Pour le principal opposant au pouvoir russe Alexeï Navalny, « la région de Kostroma remporte la première place en termes de fraudes électorales ». Dimitry Serebryakov / AFP
Les électeurs russes se sont rendus aux urnes hier dans 42 des 85 régions administratives du pays pour des élections régionales qui devaient confirmer l'emprise du parti pro-Kremlin Russie Unie.
À 20h heure de Moscou (17h GMT), les bureaux de vote des 42 « sujets » de la Fédération de Russie – républiques, régions, territoires – ont fermé leurs portes. Ces élections régionales, auxquelles étaient conviés plus de 59 millions de Russes, devaient permettre d'élire 21 gouverneurs, 11 Parlements régionaux et 23 administrations municipales, parfois simultanément. Pour rappel, si le parti d'opposition modéré Iabloko a pu présenter 1 500 candidats à travers la Russie – mais un seul pour briguer le poste de gouverneur – le parti Parnas de MM. Navalny et Kassianov n'a pu présenter que deux candidats à Kostroma, dans le centre du pays, les commissions électorales ayant refusé d'enregistrer les autres.
Les résultats devraient être annoncés aujourd'hui, mais le parti d'opposition Parnas, codirigé par le principal opposant au pouvoir russe Alexeï Navalny et l'ancien Premier ministre Kassianov, les a déjà qualifiés de « faussés ». « Pendant toute la journée des élections, des fraudes massives ont eu lieu », a affirmé M. Kassianov sur le réseau social Twitter tandis que M. Navalny assurait que « la région de Kostroma remporte la première place en termes de fraudes électorales ».
La tension est montée d'un cran à Kostroma lorsqu'une petite cinquantaine de policiers sont entrés dans les locaux d'Open Elections, une branche du mouvement d'opposition Open Russia, fondé par l'ancien oligarque et dissident Mikhaïl Khodorkovski. Les militants d'Open Élections, dont la mission est de surveiller le bon déroulement du scrutin, ont affirmé avoir été enfermés dans leurs propres locaux et avoir vu un homme armé. « Pourquoi (les policiers) ont besoin de paralyser leur travail si le décompte des votes se déroule de façon honnête ? Il n'y a qu'une seule réponse : apparemment, il se déroule de façon malhonnête et ils ont besoin d'expulser les observateurs hors des bureaux de vote », a dénoncé M. Navalny sur place auprès des journalistes. La police a affirmé de son côté avoir été appelée pour « un conflit entre citoyens », a rapporté l'agence Tass.
Le parti Parnas a déclaré un peu plus tôt avoir porté plainte pour 20 cas de fraudes à Kostroma, dont la population vote à la fois pour élire son gouverneur, le Parlement régional et l'administration municipale. Et hier soir, l'ONG Golos, qui surveille les élections en Russie, dénombrait près de 1 600 cas de fraudes à travers le pays. La commission électorale nationale annonçait avoir reçu 60 plaintes.
La campagne électorale des deux candidats de Parnas à Kostroma aura été difficile : l'un d'eux a été brièvement interpellé et un militant a été frappé lors d'un rassemblement. Les candidats de Parnas ont également été accusés de servir les intérêts des États-Unis dans un reportage diffusé par une chaîne de télévision locale. Le parti n'avait pas réussi à attirer foule lors de ses rassemblements électoraux, a constaté une journaliste de l'AFP sur place : à l'un d'eux, à peine six vieilles dames écoutaient le candidat Ilia Iachine.
Tout comme le parti d'opposition libérale Iabloko, le parti Parnas avait peu de chances de remporter le scrutin : le parti au pouvoir Russie Unie était crédité de 44 % des votes à Kostroma, contre 1 % pour chacun des deux partis d'opposition, selon un sondage de l'institut VTsIOM. « J'ai voté pour Russie Unie car (le président russe Vladimir) Poutine a toujours raison », a ainsi affirmé à l'AFP Ioulia Radounina, une boulangère de 32 ans.
(Source : AFP)
IL NE FAUT POINT S'ÉTONNER... LE PAYS A SEULEMENT CHANGÉ DE NOM !
19 h 59, le 14 septembre 2015