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Moyen Orient et Monde - Turquie

Nouvelle offensive du régime d’Erdogan contre la presse

Six personnes arrêtées dans un vaste coup de filet de la police.

Des policiers turcs devant l’entrée du groupe Koza-Ipek, le 1er à Ankara. Adem Altan/AFP

Le régime du président turc Recep Tayyip Erdogan a remis la pression sur la presse à deux mois des législatives en s'attaquant à un groupe de médias proche de l'opposition.
Hier à l'aube, la police a en effet effectué un spectaculaire coup de filet contre des entreprises du groupe Koza-Ipek, une holding connue pour être proche de l'imam Fethullah Gülen qui dispose d'un groupe de presse et d'intérêts dans les secteurs de l'énergie et de la métallurgie. Selon l'agence de presse progouvernementale Anatolie, les forces de l'ordre ont perquisitionné dans les locaux de 23 sociétés appartenant à Koza-Ipek, dont les journaux Bugün et Millet, et la chaîne de télévision Kanaltürk, dans le cadre d'une enquête « antiterroriste ». Six personnes ont été arrêtées pendant cette opération, selon Anatolie.
Pour rappel, l'ancien allié de M. Erdogan, l'imam Gülen, qui dirige à partir des États-Unis un influent réseau d'ONG, de médias et d'entreprises, est devenu l' « ennemi public numéro 1 » de l'homme fort de la Turquie, qui l'accuse d'avoir bâti un « État parallèle » pour le renverser. Visé lui-même par un mandat d'arrêt, le patron du groupe Koza, Akin Ipek, actuellement à l'étranger, a catégoriquement nié toute activité illégale. « Si elle (la police) arrive à trouver un centime provenant d'activités illégales, je suis près à lui céder mon entreprise », a plaisanté M. Ipek sur les ondes de Kanaltürk.
L'opposition a immédiatement dénoncé les raids de la police. « Nous ne pouvons parler de démocratie dans un pays où la presse est réduite au silence », a réagi le chef de file de l'opposition social-démocrate, Kemal Kiliçdaroglu.
Cette nouvelle offensive intervient au lendemain de l'incarcération de deux journalistes britanniques de la chaîne d'informations sur Internet Vice News, qui couvraient les affrontements entre forces de sécurité et militants kurdes dans le sud-est de la Turquie. Tous deux ont été inculpés de « participation à des activités terroristes » pour le compte du groupe jihadiste État islamique (EI). Vice News a jugé ces accusations « sans fondement » et exigé leur libération immédiate.

« Mépris des médias »
« En détenant illégalement des journalistes étrangers, les autorités turques poussent leur mépris de la liberté des médias à un nouveau niveau », a fulminé de son côté Johann Bihr, de Reporters sans frontières (RSF).
Le pouvoir n'a joué « aucun rôle » dans cette arrestation et n'est « pas satisfait » de l'incarcération des deux reporters, a toutefois assuré hier une source gouvernementale.
Il y a quelques jours, le mystérieux Fuat Avni, la « gorge profonde » qui distille depuis des mois sur les réseaux sociaux des informations exclusives sur le pouvoir, avait annoncé la nouvelle offensive de la police contre les médias d'opposition. « Erdogan a ordonné de réduire les médias critiques au silence », a-t-il prévenu.
Cette opération intervient dans un climat particulièrement tendu, les violences ayant repris entre les forces armées et les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), et le président étant reparti en campagne électorale.
Selon M. Avni, les quotidiens Sözcü, Taraf et Cumhuriyet sont également dans la ligne de mire du président, tout comme le puissant groupe Dogan. Cumhuriyet, qui avait suscité l'ire du pouvoir en reproduisant en juin des photos qui suggéraient que la Turquie avait livré des armes au groupe EI, fait déjà l'objet de poursuites, tout comme les titres du groupe Zaman, proche lui aussi de l'imam Gülen. Dénonçant un harcèlement du gouvernement, Sözcü a paru hier sans ses éditoriaux habituels, remplacés par des colonnes blanches. L'Union européenne (UE) s'est dit « préoccupée » par les attaques contre la presse en Turquie.

(Source : AFP)

Le régime du président turc Recep Tayyip Erdogan a remis la pression sur la presse à deux mois des législatives en s'attaquant à un groupe de médias proche de l'opposition.Hier à l'aube, la police a en effet effectué un spectaculaire coup de filet contre des entreprises du groupe Koza-Ipek, une holding connue pour être proche de l'imam Fethullah Gülen qui dispose d'un groupe de presse...

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