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Moyen Orient et Monde - Crise des réfugiés

L’UE critique la Turquie sur les droits de l’homme, mais poursuit le dialogue sur les migrants

Bruxelles déplore de « graves reculs » dans un rapport présenté hier, notamment en termes de liberté d'expression.

« S’il le veut, Erdogan peut ouvrir les vannes et laisser venir des centaines de milliers de réfugiés en Europe », a affirmé récemment un diplomate européen. Aris Messinis/AFP

L'Union européenne a critiqué hier le bilan en matière de droits de l'homme et les « graves reculs » de la liberté d'expression en Turquie, dans un contexte d'exode sans précédent de migrants vers l'Europe, passant notamment par la Turquie.
« Sur l'année écoulée, des manquements significatifs ont touché l'indépendance de la justice, ainsi que la liberté de réunion et la liberté d'expression », a déclaré le commissaire à l'Élargissement, Johannes Hahn, en présentant devant le Parlement européen le rapport annuel sur les progrès de la Turquie vers une adhésion à l'UE. Le rapport de la Commission « souligne la tendance générale négative pour le respect de l'État de droit et des droits fondamentaux », et appelle le nouveau gouvernement turc à « répondre à ces priorités urgentes ». Bruxelles déplore de « graves reculs » depuis deux ans en ce qui concerne la liberté d'expression et de réunion, à la suite de la répression contre les manifestations antigouvernementales de 2013. M. Hahn regrette aussi « les pressions et intimidations de journalistes et de médias, ainsi que les amendements de la loi sur Internet qui permettent de bloquer des contenus médiatiques » sur la Toile, alors que la Turquie compte un nombre record de journalistes emprisonnés et que les autorités ont récemment pris le contrôle de plusieurs chaînes de télévision critiques du pouvoir.
Les critiques sont « injustes et même disproportionnées », a immédiatement réagi le ministère turc des Affaires européennes, qualifiant en outre d' « inacceptables » les commentaires sur les pouvoirs exercés par le président islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan. Le ministère souligne aussi que le gouvernement avait fait adopter plusieurs réformes pour renforcer un pouvoir judiciaire « indépendant et objectif » et la liberté d'expression en général. Mais il a également affirmé prendre note des « critiques justes et raisonnables » de Bruxelles.
La publication de ce rapport était initialement prévue début octobre mais elle a été reportée d'un mois, tant la question était sensible, en pleine crise migratoire et pour ne pas interférer avec les élections législatives du 1er novembre, remportées par le parti d'Erdogan. En effet, la Commission européenne a proposé à Ankara le 6 octobre un « plan d'action » afin d'endiguer les départs de milliers de réfugiés depuis les côtes turques pour gagner, via les îles grecques en mer Égée, le continent européen. « Nous partageons des opportunités et des défis communs, comme la crise des réfugiés le montre malheureusement », a relevé M. Hahn.

« La main d'Erdogan »
Ce dernier devait se rendre hier après-midi en Turquie avec le vice-président de la Commission européenne, Frans Timmermans, pour poursuivre les négociations sur les migrants. Celles-ci sont une priorité absolue pour Bruxelles, qui veut reprendre le contrôle des frontières extérieures de l'UE et ralentir l'afflux de réfugiés et de migrants qui traversent les Balkans pour venir frapper à la porte des pays du nord du continent, à commencer par l'Allemagne. Mais le gouvernement d'Ankara fait monter les enchères. Il réclame trois milliards d'euros d'aide humanitaire pour les deux millions de réfugiés syriens et irakiens qu'il accueille sur son territoire, des avancées sur la question des visas Schengen pour les ressortissants turcs et l'ouverture de plusieurs chapitres dans les négociations d'adhésion, qui piétinent depuis des années. « Les Européens sont un peu obligés de manger dans la main d'Erdogan », reconnaissait récemment un diplomate européen. « Il peut, s'il le veut, ouvrir les vannes et laisser venir des centaines de milliers de réfugiés en Europe », observait-il.

(Source : AFP)

L'Union européenne a critiqué hier le bilan en matière de droits de l'homme et les « graves reculs » de la liberté d'expression en Turquie, dans un contexte d'exode sans précédent de migrants vers l'Europe, passant notamment par la Turquie.« Sur l'année écoulée, des manquements significatifs ont touché l'indépendance de la justice, ainsi que la liberté de réunion et la liberté...
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L'UN N'EMPÊCHE PAS L'AUTRE...

LA LIBRE EXPRESSION

19 h 11, le 11 novembre 2015

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Commentaires (2)

  • L'UN N'EMPÊCHE PAS L'AUTRE...

    LA LIBRE EXPRESSION

    19 h 11, le 11 novembre 2015

  • Les gouvernements qatari et turc sont responsables des récentes violences dans la région en Syrie, selon la revue américaine "National Interest". Dans une analyse commune publiée par "National Interest", deux experts internationaux Giorgio Cafiero et Daniel Wenger ont affirmé que la turquie et le qatar restent déterminés à soutenir les bacteries afin de renverser le gouvernement de Bachar mais que leurs efforts extrarégionaux n'auront aucun résultat compte tenu de la présence russe dans la région pour lutter contre daech. Giorgio Cafiero et Daniel Wenger ont écrit dans leur analyse qu'en dépit des frontières communes syro-turques et les soutiens financiers du qatar visant à prolonger l'émeute contre l'armée syrienne, il est pourtant irréaliste d'imaginer la victoire de l'axe daech/turquie/qatar dans le reversement du gouvernement syrien. "La présence militaire de la Russie, de l'Iran et du Hezb et la lutte contre les ennemis du gouvernement d'Assad empêchent le renforcement du rôle d'ankara et de doha dans ce conflit.", estiment ces deux analystes qui se sont penchés ensuite sur les soutiens apportés par ces deux pays aux bact de la région et qui ont créé des problèmes en Egypte, à Gaza, en Syrie et en Tunisie. L'analyse défend ainsi qu'au lieu de consacrer de telles sommes considérables à l'armement des opposants syriens et des terroristes, la région pourrait utiliser de cette grande alliance turco-qatarie pour venir en aide aux populations.

    FRIK-A-FRAK

    14 h 23, le 11 novembre 2015

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