des dizaines de milliers de personnes qui n'ont pas les moyens de payer les loyers élevés de la ville. Il n'y a pas de statistique sur la religion des 530.000 habitants d'Islamabad, mais les défenseurs des droits de l'homme estiment que la population chrétienne compte environ 50.000 personnes.

La municipalité d'Islamabad s'est attiré les foudres des défenseurs des droits de l'homme jeudi pour avoir écrit à un tribunal qu'elle démantelait les bidonvilles par peur que leur population chrétienne grandissante ne menace la majorité musulmane de la capitale pakistanaise.
L'Autorité de développement de la capitale (CDA), sa municipalité non élue, a lancé en 2014 une campagne...