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Moyen Orient et Monde - Grèce

À Lesbos, les volontaires réclament plus de moyens pour empêcher les naufrages

Migrants et réfugiés entassés dans un train sont acheminés de Grèce vers la Serbie. Nikolay Doychinov/AFP

« C'est fou ici, nous manquons de moyens de secours et d'équipement médical » : comme de nombreux volontaires sur l'île grecque de Lesbos, Essam Daod est hanté par les images de naufrages qui ont fait des dizaines de morts ces derniers jours. Les vents violents qui soufflent ces dernières semaines ont rendu la traversée des migrants depuis les côtes turques proches encore plus risquée.
Se sentant abandonnés par les autorités grecques et les instances européennes, les bénévoles s'organisent souvent seuls, avec les moyens du bord, pour accueillir les réfugiés qui débarquent tous les jours par milliers dans le nord de l'île, à Skala Sikamia.
« Nous n'avons pas assez de bouteilles d'oxygène et il n'y a que deux ambulances sur Lesbos », déplore Essam Daod, bénévole au sein de l'ONG IsraAid.
Arrivé il y a trois semaines sur l'île, ce médecin palestinien soigne quotidiennement de nombreuses familles naufragées qui parviennent à gagner la côte. La semaine écoulée a été particulièrement éprouvante pour les bénévoles, avec une vingtaine de victimes mortes noyées au large de l'île. « Quand tu es médecin, ton but est de sauver des vies. Alors, quand tu en perds une, tu te sens coupable, tu fais des cauchemars... » raconte, les larmes aux yeux, Essam Daod. « L'image du petit Aylan (l'enfant syrien de 3 ans noyé début septembre sur une côte turque) a fait le buzz, mais les six corps de petits enfants que j'ai vus sur la plage ces derniers jours, personne ne semble s'en soucier désormais », ajoute-t-il. Selon Amy Shrodes, venue du Michigan (États-Unis), « la plupart des volontaires à Lesbos ne font pas partie d'une grande ONG, ils viennent d'eux-mêmes aider, émus par les images qu'ils ont pu voir dans les médias ». « Heureusement, les habitants de l'île aident beaucoup aussi », ajoute-t-elle. C'est le cas d'Alexandra S., une étudiante de Mytilène, chef-lieu de l'île, qui offre nourriture et boissons chaudes aux réfugiés frigorifiés qui viennent de s'extirper de leurs canots. « La mairie n'est malheureusement pas assez active, les autorités sont désorganisées. Les volontaires sont seuls dans cette partie de l'île », soupire-t-elle.

« Six mille réfugiés » par jour
Pour sa part, le maire de l'île, Spiros Gallinos, se défend de faire tout ce qui est en son pouvoir pour améliorer la situation : « Nous sommes plus organisés actuellement qu'en été, mais nous attendons toujours plus d'aides de nos partenaires européens. Nous le rappellerons à (Martin) Schultz cette semaine », dit-il en faisant allusion à la visite prévue du président du Parlement européen à Athènes et Lesbos dans les prochains jours. « La mairie met beaucoup d'énergie et dépense beaucoup d'argent pour gérer l'afflux de réfugiés », assure Spryros Galinos. « Mais tous nos efforts sont insuffisants. Comment voulez-vous qu'une petite île puisse s'occuper seule des 6 000 réfugiés qui arrivent quotidiennement sur ses côtes ? » poursuit-il.
Depuis quelques semaines, ProActiva Open Arms, un groupe de secouristes professionnels espagnols équipés notamment de deux jet-skis, prêtent main-forte aux secours. Gerard Canals, le chef de la mission sur place, explique que « les gardes-côtes grecs sont débordés, ils reçoivent beaucoup d'appels et ne peuvent répondre à tous malgré tous leurs efforts ». « Nous sommes là en renfort. Mais nous avons besoin de plus de ressources, l'État grec mais surtout l'Union européenne devraient faire plus », estime-t-il. « Pourquoi en arrive-t-on là ? Nous devrions assurer à ces réfugiés une voie sûre pour rejoindre l'Europe, ils ne devraient pas mettre leur vie en danger », souligne-t-il.
Essam Daod dénonce aussi l'absence sur le terrain de grandes organisations comme l'Onu, tout en soulignant que des tentes et des couvertures ont été offertes par le Haut-Commissariat de l'Onu pour les réfugiés (HCR).
Marina RAFENBERG/AFP

« C'est fou ici, nous manquons de moyens de secours et d'équipement médical » : comme de nombreux volontaires sur l'île grecque de Lesbos, Essam Daod est hanté par les images de naufrages qui ont fait des dizaines de morts ces derniers jours. Les vents violents qui soufflent ces dernières semaines ont rendu la traversée des migrants depuis les côtes turques proches encore...

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