La tenue de la séance législative convoquée par le président du Parlement libanais, Nabih Berry, pour jeudi et vendredi restait suspendue mercredi à la position des composantes chrétiennes qui n'était toujours pas arrêtée à la suite des réunions de la journée.
Les partis chrétiens s'opposent à la tenue d'une séance législative avant l'élection d'un président de la République. Ils posent deux conditions à leur participation à une session parlementaire placée sous le signe de la législation de nécessité : l'inscription à l'ordre du jour d'une nouvelle loi électorale et d'une proposition de loi sur la restitution de la nationalité aux émigrés libanais.
Berry droit dans ses bottes
Face aux objections des pôles chrétiens qui agitent le chiffon rouge du respect du Pacte national en cas d'absence de leurs représentants lors de la séance, Nabih Berry a pris la parole. "C'est moi qui a créé la question du Pacte mais celle-ci prend tout son sens en l'absence d'une composante tout entière du pays", a-t-il indiqué. Faisant valoir que "le Parlement a le droit de légiférer, même à l'ombre de la vacance présidentielle", M. Berry a cependant assuré avoir pris en compte "les sensibilités du pays".
Dans un entretien paru lundi, le président de la Chambre avait adopté des positions similaires. "La conformité au Pacte national, telle que je la perçois, et conformément à la Constitution, consiste en la présence de députés de toutes les confessions, lors de cette séance (...)", avait-il indiqué, précisant que "si la majorité absolue (65 voix) est assurée lors de cette séance, elle sera suffisante (pour voter les lois à l'ordre du jour)".
Mardi, le Premier ministre Tammam Salam a assuré qu'il soutenait la tenue de la séance législative "dans le cadre de la législation de nécessité". "Le pays a besoin que le travail de la Chambre des députés et du Conseil des ministres se réactive afin de gérer les affaires quotidiennes des citoyens, loin des conflits politiques qui ont fait obstruction à l'élection d'un président de la République", a déclaré M. Salam.
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Nouvelle réunion CPL-chrétiens du 14 Mars
Du côté des chrétiens, le chef du bloc du Changement et de la réforme, Michel Aoun, a réitéré, à l'issue de la réunion hebdomadaire de son bloc parlementaire, sa volonté d'introduire le projet de nouvelle loi électorale à l'ordre du jour des prochaines séances législatives.
"Nous voulons introduire la loi électorale et personne ne peut nous l'interdire", a déclaré M. Aoun depuis Rabieh, estimant que l'ordre du jour tel qu'il est prévu pour les séances du 12 et 13 novembre "ne comprend pas des sujets importants". "Nous allons prendre des mesures demain dans la journée", a-t-il poursuivi. "Nous réclamons nos droits, une loi basée sur la proportionnelle protègerait tout le monde", a également estimé le général Aoun.
Plus tôt dans la journée, une deuxième réunion regroupant des représentants du Courant patriotique libre, des Forces libanaises, du Courant du Futur et des députés chrétiens indépendants s'est tenue au Parlement, dans le centre-ville de Beyrouth, au cours de laquelle les discussions sur le projet de loi sur le recouvrement de la nationalité qui figure à l'ordre du jour de la séance se sont poursuivies. Une rencontre similaire avait eu lieu la veille.
"Les discussions se déroulent dans un esprit de sérieux", a indiqué le député CPL, Ibrahim Kanaan, à l'issue de cette réunion. "Nous espérons aboutir à une position commune sur la proposition de loi sur la restitution de la nationalité aux émigrés libanais", a-t-il poursuivi, exprimant l'espoir que "la situation se clarifie d'ici à demain".
Le député CPL, Alain Aoun, a indiqué qu'une troisième rencontre aura lieu mercredi.
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Gemayel et Frangié affichent leurs désaccords
Malgré ces signes encourageants, de véritables divergences existent, reflétées par les positions exprimées par le président des Kataëb, Samy Gemayel, et le chef du courant Marada, Sleimane Frangié, à l'issue de leur rencontre à Bickfaya.
"Nous sommes d'accord avec les FL et le CPL sur le fait que cette séance ne doit pas avoir lieu. La législation en l'absence d'un président est anticonstitutionnelle", a souligné M. Gemayel, écartant toute idée de compromis. Assurant que "la situation impose une coordination entre toutes les composantes", M. Gemayel a estimé que "la seule issue aux problèmes en cours consiste en l'élection d'un président de la République", indiquant qu'une initiative commune en ce sens pourrait être avancée en coordination avec M. Frangié.
"L'épée du blocage"
De son côté, le chef du courant des Marada a déclaré qu'il respectait la position de M. Gemayel sur la séance législative, précisant toutefois que "des échéances financières nous attendent avant la fin de l'année". Il a par ailleurs indiqué qu'il était prêt à voter pour "une loi électorale représentant équitablement les chrétiens".
Enfin, le bloc parlementaire du Hezbollah a indiqué dans un communiqué publié mardi qu'il déployait des efforts pour parvenir à une "entente positive" concernant la séance législative, appelant "tous les blocs à avoir une approche (envers la séance) conforme à l'intérêt national".
Quant au bloc parlementaire du Futur, il a assuré qu'adopter les projets de lois prévus à l'ordre du jour de la prochaine séance législative protègera le Liban et préservera sa stabilité.
"L'issue certaine qui réglera les crises libanaises actuelles est l'élection d'un président de la République (...) et cela ne se fait qu'en levant +l'épée du blocage+ utilisée par le Hezbollah, soutenu par son allié, le Courant patriotique libre", peut-on lire dans le communiqué du bloc du Futur qui a dans ce contexte appelé les députés à se rendre demain au Parlement et d'élire un chef de l'État.
Le bloc en outre a affirmé "l'importance des projets et propositions de lois introduites à l'ordre du jour de la prochain séance législative". "Adopter ces lois intervient dans le cadre de la législation de nécessité parce cela permet de préserver la stabilité financière et celle du pays en général", estiment les parlementaires du Futur.
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Les partis chrétiens s'opposent à la tenue d'une séance législative avant l'élection d'un président de la République....
Oui, OK, mais que fait-on de ces "déchets et de ces ordures".... alentour ? !
19 h 54, le 10 novembre 2015