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Moyen Orient et Monde - Interview express

« Riyad recule devant la formation d’une armée qui l’implique de façon forte »

Trois questions à Christian Lochon, spécialiste du Moyen-Orient et ancien directeur des études du Cheam (Centre des hautes études sur l'Afrique et l'Asie moderne).

Le secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil al-Arabi, au sommet annuel de la Ligue arabe à Charm el-Cheikh en Égypte, le 29 mars 2015. Mohammad el-Shahed/AFP

La Ligue arabe a annoncé hier le report à une date indéterminée de la réunion ministérielle finale, initialement prévue aujourd'hui pour l'approbation de la création d'une force arabe commune, dont l'un des objectifs majeurs est le combat contre l'État islamique (EI). Le processus avait été lancé fin mars lors du sommet annuel de la Ligue arabe, sur insistance de l'Égypte. La Ligue avait alors donné quatre mois à ses États membres pour s'entendre sur la composition de cette armée conjointe et les modalités d'intervention. Le secrétaire général de la Ligue, Nabil al-Arabi, a finalement annoncé hier que la réunion a été reportée à « une date qui sera fixée ultérieurement », à la demande de l'Arabie saoudite, soutenue par Bahreïn, le Koweït, le Qatar, les Émirats arabes unis et l'Irak. Christian Lochon, spécialiste du Moyen-Orient, livre à L'Orient-Le Jour sa lecture du contexte politique régional dans lequel intervient cette décision.

Comment analysez-vous le contexte politique qui motive la décision saoudienne ?
Il y a plusieurs niveaux d'analyse. D'abord, les luttes d'influences au sein du nouveau gouvernement de Riyad, mais aussi l'expectative face aux implications de l'accord avec l'Iran. Les États-Unis doivent ménager Riyad et lui offrir des garanties. Un autre point est le fait que les États arabes ont beaucoup de mal à mettre sur pied une force qui implique un nombre important de troupes au sol pour affronter les membres de l'EI. Et c'est particulièrement le cas de l'Arabie saoudite qui est la plus engagée dans les combats terrestres. Les Saoudiens sont encore embourbés dans le conflit yéménite et en posture délicate ;
on peut donc comprendre leur hésitation à créer sur-le-champ une force commune qui mobiliserait leurs troupes alors qu'elles subissent des pertes conséquentes. Tout est imbriqué et dans le contexte actuel, Riyad recule devant la formation d'une armée qui l'implique de façon forte.

Comment expliquez-vous le fait que l'Irak soit également dans cette posture attentiste ?
Je l'analyse à la lumière du contexte actuel en Irak. Il y a une attente très forte par rapport au problème de succession au Kurdistan irakien qui représente un tiers de l'Irak. Maintenant, la question est de savoir qui va succéder à (Massoud) Barzani. Il y a également le double jeu de la Turquie qui, sous couvert du conflit avec l'EI, se lance dans une offensive contre les Kurdes. Si le front kurde venait à s'écrouler, ce serait d'autant plus dangereux que l'armée irakienne elle-même hésite à affronter l'EI. Ce sont des milices chiites encadrées par l'Iran qui font la guerre à Daech (acronyme arabe de l'EI).

Au-delà des objectifs déclarés de cette force commune, peut-elle constituer une alliance hostile à certains États et renforcer la ligne de fracture dans le monde arabe ?
Le problème est qu'aujourd'hui, il faut une armée interarabe contre Daech qui soit constituée de sunnites et de chiites ; il ne peut y avoir d'unité que lorsqu'on aura réintégré la composante chiite. Si l'on veut que cette armée soit soutenue par l'ensemble des gouvernements et des populations, elle ne peut comprendre dans ses rangs uniquement des généraux sunnites, cela risquerait d'entraîner des réactions d'hostilité. Je pense que c'est une dimension qui explique aussi la posture attentiste des États qui veulent retarder la mise sur pied de cette force. Plus on en retarde la création, plus on marque des points pour s'assurer aussi du soutien américain et obtenir des garanties sur ce plan après le rapprochement avec l'Iran.

 

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commentaires (1)

1)Comment pourrait la bensaoudie combattre ce qu'elle a créé avec la complicité de ses maîtres sionistes voleurs de terre ? 2) Faut pas donner à la bensaoudie plus d'importance qu'elle n'en a , sur le plan militaire elle n'a rien prouvé , ni au Yemen où elle se fait taper par des milices houtistes ni ailleurs . 3) La seule fonction des bensaouds c'est de payer des mercenaires et d'attendre les ordres des maîtres us/sionisés .

FRIK-A-FRAK

16 h 05, le 27 août 2015

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Commentaires (1)

  • 1)Comment pourrait la bensaoudie combattre ce qu'elle a créé avec la complicité de ses maîtres sionistes voleurs de terre ? 2) Faut pas donner à la bensaoudie plus d'importance qu'elle n'en a , sur le plan militaire elle n'a rien prouvé , ni au Yemen où elle se fait taper par des milices houtistes ni ailleurs . 3) La seule fonction des bensaouds c'est de payer des mercenaires et d'attendre les ordres des maîtres us/sionisés .

    FRIK-A-FRAK

    16 h 05, le 27 août 2015

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