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À La Une - Repère

Incinération des déchets : les avantages et les inconvénients

Ignorant une décision prise le 30 octobre par le juge des référés du Metn, Ralph Karkabi, la municipalité de Dhour Choueir a installé un incinérateur sur un terrain de Aïn el-Sindiané. Cette installation avait été programmée à l'initiative d'un ministre, Élias Bou Saab, et d'un ancien ministre, Fady Abboud.

Dans cette affaire, le litige porte sur l'utilisation du terrain, puisqu'une partie des copropriétaires n'ont pas approuvé l'installation de l'incinérateur et porté plainte. Une plainte qui a entrainé la décision du juge des référés.

Mais au-delà du caractère légal de l'affaire, l'installation de l'incinérateur, alors que le Liban est plongé dans une terrible crise des déchets depuis la mi-juillet, repose la question des avantages et inconvénients de ce type d'installation dans le traitement des ordures ménagères.

L'Orient-Le Jour fait le point. (Les éléments avancés ci-dessous sont tirés de deux articles de L'Orient-Le Jour et du Commerce du Levant).

 

 

Les avantages de l'incinération :

- L'incinération est appropriée pour gérer les déchets dans les zones urbaines, où les sites de décharges sont très difficiles à trouver. Un point qui a son importance dans un petit pays comme le Liban, avec une forte pression foncière, en particulier dans le grand Beyrouth. Les déchets étant brûlés, il n'est pas nécessaire de les stocker et de les traiter pendant de longues années.

 

- Le processus d'incinération peut permettre de produire de l'énergie. Selon la société danoise Ramboll, auteur en 2012 d'une étude sur l'implantation d’incinérateurs pour le compte du gouvernement libanais, une tonne de déchets peut en moyenne être convertie en 1,5 MWh de chaleur et 0,5 MWh d'électricité. Un avantage donc, mais qui ne réglerait pas le problème de l’électricité au Liban. "On estime que 1,5 million de tonnes de déchets incinérés (la totalité des déchets libanais est estimée à 2 millions de tonnes/an) pourraient produire 125 MW d'électricité. Or le Liban produit actuellement 1 500 MW et manque de 1 000 MW", précisait Karim Osseiran, dans les colonnes du Commerce du Levant (CDL) en mai dernier.

 

- Les émanations rejetées par les installations modernes d'incinération sont bien en deçà des normes mondiales.

 

 

Les inconvénients de l'incinération :

- "L'incinérateur n'est pas adapté à un pays comme le Liban, qui produit plus de 50% de déchets organiques, avec une forte humidité", expliquait en mai dernier Raja Noujeim, coordinateur général de la coalition civile contre la politique du gouvernement pour le traitement des déchets, au CDL. Les déchets organiques, très riches en eau, font baisser la température du four. Donc pour maintenir la température, l'incinérateur aurait besoin de déchets à forte valeur calorifique, comme le plastique.

 

- Conséquence du premier point, miser sur l'incinération a un impact très négatif sur le recyclage, car les incinérateurs doivent brûler de grandes quantités de déchets variés pour fonctionner. "Cela risque tout simplement de tuer la filière recyclage et tous les emplois qui vont avec", déplorait Fadi Gemayel, président de l'Association des industriels du Liban et PDG de Solicar, une entreprise de recyclage de carton, dans les colonnes du CDL.

 

- Le budget pour équiper le Liban en incinérateurs est lourd. "La construction d'un incinérateur de déchets coûte sept à huit fois plus cher qu'une centrale électrique. Pour un incinérateur de déchets, il faut compter au minimum sept millions de dollars par MW produit, soit 700 millions de dollars pour un gros incinérateur pouvant produire 100 MW", expliquait, en mai dernier, Karim Osseiran, conseiller au ministère de l'Énergie.

 

- L'incinération est une stratégie extrêmement centralisée, profitant à un petit groupe de personnes, contrairement au système de tri et de recyclage, dont les bénéfices se répartissent sur un grand nombre de personnes, rapportait-on dans ces colonnes en juillet dernier.

 

- L'incinération est polluante et source d'émanations de dioxine (gaz cancérigène), même dans ses versions les plus modernes. Le Liban ne pourrait jamais se conformer aux standards internationaux des émanations produites par les incinérateurs, estimait, en outre, la président de Byblos Ecologia, Fifi Kallab, interrogée, en juillet dernier, par L'Orient-Le Jour.

L'incinération produit, enfin, des cendres toxiques, qu'il faut stocker dans une décharge remplissant des critères très spécifiques. L'Europe ne compte que deux décharges de ce type à titre d'exemple.

 

- L'installation d'incinérateurs est longue, nécessitant quatre ans en moyenne, affirmait, en juillet dernier, le président de Green Line Ali Darwiche à L'OLJ.

 

 

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