Nadia Magre, exemple type du courage de la femme libanaise

Pendant les sombres années de la guerre, trois immeubles éclairés avaient l'air de défier les « orgues de Staline » qui sifflaient avec un bruit caractéristique en s'abattant sur Achrafieh. Ces immeubles, grâce à un homme merveilleux, héros de guerre, Samy Geammal, étaient parmi les premiers à être équipés de groupes électrogènes. Ainsi, ils étaient devenus la cible privilégiée des fameuses « orgues de Staline ». Un dépôt souterrain de tableaux libanais contemporains servait alors d'abri à ces immeubles.
Un jour que les bombardements avaient duré pendant d'interminables heures, celle que nous appelions notre « ange gardien, car sans elle, son humour et sa générosité nous n'aurions jamais pu traverser cette terrible guerre, Nadia Sultanem Magre, prend la parole, dans l'abri bondé : « Hey ya jameha, vous n'en avez pas assez de contempler tous ces tableaux ? Yalla, levez-vous, j'ai dans mon frigidaire quelques bottes de persil qui s'ennuient, on va faire un tabboulé ! » Les orgues de Staline sifflaient toujours au-dessus de nos têtes, mais nous nous sommes tous levés et nous avons suivi Nadia dans son 2e étage qui nous paraissait plus protégé, et tradition libanaise oblige, nous avons eu bien plus qu'un tabboulé pour dîner.
Que Dieu t'aie en sa sainte grâce notre chère Nadia, exemple type du courage des femmes libanaises.

Josette SALEH