D'où viennent les pick-up Toyota, qui semblent souvent flambant neufs, à bord desquels les jihadistes de l'Etat islamique paradent en Syrie, en Irak et en Libye?
Telle est la question que se pose le Département du Trésor des Etats-Unis, rapportait, cette semaine, la chaîne de télévision américaine ABC News.
Pour tenter d'y répondre, les autorités américaines ont contacté le constructeur d'automobiles japonais qui, s'il a fait part de son soutien à l'enquête, ne semble pas avoir d'informations sur le sujet.
"Nous soutenons l'enquête du Département du Trésor américain, qui se penche plus largement sur les chaînes d'approvisionnement internationales et les flux de capitaux et marchandises au Moyen-Orient", a affirmé Toyota dans une déclaration transmise à l'AFP. "Toyota a une politique stricte qui consiste à ne pas vendre de véhicules à des acheteurs qui pourraient les utiliser ou les modifier à des fins d'activités paramilitaires ou terroristes", explique le géant de la région de Nagoya (centre). "Nous avons établi des procédures (...) dans le but d'empêcher nos produits d'être détournés en vue d'une utilisation militaire non-autorisée", mais "il est impossible pour un constructeur de contrôler les filières indirectes ou illégales via lesquelles nos véhicules" peuvent tomber entre de mauvaises mains, ajoute le fabricant qui a vendu l'an dernier au Moyen-Orient plus de 820 000 véhicules.
Les pick-up de Toyota, de même que des automobiles similaires conçues par Mitsubishi Motors, Isuzu ou Hyundai, sont particulièrement prisés par les rebelles et armées à travers le monde du fait de leur extrême robustesse et leur longue durée de vie.
D'après des responsables du contre-terrorisme américain interrogés par ABC, les jihadistes semblent avoir un faible pour les modèles Hilux et Land cruiser de la marque japonaise.
"Malheureusement, les modèles Hilux et Land Cruiser de Toyota sont effectivement devenus un élément de la marque EI", a déclaré à ABC Mark Wallace, ancien ambassadeur américain aux Nations unies et responsable de l'ONG américaine Counter Extremism Projet. "L'EI utilise ces véhicules pour des activités de type militaire et des activités terroristes", a ajouté M. Wallace, précisant que les Toyota apparaissent dans presque toutes les vidéos de l'EI.
Alors que Toyota affirme ne plus vendre directement de véhicules en Syrie depuis 2012, il semblerait que la filière d'approvisionnement des jihadistes passe par l'Irak. Selon ABC, les ventes de Hilux et de Land Cruiser ont été multipliées par trois dans ce pays entre 2011 et 2013.
L'attrait des Hilux pour les groupes rebelles remontent à la fin des années 60. "Le Hilux de Toyota est partout", déclarait à Newsweek, en 2010, Andrew Exum, ancien Army Ranger devenu chercheur au Center for a New American Security. "Ce véhicule est l'équivalent du AK-47. Il est omniprésent chez les groupes rebelles", ajoutait-il.
Les pick-up Toyota sont une arme répandue et puissante déclarait, au même média, Alastair Finlan, expert en études stratégiques à l'université britannique Aberystwyth University, parce qu'ils sont un "multiplicateur de puissance". Ils sont "rapides, manoeuvrables, très costaux et quand ils sont équipés d'une mitrailleuse, ils sont redoutables face à un véhicule légèrement blindé".
En 2006, la célèbre émission britannique Top Gear avait soumis un Hilux diesel de 18 ans à une série d'épreuves : véhicule avait été envoyé contre un arbre, immergé dans l'océan pendant cinq heures, soumis à toutes sortes d'impacts et incendié... Après ce traitement, le véhicule roulait toujours.
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commentaires (4)
Évidemment des "TOYOTA" ! Ils n'allaient tout de même pas compter sur des Trabant ou des Lada ; yâ hassratâââh !
ANTOINE-SERGE KARAMAOUN
09 h 41, le 10 octobre 2015