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Lifestyle - Beyrouth insight

Kim Baraka yin et yang

Il est ce corps souple, pétri, imbibé par la danse classique. Évident au premier regard. Et puis cet esprit analytique, scientifique, aujourd'hui tourné vers la robotique. Évident aux premiers mots. Portrait(s) d'un jeune homme de 23 ans bien dans sa tête et dans sa peau.

Photo Lola Claeys Bouuaert

Il avait 7 ans à peine lorsqu'il découvrit, un peu par hasard, la magie d'une salle de danse. Son parquet en bois vieilli, sa poussière d'étoiles, ses rampes qui donnent des ailes, son immense miroir de l'âme. « C'était instinctif », confie-t-il. Instinctif cet amour de la scène, plus que de la danse. Un peu naturel, aussi. L'enfant d'alors est plutôt solitaire, rêveur. Il s'essaie au judo, au kung-fu. Rien n'y fait. L'appel des planches demeure insistant. « Je vous ai dit que je voulais faire de la danse », rappelle-t-il à ses parents qui finissent par comprendre. « Il y avait quelque chose dans ma détermination qui faisait que personne n'était étonné de mes choix. »

On l'inscrit à l'Académie Garzouzi. Deux ans de danse classique avant d'intégrer la méthode et les cours, plus modernes, de Nada Kano. « Le classique fait partie de mon éducation. Mon corps s'est formé à cette technique qui m'a permis de m'exprimer au mieux. Mais une fois qu'on connaît les règles, on apprend à les casser. »
Kim a la baraka. Sur scène, dans plusieurs spectacles de Nada Kano (À corps perdu, Beyrouth Ô Beyrouth, Un re(a)lating, Borderline), il apprivoise les planches, s'y glisse et y trouve sa place. « Je voulais faire plein de choses », poursuit-il. Il se mettra également à la guitare. Classique d'abord, électrique ensuite. Pour casser, là aussi, le moule bien établi et élargir la palette de ses possibilités. « Avec les années, j'ai changé. J'ai pris goût au travail quotidien, aux préparations à la scène. »

Vient alors l'heure des choix. Académiques d'abord. Il s'inscrit à l'AUB en génie électrique et informatique. Lorsqu'il décide de s'embarquer pour les États-Unis y faire un master en robotique au Robotics Institute de la Carnegie Mellon University, le temps lui manque. Il doit choisir. Briser cet équilibre, ce 50/50 qui partageait sa vie. « J'avais un grand intérêt, souligne-t-il, pour tout ce qui concerne la science, la conscience et l'avancement en technologie. J'ai hésité, j'étais tiraillé. Mais je savais que je n'allais pas me lancer dans une carrière de danseur. » Ce qu'il sait, pour sûr, c'est que son énergie, comme un parfait yin et yang, doit être « soit dans mon corps, soit dans ma tête ». Il placera l'essentiel dans sa tête, dans les recherches en robotique, tout en poursuivant la danse d'un rythme plus lent et moins contraignant. Pour nourrir son corps de ses émotions et ne pas oublier le goût de la scène qu'il retrouvera, peut-être, un jour.

Robot danseur
Dans cette université célèbre pour avoir inventé le concept d'intelligence artificielle, Kim Baraka est actuellement plongé dans des recherches qui le comblent intellectuellement et émotionnellement. « Nous travaillons sur la robotique sociale. Dans mon département, nous essayons de doter le robot d'une intelligence fonctionnelle mais aussi sociale. De lui créer une communication verbale ainsi que non verbale, de rendre l'interface sociale plus claire et plus intelligente. Moduler sa façon de s'exprimer, le rendre consistant et même surprenant et drôle. » CoBot, le robot sur lequel, avec lequel il travaille, devient ainsi un complice, presque une présence. Un double. « C'est un personnage qui est physiquement là, qui a un caractère et une intelligence. Bien moins effrayant que les films de science-fiction ont voulu le décrire... »

Cet été, Kim a même dansé avec un robot, qui répond au prénom de Bea, dans le cadre d'un projet de recherche qui développe le contact avec le robot, à partir de points corporels précis. Une manière pour lui, sans doute, d'unir ses deux amours. Rationaliser le premier et « sensualiser » le second, le rendre plus physique, plus dansant. Et surtout, établir avec ce compagnon de recherches un contact réel, même si, aime-t-il à rappeler et sans doute se le rappeler, « ça reste des machines ! ».

 

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Il avait 7 ans à peine lorsqu'il découvrit, un peu par hasard, la magie d'une salle de danse. Son parquet en bois vieilli, sa poussière d'étoiles, ses rampes qui donnent des ailes, son immense miroir de l'âme. « C'était instinctif », confie-t-il. Instinctif cet amour de la scène, plus que de la danse. Un peu naturel, aussi. L'enfant d'alors est plutôt solitaire, rêveur. Il s'essaie...

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