La condamnation samedi de trois journalistes de la chaîne qatarie Al-Jazeera à trois ans de prison ferme en Egypte a provoqué samedi un tollé dans la communauté internationale qui appelle à leur libération en dénonçant un recul de la liberté d'expression.
Lors d'un nouveau procès, l'Australien Peter Greste, le Canado-égyptien Mohamed Fahmy et l'Egyptien Baher Mohamed ont été reconnus coupables par un tribunal du Caire d'avoir "diffusé de fausses informations" et travaillé sans les autorisations nécessaires en 2013.
"Déçu par la condamnation", le gouvernement canadien "continue de demander au gouvernement égyptien d'utiliser tous les moyens à sa disposition pour résoudre le cas de M. Fahmy et permettre son retour immédiat au Canada", a réagi la secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères, Lynne Yelich.
De son côté, la ministre australienne des Affaires étrangères Julia Bishop a exprimé sa "consternation" face à la décision de la justice égyptienne.
C'est "un revers pour la liberté d'expression en Egypte", a commenté l'Union européenne tout en assurant attendre "avec impatience le procès en appel". "Des médias libres, diversifiés et indépendants sont nécessaires dans une société démocratique et nous attendons que des mesures tangibles soient prises" pour le travail en toute sécurité des journalistes, a indiqué une porte-parole de l'UE.
(Lire aussi : L'Allemagne retient un journaliste vedette d'al-Jazeera recherché par l’Égypte)
"Je suis profondément préoccupé par les condamnations prononcées (samedi) contre des journalistes en Egypte", a indiqué le secrétaire d'Etat britannique aux Affaires étrangères Tobias Ellwood.
Pour sa part, le ministre néerlandais des Affaires étrangères Bert Koenders a appelé les "autorités égyptiennes à libérer les journalistes, à moins que les accusations ne soient justifiées". Il est "également important qu'une solution soit trouvée pour les journalistes qui ont été condamnés par contumace", a-t-il ajouté en évoquant notamment la journaliste néerlandaise Rena Netjes, co-accusée des journalistes d'Al-Jazeera et condamnée par contumace en 2014 à dix ans de prison.
La chaîne qatarie Al-Jazeera, qui entend faire appel de la condamnation, a aussi dénoncé "une attaque délibérée contre la liberté de la presse" et "une affaire politisée", promettant de tout faire jusqu'à ce que ses employés "soient libérés". Le directeur de l'antenne anglophone d'Al-Jazeera, Giles Trendle a pour sa part qualifié le verdict de "scandaleux et répugnant". "Nous sommes choqués", a-t-il ajouté.
"Scandaleux", c'est aussi le terme employé par Peter Greste pour qualifier ce verdict. Expulsé d'Egypte en février, il a été condamné samedi par contumace à 3 ans de prison comme ses deux collègues. "Nous n'avons rien fait de mal. Le parquet n'a présenté aucune preuve que nous avons commis une infraction, et être condamnés comme des terroristes sans aucun élément matériel est franchement scandaleux", a déclaré M. Greste. "Nous allons continuer à nous battre", a-t-il ajouté.
Selon le Committee to Protect Journalists (CPJ), au moins 18 journalistes, essentiellement accusés de faire partie des Frères musulmans, sont derrière les barreaux en Egypte.
Lire aussi
HRW dénonce des "violations flagrantes" des droits de l'homme en Égypte
Avec Sissi, la stabilité, mais jusqu'à quand et à quel prix...
Pro-Sissi, « l'opinion publique est disposée à tolérer certains abus »
Consciente de ses tabous, la jeunesse égyptienne se met à en parler
commentaires (3)
"La condamnation de journalistes en Égypte." ! A quand, celle de "ceux" Pseudos d'Al-Manâr ?
ANTOINE-SERGE KARAMAOUN
14 h 01, le 30 août 2015