Barack Obama et Vladimir Poutine ont trinqué ensemble hier lors d’une brève cérémonie à l’Onu. Mais le cœur n’y était pas. Handout/United Nations/Amanda Voisard/AFP
La scène a lieu à New York. Les principaux acteurs sont américains, russes, iraniens et français. Aucun Arabe ne peut se targuer d'avoir obtenu un rôle important. Le sujet concerne pourtant l'épicentre géopolitique du monde arabe depuis plus de quatre ans, là où se joue une guerre par procuration entre les puissances régionales et mondiales : la Syrie.
La 70e Assemblée générale des Nations unies était très attendue, en vue de trouver un règlement à la crise syrienne. Il est peu dire qu'elle n'aura pas permis de poser les jalons d'une future solution. Malgré leurs intérêts communs à combattre l'organisation État islamique (EI) et à éviter l'effondrement du régime syrien, Occidentaux, Russes et Iraniens ont campé sur leurs positions respectives.
Le président américain Barack Obama a ouvert le bal en dénonçant les stratégies russes et iraniennes visant à soutenir « un tyran qui massacre des enfants innocents ». Quelques minutes plus tard, il affirmait pourtant que les États-Unis étaient prêts à travailler avec tous les pays, y compris « l'Iran et la Russie » en vue de régler la crise syrienne. Comment alors dépasser leurs divergences de point de vue quant au sort réservé au président syrien Bachar el-Assad ?
Le discours de M. Obama n'a pas apporté de réponse à cette question. Pas plus que celui du président russe, Vladimir Poutine. Sur la défensive, ce dernier a critiqué la politique américaine dans la région et a affirmé qu'il fallait coopérer avec les forces armées du régime qui sont, selon lui, les seules à « combattre réellement l'État islamique et d'autres organisations terroristes en Syrie ». Il a aussi présenté officiellement son projet de grande coalition, incluant notamment Moscou, Téhéran, Bagdad et Damas, pour combattre l'EI. L'idée des Russes est d'amener les Occidentaux et les Arabes à rejoindre cette coalition, ce qui permettrait notamment de redonner une légitimité au régime de Damas, de briser l'isolement de Moscou sur la scène internationale et d'affirmer sa position au Proche-Orient. Si l'offensive diplomatique de Moscou a incité les puissances occidentales à dulcifier leur position, et à envisager que M. Assad pourrait faire temporairement partie d'une transition politique, les discours des présidents américains et français ont été hier nettement plus mesurés.
Paris à l'offensive
À l'offensive, le président français François Hollande a estimé que la formation de cette coalition était « possible, souhaitable et nécessaire » mais qu'elle devait avoir pour base les négociations de Genève, ce qui implique le départ du président syrien et la mise en place d'un gouvernement de transition doté des pleins pouvoirs. Autrement dit, malgré ses récentes frappes aériennes contre l'EI en Syrie, Paris affirme ne pas avoir changé de position depuis 2012. Après son discours, M. Hollande a même indiqué qu'il examinerait la proposition de la Turquie et de la coalition syrienne de créer une zone d'exclusion aérienne dans le nord de la Syrie. Une option pourtant rejetée par Washington, Moscou, Téhéran et évidemment par Damas.
Sur un ton plus apaisé, le président iranien, Hassan Rohani, a annoncé un « nouveau chapitre » entre la République islamique et la communauté internationale. Un signe encourageant, compte tenu de l'implication de Téhéran en Syrie, mais qui ne donne pas davantage d'informations sur les moyens de mettre un terme à cette crise.
Américains, Russes, Iraniens et Français ont campé sur leurs positions sans proposer de nouvelles solutions. Engagés sur le terrain, Téhéran et Moscou disposent d'un avantage dans la mesure où ils pèsent directement sur le rapport de force. Mais leur stratégie de réhabilitation du régime Assad se heurte, pour l'instant, à la fermeté occidentale. Chacun des acteurs a tenté d'imposer son jeu mais aucun ne semble prêt à lâcher du lest pour trouver un compromis concernant le sort du président syrien.
À terme, les discussions pourraient entériner une sorte de coopération militaire notamment entre Washington, Moscou et Téhéran pour combattre l'EI – coopération qui existe déjà de manière tacite entre Téhéran et Washington en Irak. C'est ce que laissaient entendre les premières informations après l'entretien entre M. Obama et M. Poutine. Mais il est difficile de comprendre en quoi celle-ci permettrait de trouver une issue à la crise syrienne. Autrement dit, à défaut d'une solution politique incluant les sunnites, ce nouveau ballet diplomatique pourrait bien ressembler à un retour à la case départ.
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commentaires (7)
qui est l unique responsable des conflits du moyen orient?la dictature islamiste d iran et son imperialisme voulant controler les pays arabes tels que irak syrie et liban par l i ntermediaire de dictateurs de la minorite chiite contra la majorite sunnite.
HABIBI FRANCAIS
15 h 01, le 29 septembre 2015