Le collectif "Nous réclamons des comptes" a haussé le ton mardi, annonçant, lors d'un sit-in devant le siège du ministère de l’Énergie et de l'Eau à Beyrouth, le début d'un "affrontement ouvert" avec la classe dirigeante qu'il accuse de corruption.
Vers 8h, des dizaines de manifestants se sont assis à même le sol, à l'entrée du siège du ministère, réclamant une solution à la situation délétère du secteur de l’Énergie, caractérisé par une alimentation catastrophique en électricité et en eau qui dure depuis la fin de la guerre civile.
Certains manifestants ont brandi le slogan "une seule facture, non deux", en allusion aux factures des générateurs privés que paient les Libanais afin d'assurer le complément de courant électrique. Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), plusieurs fonctionnaires du ministère ont rejoint les manifestants, estimant que leurs demandes sont légitimes. "Je participe aujourd'hui à ce sit-in car je voudrais attirer l'attention des responsables sur la situation des fonctionnaires dont le salaire ne suffit pas à couvrir les dépenses de plus d'une semaine", a confié Amal Hadi, salariée à l'agence. Elle a appelé au vote de la nouvelle grille des salaires sans plus tarder.
La tension est brièvement montée lors du rassemblement, certains manifestants se heurtant aux forces de l'ordre et à des fonctionnaires qui s'opposaient au blocage de l'entrée au siège du ministère. Des vitres ont été brisées, mais les échauffourées ont rapidement été circonscrites.
Photo Ani
"Affrontement ouvert"
A l'issue du sit-in, à 11h, l'un des porte-parole du collectif à annoncé dans un communiqué un "affrontement ouvert" avec la classe dirigeante. "Face à cette situation délétère, et sachant que nous n'acceptons plus d'être sacrifiés sur l'autel de la corruption, nous sommes aujourd'hui dans un affrontement ouvert contre ces responsables pourris, contre la corruption. Toutes les options sont ouvertes", a-t-il martelé.
"Nous sommes fonctionnaires, et nous ne permettrons à personne de diviser nos rangs. Nous sommes en faveur du vote par le Parlement de la grille des salaires, et la crise de l'eau et de l'électricité est le résultat de la corruption de la classe dirigeante, responsable des maux des Libanais et du pays", a-t-il ajouté.
Dans le cadre de mesures inédites, Électricité du Liban (EDL) a récemment décidé de couper le courant alimentant le domicile de certains responsables politiques qui n'avaient pas réglé leurs factures. Le procureur général financier, le juge Ali Ibrahim, les avait également convoqués dans le cadre de l'enquête.
Le porte-parole du collectif a en outre estimé que "le secteur souffre de carences structurelles. Les propriétaires de générateurs privés quant à eux brisent le dos des Libanais, au moment où cinq ampères de courant sont facturés jusqu'à 200.000 livres libanaises par mois". "Nous réclamons des comptes" a ainsi demandé de mettre un terme au "gaspillage, à la corruption", et à "sanctionner les voleurs et les corrompus". Le groupe a insisté sur la nécessité d'appliquer "un plan durable afin de régler la crise de l'électricité et de l'eau", notamment par la construction de barrages. Il refuse dans ce contexte la privatisation, qu'il considère comme "le moyen le plus facile en vue de voler les deniers publics".
Et de conclure : "Nous ne nous tairons plus, dorénavant, face à la corruption. Nous ne sommes pas concernés par les négociations avec cette classe pourrie, et tout dialogue avec elle ne reflète pas les positions de notre mouvement". Le collectif a enfin appelé à manifester une nouvelle fois devant le siège du ministère de l’Énergie et de l'Eau, samedi prochain, sans préciser l'heure du rassemblement.
Pour mémoire
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commentaires (4)
LA MANIFESTATION AURAIT DÛ ÊTRE DEVANT LA MAISON DU GENDRISSIME... AVEC LES PHOTOS DES BATEAUX TURCS ET LE 1.2 MILLIARDS DE DOLLARS !!!
LA LIBRE EXPRESSION
11 h 52, le 30 septembre 2015