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Coup double

En ces temps de mondialisation, peu de pays échappent au fléau du terrorisme. Il y a longtemps déjà que le nôtre ne fait plus partie de ces happy few, et ce n'est pas la guerre de Syrie qui a arrangé les choses, comme le montraient une fois de plus les explosions des deux derniers jours à Ersal. Unique, au demeurant, est le cas d'un État libanais fuyant de toutes parts, qui a pour politique officielle de se tenir à distance de ce conflit, mais dont certaines composantes prennent une part on ne peut plus active aux combats.

Guère plus enviable cependant est le dilemme auquel doivent faire face des nations considérablement mieux armées à tous points de vue. Cibles de prédilection, elles sont tenues de relever le gant avec les formidables moyens qu'elles possèdent ; las, toute cette vigueur ne décourage pas pour autant les terroristes, bien au contraire. Si, comme tout porte à le croire, devait se confirmer la thèse de l'attentat à la bombe dans le crash du charter russe ramenant des vacanciers de Charm el-Cheikh, Moscou aurait renoué avec cette lancinante question, alors que n'est même pas définitivement clôturée sa sanglante partie de ping-pong avec les indépendantistes tchétchènes.

Au départ, les périls inhérents à la campagne aérienne russe contre les radicaux islamistes de Syrie étaient aussi divers que prévisibles : risque d'enlisement graduel, risque aussi de susciter l'animosité d'un monde arabo-musulman majoritairement sunnite, risque d'agitation encore dans les républiques ex-soviétiques et musulmanes du Caucase.

Or de toutes ces menaces, c'est apparemment celle d'une féroce attaque terroriste qui se sera avérée la plus pressante et immédiate. Attaque la plus douloureuse en fait, puisqu'elle atteint la Russie dans ce qu'elle a de plus vulnérable et de plus précieux à la fois, à savoir sa population civile, pas tout à fait guérie encore de son syndrome afghan. Attaque la plus humiliante aussi, puisque le flamboyant tsar, qui a gaillardement imprimé son rythme aux combats de Syrie, pourrait très vite faire figure de colosse aux pieds d'argile.

Toutes proportions gardées, c'est dans une situation similaire que se retrouvait l'autre colosse, l'américain, lors de l'épouvantable 11-Septembre. Assez curieusement d'ailleurs, c'est contre une variante de ce style d'attentat tombant fâcheusement du ciel et qui viserait ses effectifs stationnés en Syrie qu'affirme se prémunir l'état-major russe en déployant subitement, dans ce pays, des systèmes de missiles antiaériens.

Cela dit, non moins catastrophiques sont, pour l'Égypte, au double plan politique et économique, les retombées du drame de Charm el-Cheikh. Rapatriements fiévreux de touristes, annulations de vols et autres mesures de précaution internationales ne manqueront pas d'affecter une industrie touristique vitale pour le pays et qui, cependant, ne cessait de s'essouffler depuis le renversement de Hosni Moubarak et les soubresauts qui l'ont suivi. Au plan politique, Abdel-Fattah al-Sissi, avec toute sa poigne de militaire de carrière, apparaît comme un président incapable de contrôler un Sinaï écumé par les terroristes.

Comble de déveine, cette peu flatteuse image, c'est durant une visite officielle à Londres qu'il l'offrait : Londres qui, le tout premier, a décrété finies – et mal finies – les vacances en mer Rouge...

Issa GORAIEB
igor@lorientlejour.com

En ces temps de mondialisation, peu de pays échappent au fléau du terrorisme. Il y a longtemps déjà que le nôtre ne fait plus partie de ces happy few, et ce n'est pas la guerre de Syrie qui a arrangé les choses, comme le montraient une fois de plus les explosions des deux derniers jours à Ersal. Unique, au demeurant, est le cas d'un État libanais fuyant de toutes parts, qui a pour...