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Moyen Orient et Monde - Arabie saoudite

L’extension effrénée de La Mecque critiquée après la chute d’une grue

« Les autorités ne se préoccupent pas du patrimoine, et elles se moquent de la santé et de la sécurité », accuse le cocréateur de la Fondation pour la recherche du patrimoine islamique basée dans la ville sainte.

Un ingénieur du groupe qui mène le projet d'agrandissement à La Mecque a rejeté les accusations de négligence. La grue avait été installée « de manière professionnelle » il y a « trois ou quatre ans », a-t-il déclaré, estimant que le drame relevait de la « volonté de Dieu ». Photo AFP

L'effondrement d'une grue qui a provoqué la mort d'une centaine de pèlerins à La Mecque met en lumière les risques liés à l'agrandissement effréné du premier lieu saint de l'islam, qui attire toujours plus de fidèles.
La grande mosquée est en chantier depuis des décennies, chaque monarque saoudien cherchant à laisser son empreinte sur le saint des saints de l'islam avec des travaux d'extension toujours plus gigantesques. Lancé il y a quatre ans par le défunt roi Abdallah, le nouveau chantier va agrandir de 400 000 m2 la superficie de la grande mosquée, l'équivalent de 50 terrains de football. Avec l'ambition d'y accueillir au même moment jusqu'à 2,2 millions de fidèles. Ce projet ne sera pas remis en cause par l'effondrement d'une immense grue qui a fait vendredi dernier 107 morts et 238 blessés de différents pays à quelques jours du hajj, le pèlerinage annuel à La Mecque, période de grande affluence sur le site religieux de l'ouest de l'Arabie saoudite.


Deux jours après le drame, le gouverneur de La Mecque, le prince Khaled al-Faïçal, a soumis hier au ministre de l'Intérieur, le prince Mohammad ben Nayef, « les résultats de l'enquête » ordonnée par le roi Salmane. L'agence de presse officielle SPA n'a pas précisé le contenu du rapport mais, selon des témoins, des vents violents soufflaient sur la cité au moment de l'accident. Pour l'heure, le gigantesque chantier, entouré d'une forêt de grues, se poursuivra sous le regard des fidèles car il n'est pas question d'interrompre les rituels du hajj annuel ou du petit pèlerinage, appelé omra, qui s'étale sur toute l'année.
Si les autorités présentent ces chantiers comme une nécessité devant l'accroissement continuel du nombre de pèlerins, certains critiquent la transformation de ce lieu saint en véritable « Manhattan ». « La Mecque n'est pas une cité ordinaire », souligne Irfan al-Alawi, cocréateur de la Fondation pour la recherche du patrimoine islamique basée à la Mecque. Il estime que les autorités ont fait preuve de négligence face au danger représenté par ces grues. « Elles ne se préoccupent pas du patrimoine, et elles se moquent de la santé et de la sécurité. » Un ingénieur du groupe qui mène le projet d'agrandissement a quant à lui rejeté les accusations de négligence. La grue avait été installée « de manière professionnelle » il y a « trois ou quatre ans », a-t-il déclaré sous le couvert de l'anonymat, estimant que le drame relevait de la « volonté de Dieu ».

 

La Mecque transformée
La pièce maîtresse du développement effréné de La Mecque est l'horloge géante qui domine la grande mosquée. D'un diamètre de 46 mètres chacun, les quatre cadrans de l'horloge composés de matériaux de haute technologie et lacérés d'or dominent de plus de 400 mètres le complexe religieux. La tour qui la soutient mesure 601 mètres, ce qui en fait le troisième bâtiment le plus haut du monde. Elle est flanquée d'un complexe de six tours, comprenant un hôtel de luxe et un énorme centre commercial. Les fidèles sont bombardés de slogans publicitaires et les lumières de la tour troublent leur quiétude, estime M. Alawi. La Mecque « perd de sa spiritualité », assène-t-il. « Ce genre d'ambiance n'existe pas autour du Vatican. Alors pourquoi le fait-on ici ? » Mais Charif al-Harthi, de la Chambre de commerce de La Mecque, défend la tour de l'horloge, y voyant « un point de repère pour La Mecque et pour l'ensemble du royaume ». Un autre responsable de la ville, Fahd al-Harbi, estime que l'objectif de la transformation de La Mecque, dont les nouveaux réseaux de transport, est de « faciliter le séjour des visiteurs ». Pour Abdallah Hasan, un Soudanais revenu à La Mecque après une absence de dix ans, les transformations de la ville sont positives en permettant aux pèlerins d'effectuer leurs rites « dans le confort ».
L'accident de la grue est le premier drame depuis 2006, lorsque 364 pèlerins étaient morts piétinés au cours d'un mouvement de panique. Le plus grave d'entre eux remonte à juillet 1990 avec le décès de 1 426 pèlerins, la plupart morts étouffés lors d'un mouvement de panique dans un tunnel mal ventilé.

Pour mémoire

Le pèlerinage aura lieu comme prévu malgré le drame à la Mecque

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