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À La Une - France

Chantage contre le royaume du Maroc : deux journalistes français inculpés

Eric Laurent et Catherine Graciet se seraient vu verser "un acompte substantiel de 40.000 euros chacun".

La journaliste Eric Laurent (ici, en photo), comme sa consoeur Catherine Graciet, soupçonnés de chantage contre le royaume du Maroc, ont été laissés libres sous contrôle judiciaire. AFP PHOTO / PIERRE VERDY

Abandon d'un projet de livre contenant des informations supposées gênantes en échange de deux millions d'euros: deux journalistes français soupçonnés d'avoir fait chanter le royaume du Maroc ont été inculpés à Paris pour chantage et extorsion de fonds.

Eric Laurent et Catherine Graciet, qui préparaient un livre sur le roi du Maroc dont la sortie était prévue en début d'année prochaine selon les Editions du Seuil, ont été inculpés dans la nuit de vendredi à samedi, a affirmé à l'AFP une source judiciaire.
Les deux journalistes, auteurs de nombreux ouvrages notamment sur le Maroc, ont été laissés libres sous contrôle judiciaire. Celui-ci leur interdit notamment d'entrer en contact entre eux ou avec tout autre protagoniste du dossier.

Ils ont été interpellés jeudi à Paris et placés en garde à vue à la sortie d'un rendez-vous avec un représentant du Maroc au cours duquel "il y a eu remise et acceptation d'une somme d'argent", selon une source proche du dossier.

Pour l'avocat de Catherine Graciet, Me Éric Moutet, il y a bien eu un "deal financier". Mais, pour lui, celui-ci a eu lieu dans un "contexte très troublant": "Le royaume marocain a des comptes évidents à solder avec Catherine Graciet", a-t-il déclaré vendredi soir à l'AFP, en évoquant "un piège" dans lequel serait tombé sa cliente.

Début 2012, les deux journalistes avaient publié un livre accusateur contre Mohammed VI, "Le roi prédateur". L'édition du journal espagnol El Pais avait été interdite sur le territoire marocain le jour où le quotidien avait publié les bonnes feuilles du livre.

 

'Stratagème'
Selon le récit de l'avocat du Maroc, Me Eric Dupond-Moretti, l'affaire a débuté le 23 juillet quand le journaliste indépendant Éric Laurent, 68 ans, a contacté le cabinet royal et sollicité une rencontre en disant qu'il préparait un livre. Au cours d'un rendez-vous, il aurait proposé de renoncer à son projet monnayant trois millions d'euros.
Le Maroc porte alors plainte à Paris, où une enquête est ouverte. Dans ce cadre, des réunions ont été organisées, "des rencontres filmées, enregistrées, entre le représentant du roi" et les journalistes, selon Me Dupond-Moretti.

"C'est précisément l'avocat mandaté par le roi qui piège les journalistes par des enregistrements sauvages", a affirmé de son côté l'avocat de Catherine Graciet, jugeant qu'"il y a dans cette affaire une logique de stratagème".
Selon l'avocat du Maroc, au cours de ces réunions, les journalistes auraient accepté de transiger à deux millions d'euros et sont sortis du dernier rendez-vous, jeudi, avec "un acompte substantiel de 40.000 euros chacun".
Cette affaire rocambolesque intervient alors que les relations, souvent passionnées, entre le royaume chérifien et la France connaissent une embellie après plus d'un an de brouille provoquée par une autre affaire judiciaire, une enquête française portant sur des accusations de torture à l'encontre du chef du contre-espionnage marocain.


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