Le chef du bloc du changement et de la réforme, Michel Aoun, a dénoncé mardi une tentative de vider la Syrie de sa population, mettant en garde contre ce qu'il estime être un complot contre le Liban.
"Y a-t-il une tentative de vider la Syrie de sa population ? le gouvernement libanais doit répondre de cela", a martelé le leader maronite à l'issue de la réunion hebdomadaire de son bloc à Rabieh. Et d'ajouter : "Pourquoi les naissances syriennes ne sont-elles pas enregistrées auprès de l'ambassade syrienne ?"
Selon Michel Aoun, il y a "une détermination européenne et internationale à faire porter au Liban le plus grand fardeau de la crise des réfugiés syriens". "Nous sentons l'odeur d'un grand complot. Cette densité de population, le Liban ne peut plus la supporter", a-t-il martelé. Il a fait remarquer dans ce contexte que "beaucoup de jeunes Libanais émigrent" en raison de cette situation.
"Nous mettons en garde tout le monde, et d'abord le chef de l'Eglise maronite (le patriarche Bechara Raï), sur le danger qui nous menace, notamment au niveau politique", a ajouté le chef sortant du Courant patriotique libre (CPL). "Nous avons besoin d'un président qui défende le pays et les droits des Libanais, et qui combatte la corruption. On nous traite de racistes, mais nous ne laisserons pas le complot passer. Nous ne laisserons pas faire ceux qui veulent naturaliser les réfugiés palestiniens ou syriens".
Un terreau fertile pour le terrorisme
Plus tôt dans la journée, le ministre des Affaires étrangères, Gebran Bassil, avait estimé que "la crise des réfugiés syriens a accentué la pression sur les institutions libanaises".
"La seule façon de résoudre cette crise est que les réfugiés retournent dans les régions sûres de Syrie, montrent leur attachement à leur pays", a souligné le ministre aouniste au cours d'une conférence de presse tenue avec son homologue brésilien.
Par ailleurs, le chef de la diplomatie libanaise a mis en garde contre la difficulté d'identifier les réfugiés et les terroristes dans cet afflux de migrants, expliquant que "ce grand nombre de migrants constitue un terreau fertile pour le terrorisme". "La menace du terrorisme est internationale et nécessite une réponse internationale", a-t-il affirmé.
En outre, M. Bassil a mis en garde contre le risque posé par l'entrée d'un aussi grand nombre de déplacés en Europe, ce qui pourrait déséquilibrer l'identité européenne, soulignant la nécessité de préserver la diversité culturelle au Liban, "en dépit des tentatives de mettre à mal cette diversité politique et démographique".
Les mises en garde de MM. Aoun et Bassil interviennent au lendemain de la visite surprise du Premier ministre britannique, David Cameron, au Liban et au cours de laquelle il a annoncé de nouvelles aides aux camps de réfugiés syriens afin de tenter d'éviter un nouvel afflux en Europe.
M. Cameron, qui a rencontré des réfugiés syriens dans un camp de la vallée de la Békaa, a annoncé le doublement des fonds aux écoles libanaises, à 20 millions de livres (27 M EUR) par an durant les trois prochaines années, pour les aider à faire face à l'afflux d'enfants syriens.
Début septembre, M. Cameron avait annoncé le déblocage de 100 millions de livres (136 M EUR) supplémentaires pour faire face à la crise humanitaire, portant l'aide totale britannique à un milliard de livres (1,36 milliard EUR). Environ 60% de ces nouveaux fonds seront octroyés aux agences de l'Onu et aux organisations non gouvernementales travaillant directement en Syrie tandis que les 40% restants iront à celles aidant les réfugiés au Liban, en Jordanie et en Turquie, a détaillé lundi le gouvernement britannique.
La visite de M. Cameron au Liban devançait celle prévue du président français François Hollande, qui a l'intention d'y visiter un "camp de réfugiés" après l'Assemblée générale des Nations unies à New York à la fin septembre, en marge de laquelle se tiendra une conférence internationale de soutien au Liban.
La plupart des quatre millions de réfugiés syriens ont été accueillis dans les pays voisins, dont plus d'1,1 million au Liban. Selon le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), il y a également 1,9 million de réfugiés syriens en Turquie, 629.000 en Jordanie, 250.000 en Irak, 132.000 en Egypte et 24.000 en Afrique du Nord. Près d'un demi-million sont arrivés depuis le début de l'année sur le territoire de l'Union européenne.
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commentaires (8)
Dieu vous garde Général ainsi que toutes les forces de résistance pour empêcher le pire . Votre conscience et votre abnégation nous serons d'un grand secours .
FRIK-A-FRAK
17 h 58, le 16 septembre 2015