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Culture - Photographie

Retours au pays dans un vide photogénique

À l'Institut français, une jeune photographe libanaise expose une série de clichés pris lors de ses retours au Liban, qu'elle a quitté en 2011. « Au retour » est un récit en images, à découvrir jusqu'au 30 septembre 2015.

L’envers du décor d’une carte postale.

L'exposition est introduite par un prologue écrit par la photographe: «Si jamais vous faites le trajet Paris-Beyrouth, la meilleure partie est l'atterrissage. Ou la descente en mer. Littéralement. La piste débute avec la Méditerranée à ses trousses. Si vous ne voyez pas la terre vous pouvez très bien croire que l'avion va se transformer en épave maritime. (...) Beyrouth commence à se dresser devant vous, mutilée par ses immeubles, vieux tout devant, modernes à l'arrière et des collines complètement défigurées tout au fond. Je me demande pourquoi ça me manquait. Tout me semble vide.»
Le vide, oui, parce que ses images ne cadrent pas, dans leur composition, avec ce que l'on attend d'une photographie: un sujet, un paysage, un portrait... Non, ici il n'y a que des espaces en friches, des zones désaffectées, des territoires urbains anonymes. Loin des photographies de carte postale. L'envers du décor. «La réalité non photographiée, telle qu'elle nous accablerait»: c'est ainsi que Clara Abi Nader définit ce qu'elle capte à travers son appareil. Et pourtant, il faut bien distinguer ses photos de l'esthétique de la ruine traumatique, symptomatique au Liban. Ce n'est pas un travail d'esthétisation de la guerre, mais un parcours des ruptures, des inadéquations, des no man's land qui marquent le paysage quotidien au Liban.

Entre béton et asphalte
Les couleurs sont saturées, créant un effet doré, chaud, pareil à un éclairage de fin d'après-midi, ou à un gros plan sur une surface liquide. Des bleus impénétrables, opaques et dont la surface apparaît, sans profondeur, matérialisent l'épaisseur de la mer. Dans d'autres images, le blanc et la grisaille décolorent le décor. Comme ces pas laissés dans la neige, dernières traces d'un passage humain dans ces paysages désertiques. Peu de place pour des portraits dans ces clichés. Mais la présence humaine s'infiltre indirectement, dans le silence ou l'assourdissant brouhaha que commentent les images. Ces infimes événements sonores, ou visuels, déclenchent des narrations potentielles. Un paquebot avance sur une fine bande de mer, intercalée entre un pont d'autoroute en béton et l'asphalte. Une vue à travers un hublot d'avion, de l'ombre des nuages sur l'océan. Un amas de gravas, des poutres au bord d'une route. Cinématographique, la série articule autant de séquences d'une histoire en cours. Dans le cadre décalé d'un Liban à la beauté anticonformiste.
Clara Abi Nader a étudié à l'Académie libanaise des beaux-arts, avant de quitter Beyrouth pour Paris. Elle a gagné le premier prix de l'Institut français et le deuxième du Festival Photomed en 2015.

 

Pour mémoire
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L'exposition est introduite par un prologue écrit par la photographe: «Si jamais vous faites le trajet Paris-Beyrouth, la meilleure partie est l'atterrissage. Ou la descente en mer. Littéralement. La piste débute avec la Méditerranée à ses trousses. Si vous ne voyez pas la terre vous pouvez très bien croire que l'avion va se transformer en épave maritime. (...) Beyrouth commence à se...

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