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À La Une - turquie

Les autorités turques lèvent le couvre-feu controversé imposé à Cizre

De violents combats opposent l'armée et la police turques aux combattants du PKK depuis plus d'une semaine dans ce fief rebelle.

Un combattant kurde à Cizre, au sud-est de la Turquie, le 28 août 2015. Photo d'archives Reuters

Les autorités turques ont annoncé vendredi la levée du couvre-feu très controversé imposé depuis huit jours aux habitants de Cizre (sud-est) en raison des combats meurtriers qui y ont opposé les forces de sécurité aux rebelles kurdes.

Totalement coupés du reste du pays, dans une situation humanitaire de plus en plus précaire, les quelque 120.000 habitants de la ville devraient à nouveau pouvoir y circuler librement et en sortir dès samedi à 7h00 locales (4h00 GMT), a indiqué le gouverneur de la province, Ali Ihsan Su.
"Nos forces de sécurité ont conclu avec succès leur opération contre l'organisation terroriste séparatiste", l'appellation retenue par Ankara pour désigner le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), a-t-il justifié.

Depuis plus d'une semaine, de violents combats opposent les forces de sécurité, armée et police, aux combattants du PKK dans les rues de plusieurs quartiers de la ville, frontalière de l'Irak, considérée comme un fief rebelle.
Jeudi, le ministre turc de l'Intérieur Selami Altinok a annoncé que ces affrontements avaient déjà causé la mort de 30 à 32 combattants du PKK et d'un civil. Le même jour, le principal parti prokurde de Turquie, le Parti démocratique des peuples (HDP), a évoqué un bilan de 21 civils tués, dont plusieurs enfants.
Aucun de ces chiffres n'a été confirmé de source indépendante.
Selon l'agence de presse kurde Firat News, deux mineurs ont encore été tués dans la nuit de jeudi à vendredi. Les médias turcs ont également rapporté que 4 policiers avait été blessés vendredi à Cizre par une attaque rebelle.

 

(Lire aussi : La Turquie ne peut venir à bout de la rébellion du PKK)

 

"Kobané turque"
Depuis plusieurs jours, le chef du file du HDP Selahattin Demirtas a dénoncé en termes très crus les violences exercées par l'armée et la police à Cizre. "Normalement, ceux qui violent un couvre-feu sont passibles d'une amende de 100 livres turques (30 euros). A Cizre, ils risquent la peine de mort et les exécutions", a déclaré vendredi M. Demirtas devant la presse. "Ceux qui s'aventurent dans les rues sont tués par des tireurs embusqués", a-t-il accusé.

Jeudi, il avait même comparé Cizre à une "Kobané turque", du nom de la ville kurde de Syrie dont le groupe jihadiste Etat islamique a vainement fait le siège jusqu'en janvier.

A grand renfort de photos et d'alertes diffusées sur les réseaux sociaux, de nombreux élus du parti prokurde ont agité la menace d'une catastrophe humanitaire dans la ville.
"Il n'y a ni à boire, ni à manger. Le peu d'eau qu'il y a est donnée aux bébés. Les gens sont en train de s'assécher (...) plus personne ne peut sortir pour aller chez son voisin", a témoigné vendredi Azad Karagöz, le président de l'association des médecins de la ville, dans le quotidien d'opposition Cumhuriyet.
Une délégation d'élus et de partisans du HDP, emmenée par M. Demirtas, qui voulait forcer le couvre-feu a été stoppée jeudi par la police à 20 km de Cizre.

Le commissaire du Conseil de l'Europe aux droits de l'Homme, Nils Muiznieks, a exigé vendredi à son tour l'entrée d'observateurs à Cizre, dénonçant des "interférences avec les droits de l'Homme" et le "black-out" imposé à la ville. L'ONG Amnesty International s'est elle déclarée "extrêmement préoccupée" et a demandé aux autorités de rétablir l'accès aux "services de première nécessité".

Depuis la fin juillet, les affrontements meurtriers ont repris entre l'armée et le PKK. Ils ont mis un terme aux discussions engagées en 2012 par le gouvernement d'Ankara avec les rebelles pour mettre fin à un conflit qui fait 40.000 morts depuis 1984.

Cette escalade a provoqué de vives tensions dans de nombreuses les villes du pays. Les locaux du HDP, dont son quartier général d'Ankara, y ont été la cible de manifestants favorables au président islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan qui accusent le mouvement de soutenir les "terroristes" du PKK.
Des élections législatives anticipées sont prévues le 1er novembre en Turquie.

 

 

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