« Assez de marchés véreux », martèle Michel Moawad

Pour la 26e commémoration de l'assassinat du président René Moawad (élu le 5 novembre 1989, assassiné dans un attentat à la voiture piégée le 22 novembre), une messe a été célébrée hier en la cathédrale Saint-Jean-Baptiste, à Zghorta, par l'évêque du lieu, Boulos Abdel Sater. L'occasion pour son fils, Michel Moawad, de relever certaines des constantes défendues par son père. Des constantes qui lui ont également coûté la vie.
« Pourquoi le président René Moawad nous rassemble-t-il encore, 26 ans après son absence ? » s'est interrogé Michel Moawad, qui a pris la parole à l'issue de la cérémonie religieuse. Et d'expliquer : « Parce qu'il a défendu ses convictions chéhabistes. Parce que, à travers sa présidence et son sacrifice, il a incarné l'État fort qui, seul, peut nous rassembler tous, nous intégrer et nous protéger. L'État fort, voilà l'unique projet commun susceptible de rassembler tous les Libanais. »
« Le président Moawad a refusé de se soumettre et l'a payé de sa vie, a ajouté son fils. C'était un président fort, comme l'atteste le témoignage de tous les Libanais et de tous ceux qui sont présents ici aujourd'hui, à quelque horizon qu'ils appartiennent. C'était un président fort, en dépit du fait qu'il n'était pas à la tête du plus grand bloc parlementaire, qu'il n'était pas le plus populaire, qu'il n'avait pas non plus de milice et ne portait pas des armes. Il était fort parce qu'il a incarné un Liban fort, souverain, libre, indépendant ; il était fort parce qu'il a incarné un État fort, un État qui refuse de se laisser prendre au jeu des axes ; un Liban qui défend fermement ses frontières, qui a l'exclusivité de l'usage de la force armée, et de la décision de guerre et de paix, un État qui respecte sa Constitution et non une formule supposée être consensuelle qui chapeaute la Constitution : un État qui jouit d'un prestige intouché, et qui étend son autorité et celle de la loi sur tous les Libanais – aussi puissants soient-ils – et à toutes les régions:, l'État des instituions, de la transparence, de la modernité, et non pas celui de la corruption et de la paralysie. Un État démocratique où une majorité gouverne et une minorité exerce l'opposition, et non un conseil de tribus qui se partagent un butin qui comprend même les déchets, un État qui respecte son peuple, et qui rétablit le lien de confiance entre gouvernants et gouvernés. »
« Assez de paris et d'aventures. Ce sont les propres paroles du président René Moawad. Et j'aimerais ajouter : assez de marchés véreux, a conclu Michel Moawad. Il est temps d'élire un président de la République capable qui incarnerait, en nous rassemblant tous, le Liban fort. J'ai souvent entendu des gens dire:"C'était une chance pour le Liban, dommage qu'elle se soit perdue" (...). Cessons de nous lamenter sur le passé, de peur que nous en arrivions au jour, qui pourrait ne pas être si lointain, où nous dirons "dommage" en parlant du Liban. »
M. Moawad ainsi que sa mère, Nayla Moawad, et les familles des militaires et des gardes du corps qui ont péri avec lui dans l'attentat avaient, avant la cérémonie religieuse, reçu les condoléances des présents.