Il y a à peu près deux mois, les ambassadeurs russes dans les pays de la région ont été convoqués à une réunion à Moscou en présence du ministre des Affaires étrangères Serguei Lavrov. Quelle n'a été la surprise de ces ambassadeurs de voir le président Vladimir Poutine apparaître devant eux et commencer à parler après les avoir salués. Selon le récit d'un des présents, le président russe aurait donc annoncé aux ambassadeurs dans les pays de la région que la Russie compte s'impliquer dans la guerre en Syrie et en Irak et, par conséquent, les ambassadeurs en place devront jouer un rôle primordial pour expliquer et accompagner la décision russe et aussi pour tenter de convaincre les récalcitrants, les hésitants et ceux qui émettent des réserves. Le président Poutine aurait ensuite lancé : « Je voulais vous annoncer la nouvelle et maintenant je laisse le ministre Lavrov vous en expliquer les détails. . À partir de cet instant, les diplomates russes installés dans les pays de la région ont commencé à expliquer à leurs interlocuteurs locaux que l'intervention russe dans la guerre en Syrie est une question stratégique pour Moscou et il ne s'agit nullement d'une manœuvre ou d'une décision improvisée et susceptible d'être modifiée.
Les diplomates russes ont aussi expliqué que leur pays ne peut pas accepter une menace terroriste à ses frontières et, par conséquent, participer à la guerre en Syrie est un moyen de stabiliser la Russie et la région du Moyen-Orient. De plus, la décision des autorités russes a été prise en totale coordination avec l'Église russe qui considère que l'affaiblissement des minorités dans la région du Moyen-Orient est un coup pour elle. En même temps, des contacts similaires ont été établis avec des responsables américains et européens, sans parler des autres pays de la région comme la Turquie, la Jordanie et l'Arabie saoudite. En d'autres termes, nul ne peut prétendre que la décision russe de s'impliquer dans la guerre en Syrie a été une surprise. Les diplomates et les responsables russes en avaient informé leurs principaux interlocuteurs dans le monde et dans la région. Si certains n'ont pas réalisé l'ampleur de la décision, ce n'est donc pas faute d'avoir été prévenus. Les Russes n'ont pas, par conséquent, envoyé leur aviation en Syrie et les équipes destinées à protéger les avions et les équipages pour se retirer rapidement ou pour laisser sur place un travail inachevé. Selon un expert militaire russe, il s'agit effectivement de créer une nouvelle réalité sur le terrain syrien quitte à négocier ensuite une solution politique. Mais il n'est pas question de laisser les groupes terroristes prendre le contrôle du pays ou continuer à circuler librement entre la Syrie et l'Irak.
L'expert russe précise que les autorités de son pays ont écouté les critiques qui leur ont été faites de ne pas discuter avec les groupes modérés de l'opposition syrienne, mais ils ont découvert, tout en préparant leur opération militaire en Syrie, que ces groupes étaient inexistants sur le terrain. Celui-ci serait donc contrôlé par Daech et al-Nosra et les groupuscules qui évoluent dans leur orbite. Et avec ceux-là, aux yeux des Russes, aucun dialogue n'est possible, tout comme il y a une impossibilité d'accepter une sorte de réhabilitation du Front al-Nosra après lui avoir fait « un lifting de modération ».
L'offensive russe viserait donc à briser les groupes extrémistes pour éliminer la menace terroriste islamiste qui pèse sur la Russie mais aussi sur l'ensemble de la région. Selon l'expert militaire précité, la frontière syro-libanaise est pratiquement sécurisée et ne constitue pas un espace poreux qui permet d'approvisionner les groupes extrémistes en armes et combattants. Il en est pratiquement de même avec la frontière syro-jordanienne, depuis que la Jordanie a décidé de fermer autant que possible ses frontières et de ne plus laisser les aides aux combattants passer par elle. Dans ce contexte, le véritable danger viendrait donc de la frontière entre la Syrie et la Turquie. C'est donc par là que l'offensive aérienne russe a commencé dans le but de boucler cette frontière et d'empêcher ainsi l'afflux d'armes, de combattants et de munitions. Cette décision met toutefois un terme au plan turc de créer une zone tampon dans le nord de la Syrie qui abriterait les 2 millions de réfugiés syriens installés en Turquie et permettrait à la Turquie d'avoir un rôle direct et une carte de pression en Syrie. C'est pour cette raison que les avions russes ont commencé par violer l'espace aérien turc dans un message clair aux autorités de ce pays de ne pas entraver l'action russe. Après quelques protestations et des déclarations musclées de la part de l'Otan, la Turquie s'est tue.
Même chose chez les Américains qui, après avoir protesté, multiplient désormais les réunions de coordination avec les militaires russes et finalement laissent les avions russes faire leur travail sans être dérangés. Reste l'Arabie qui, tout en affirmant ne pas vouloir que la Syrie devienne un califat islamiste, ne cache pas sa désapprobation de l'offensive russe. Des sources proches du 8 Mars affirment que le royaume wahhabite aurait décidé de riposter à l'intervention russe au Liban en réactivant les dissensions confessionnelles. Pour ces sources, ce n'est pas un hasard si les ulémas sunnites libanais ont pratiquement lancé des menaces aux Russes alors qu'un minibus transportant des membres du Hezbollah a été attaqué sur la route de Chtaura (sans toutefois faire de victimes)... De plus, il est de nouveau question, dans les médias, d'un retour aux tentatives de déstabiliser le Liban. Qu'il s'agisse de simples analyses ou d'informations crédibles, le Liban est plus que jamais dans la tourmente régionale. Même si les services de sécurité, eux, se veulent rassurants, affirmant que la situation sécuritaire est sous contrôle.
Lire aussi
Selon Moscou, la présidentielle reste tributaire d'un rapprochement entre Riyad et Téhéran, l’éclairage de Philippe Abi-Akl
Si seulement la logique de cet article correspondait à une réalité....bref le pire est à venir... désormais Poutine a poussé tous les opposants de Bachar dans les bras de Daesch...la guerre continue continuera et ne finira pas... les affaires des vendeurs d' armes fleurissent également... les iraniens ayant de l argent maintenant .... ils vont payer la note russe
01 h 13, le 17 octobre 2015